On espère que vous connaissiez Mad Men. Sinon vous êtes passé à côté d'une des meilleures séries de ces dernières années qui se termine juste. Le quotidien des années 50-60 de publicitaires de Manhattan, inventant le temps de cerveau disponible, une excellente carte postale des US de l'après-guerre surfant sur un monde en reconstruction. Le monde que nous fait découvrir la série Mad Men est un monde où les tabous n'étaient pas ceux d'aujourd'hui, et où on rentrait du boulot en sentant le tabac froid et le parfum d'une secrétaire. Il y a comme ça des petites choses que les Mad Men pouvaient faire, et nous plus vraiment, la preuve.
- Fumer comme des pompiers n'importe où et n'importe quand
Le Mad Men, et la Mad Women aussi, n'envisagent pas un moment de la journée sans un bon vieux mégot au bec. Oui on fume au boulot bien sûr, mais aussi en mangeant, en allaitant, en dormant... Le Mad Men n'a pas encore les coronaires bouchées par la Junk Food, mais il a intérêt à avoir les poumons en acier. Et même l'acier, ça rouille... - Boire comme des trous, partout, tout le temps et des trucs plutôt costauds
On pourrait croire que Mad Men est sponsorisé par les spécialistes de la transplantation du foie tant il est impossible de voir une scène sans un verre d'alcool rempli de whisky/gin/champagne. Le Mad Men a soif et le fait savoir. Et c'est vrai que finalement toujours a moitié bourré, on est plus créatif. De nos jours, la RH oblige plutôt le Champomy aux pots de départs. Monde de merde.
- Trouver du boulot en un après midi
Etre chômeur à New-York à cette époque, certes qu'on est blanc, c'est ne pas avoir de boulot pendant 2 ou 3 heures, simplement le temps de passer d'une société à l'autre. On prend, on jette et on ira écraser ses mégots dans le cendrier chez quelqu'un d'autre rapidement. Il aurait l'air malin de nos jours le Don Draper à son rendez-vous mensuel du Pôle Emploi. - Se taper une secrétaire différente à chaque soirée de boite
Dans Mad Men, chaque soirée de boite est un cache-cache géant qui se finit dans le premier bureau disponible avec la robe retroussée sur les cuisses. Le Mad Men dispose en effet d'un cheptel de secrétaires pour qui une partie de jambe en l'air expédiée à la va-vite entre un téléphone et une boite de trombones peut ressembler à une ascension sociale. Alors que vous vous êtes fait jeter à la soirée de Noël à vouloir offrir un verre à Sandrine, la bombasse de l'accueil. Chienne de vie. - Faire des blagues bien misogynes comme il faut
Et même pas de blagues du tout puisque la femme est soit une secrétaire/porte-manteaux dévouée, soit une femme au foyer. Il y a aussi l'option femme facile, mais ça, c'est pas pareil du moment que l'homme se sente mieux après coup... “Remember, Don... When god closes a door, he opens a dress.” Donc finalement on peut dire à peu près tout ce qu'on veut sur les femmes, ça sera surement drôle. De nos jours, on peut toujours, mais il faut qu'elle soit forcément blonde, c'est plus restrictif. - N'avoir globalement peur de rien
Conduire sans ceinture, laisser les enfants jouer avec des sacs plastics, fumer enceinte... Le Mad Men vit pleinement sa vie et se fout du lendemain, puisque de toute façon les lendemains chanteront forcément. Oui le Mad Men serait peut-être aujourd'hui un grand benet inconscient, mais il n'aurait pas d'ulcère à l'estomac parce que trop stressé. Plutôt une cirrhose. - Etre un brin raciste, voire carrément, mais comme tout le monde donc c'est pas grave
Dire ce que tu penses au moment où tu le penses sans avoir peur des conséquences. Un bon coréen est un coréen mort (et pareil pour tous les asiatiques) selon Roger Sterling, on espère ouvertement qu'il n'y a pas de juifs à une réunion... Mais tout le monde le dit sur un ton si léger. Non finalement tout n'était pas mieux avant. - Draguer sans dire un seul mot
Quand on est un vrai Mad Men, comme Don Draper donc, on peut faire tomber les femmes en regardant de côté, allumant une clope et lui demandant un-whisky-juste-un-doigt. Pas besoin d'ouvrir la bouche, votre aura, votre prestance et votre costume cintré feront le reste. Même pas besoin de l'inviter au resto. Y'en a qui avaient quand même la belle vie... - Avoir une vie privée: pas d'open Space, pas de compte Facebook...
Certes la vie en banlieue américaine consiste à se faire épier par ses voisins. Mais si tu veux avoir une double vie, voire une triple vie à la Don Draper, pas besoin de se cacher vraiment. On fermait la porte de son bureau, c'est tout.
On vous regrettera les gens. So long Don Draper. So long.