La liste des exceptions à la fermeture des commerces en fonction des pays dessine une géographie culturelle intéressante. Oui, cette phrase est d’une immense prétention pour dire juste que c’est marrant qu’en France on ait encore le droit d’aller chez le caviste, mais vous savez, nous, gens de lettres, on fait ce qu’on peut pour vous élever. Bref, vous allez voir, c’est cocasse.
En France, les cavistes restent ouverts
Il y a eu un flottement. « Commerces de première nécessité », qu’est-ce que ça pouvait bien vouloir dire ? Et le pinard dans tout ça ? Rapidement, la réponse est arrivée : oui, les cavistes restent ouverts. Le second arrêté, publié peu après la prise de parole d’Edouard Philippe sur la fermeture de tous les magasins non essentiels, précisait que les commerces de détail de boissons en magasin spécialisé (la novlangue ne s’invente pas) étaient considérés comme de première nécessité. Entre temps et sans doute pour faire plaisir à Macron qui incitait les Français à « lire des bons bouquins », Bruno Le Maire a expliqué qu’il souhaitait permettre l’ouverture des librairies, durement touchées par la crise avec la concurrence d’Amazon qui continue de livrer. Mais a priori ce n’est pas à l’ordre du jour. Le pinard oui, les bons bouquins moins.
En Pologne, ce sont les églises qui restent ouvertes
Sans doute parce que la Pologne est le pays le moins chanceux de l’Histoire (égalité avec Haïti), sa population est très très très très très très (ajoutez en mille) pieuse. Difficile, donc, d’imaginer la vie sans messe. Malgré les directives du gouvernement, soutenue par l’Eglise de Rome, visant à fermer les églises, les autorités catholiques locales ont décidé de maintenir les services religieux. En Pologne, on peut donc aller à l’église pour se confesser d’être allé à l’église alors que c’était interdit. On peut logiquement parler de système parfait.
En Belgique, on peut continuer d'aller chez le coiffeur
Sans doute une preuve supplémentaire de l’humour absurde belge. En Belgique, il est encore possible d’aller chez le coiffeur à condition de prendre rendez-vous à raison d’un seul client à chaque passage. Une mesure extrêmement critiquée par la communauté médicale et qui pourrait sauter dans les prochains jours. En France, la mesure a été évoquée et abandonnée (mais vous pouvez prendre rendez-vous avec un des meilleurs coiffeurs de Paris pour la réouverture de la vie si vous voulez). En attendant, il s’agira donc d’apprendre à se couper les cheveux soi-même.
En Autriche, on peut aller au parc
L’Autriche est un des premiers pays à avoir décrété le confinement total, notamment en raison de la proximité géographique de l’Italie. Mais les politiques se sont affrontés violemment à propos des parcs pour savoir si aller se promener faisait partie des choses indispensables. Et les écolos ont réussi à faire passer cette mesure qui a conduit à la réouverture des parcs et des aires de jeux quelques jours après leur fermeture. Donc on a le droit de choper le Covid-19 mais uniquement dans un espace vert.
Aux Pays-Bas, les coffee shops restent ouverts
Quand le gouvernement français a expliqué que les tabacs resteraient ouverts, nous sommes nombreux à nous être posés la question concernant les coffee shops des Pays-Bas. Même tarif ou pas ? Eh oui, même tarif. D’abord fermés par décret, ils ont rouverts après quelques jours quand le gouvernement s’est rendu compte que pareille fermeture forcée risquait de provoquer une recrudescence de trafics illégaux. Donc on peut aller acheter de la weed aux Pays Bas, destination idéale du fumeur de joints, sans aucun problème (à condition de ne pas aller au parc pour la fumer, puisque ça c’est en Autriche).
Aux Etats-Unis, pas question d'arrêter le gaming
Aux Etats-Unis, la plupart des Etats n’ont pas encore décidé de mesures de confinement drastiques. C’est le Center for Disease Control (CDC) qui adresse des recommandations et il revient ensuite à chacun de les respecter (grosso modo). Et GameStop, genre de Micromania américain et plus grosse chaîne de jeux vidéo du pays a décidé de se considérer comme un commerce de première nécessité et donc de garder porte ouverte. Evidemment, les boucliers n’ont pas tardé à se lever.