Quoi de plus déprimant qu'une morne soirée devant une énième vidéo de chat, ou au contraire trop joyeuse, quand tout le monde est d'accord et que personne ne s'engueule ?Heureusement, il existe un moyen dont l'efficacité n'est plus à prouver : le troll. Cette créature née sur le net (et qui n'a rien à voir avec la pêche à la cuiller) ayant quelques sujets de prédilection, il est conseillé d'orienter insidieusement le débat pour permettre l'épanouissement du troll.
- L'éternel débat "Windows VS Linux"
Un grand classique qui nécessite quelques connaissances en informatique. "Windows c'est bugué, linux c'est compliqué." Dans les 2 cas rien ne marche, c'est un calvaire. Le troll un peu en forme pourra même établir des parallèles douteux entre les différents systèmes d'exploitation et un quelconque génocide. - Le combat sans merci "Apple VS Android"
Pas la peine de recourir à une action en justice pour violation de brevet, d'autres s'en chargent. "L'iPhone est trop fermé et techniquement en retard. Non c'est le meilleur et de toute façon ce qui compte c'est le confort d'utilisation. Oui mais, oui mais peut être, mais en tous cas gna gna gna." A croire que les Trolls ont des actions un peu partout. - Le débat de société
"Le poker est un jeu de hasard. Forcément, moi aussi avec 5 piques je peux gagner contre Patrick Bruel. Non il faut savoir jouer, il pourrait gagner avec un 2 de coeur et un 3 de carreau. On préférait quand il chantait, encore que." Remplacez poker par "crapette" ou "belote", le troll a un avis sur TOUT. Et si vous vous lassez, il relancera une discussion effrénée sur Patrick Bruel. Sur tout, on vous a dit. - La réflexion existentialiste
"La Formule 1, après tout c'est pas vraiment un sport. La voiture fait le champion et un sport où il faut rester assis, hein... Oui mais un pilote peut perdre 2kg de sueur en une course. D'abord ils sont trop payés, et sûrement dopés." A noter que l'on peut également utiliser le golf, le billard ou le tir à l'arc. Le trollage est un sport polyvalent: le troll recourra à sa propre expérience pour vous certifier par A+B que NON NON NON le curling n'est pas juste un sport débile qui se joue avec un balai mais que c'est une vraie discipline sportive et il ressortira opportunément son arme secrète, le parallèle-douteux-génocide. - Les considérations artistiques
"La techno, c'est pas de la musique. Ma grand mère, avec un bon ordi, peut faire des tubes planétaires. Après tout, il suffit d'empiler des rythmes de base et d'ajouter une voix modifiée. Non je ne suis pas d'accord, la techno a su devenir un vrai genre avec de vrais artistes-et-puis-t'y-connais-rien, je le sais bien moi que tu écoutes Justin Bieber. Si, tu écoutes Justin Bieber et puis tu es responsable de la faim dans le monde aussi." Le troll chie sur la cohérence. - La critique cinématographique affûtée
"Star Wars 4 (ou 1, ca dépend) est le meilleur. Les autres n'ont pas le charme des effets spéciaux faits main. Les marionnettes c'est bien mieux que les images de synthèses. D'un côté il ne se passe pas grand chose et il a peut être vieilli." Le troll sait très bien que parler de Star Wars devant des trentenaires peut vite enclencher une foire d'empoigne à la hauteur des séances de l'Assemblée Nationale. Il les laissera donc s'écharper au sujet de la légitimité de Jar jar Bink tout en ricanant de joie, une fois sa besogne faite. - Le débat politique
Un bon débat politique à table en famille vous permets de tenir 4h30, soit juste assez pour ne pas manquer la tarte aux pommes de mamie. Alors imaginez la même discussion à l'échelle de l'Internet. Le troll politisé a ceci de redoutable qu'il pondra d'indigestes pavés, sûr qu'il est de son bon droit. A son argument privilégié que vous connaissez bien maintenant, il ajoutera la botte secrète du "politiquement-correct". Le troll est un libre penseur qui chérit la démocratie lui permettant de s'exprimer et que tu voudrais bafouer en le lui interdisant alors ta gueule. Le troll tringle le cadavre encore chaud du bon sens. - Beatles vs Stones, 836e round
On a pu voir que le troll avait une idée bien à lui de la discussion musicale. Et il est un sujet parmi tant d'autres sur lequel il sautera comme la vérole sur le bas-clergé : l'éternel combat entre les Beatles et les Rolling Stones, trollage qui a commencé dès les 70's et que le troll se fait un devoir de pérenniser. Si quelqu'un a le malheur de dire qu'il préfère Pink Floyd, il se verra menacé d'un Yellow Submarine dans un orifice qu'on ne nommera pas, ou se verra vertement répliquer que Keith Richards fait subir les derniers outrages à sa maman. Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, le troll est vindicatif. - Les débats footballistiques
Pelé ou Maradona? une question de génération. Mais est-il possible de citer le nom de Cristiano Ronaldo dans un article sans qu'un commentaire surgisse dans la minute pour rappeler que Lionel Messi a 4 Ronaldo dans chaque jambe ou d'évoquer l'Argentin sans qu'un acharné ne rappelle le nombre de buts plantés par le Portugais? Il est interdit de n'en aimer aucun (à moins de vouloir passer pour un taré) ou, pire, d'aimer les deux (auquel cas on est un footix, c'est à dire moins qu'une merde). - La joute culturelle vidéo-ludique
Jusqu'ici, il y a avait un consensus en faveur de PES, mais FIFA s'est racheté un succès critique. L'humanité se divise désormais entre ceux qui tirent avec le bouton de droite et ceux qui préfèrent centrer avec cette touche. Les vrais gamers choisissent également leur camp entre Call of Duty et Battlefield et les plus vieux peuvent en venir aux mains quand il s'agit de mettre dans une même phrase King of Fighter et Street Fighter.
Don't feed the troll !