Chevalier : nom commun désignant un preux combattant ceint de son armure étincelante, chevauchant dans le soleil couchant vers de retentissants exploits. Bref, pas un gros nul. Mais imaginez maintenant qu’on écrème les chevaliers pour ne garder que les meilleurs des meilleurs, la crème de la crème de la crème. Et qu’on en fasse un top. Bienvenue au paradis des chevaliers.
Les chevaliers qui ont fait grève
On est en 1272. Hugues III, qui se la pète pas mal parce qu’il est à la fois roi de Chypre et de Jérusalem (bien la classe, le mec), veut envoyer tout le monde à la guerre. Mais les chevaliers ont pas envie. Pas envie du tout ; de leur point de vue, la guerre, ils ont suffisamment donné. En plus, il est question d’aller faire la guerre en prenant un bateau et les mecs arguent que leur contrat dit « faire la guerre à cheval ». Bref : les mecs restent dans leur château et veulent même pas discuter avec Hugues. Ils font grève. Bon, finalement, les mecs ont fini par céder quand Hugues a dit qu’il leur donnerait du butin et a sorti la machine à billets. Mais c’était quand même classe.
Jean III de Grailly
De Grailly était le chef de file de la cavalerie anglaise à la bataille de Poitiers. Et comme il était pas nul, De Grailly (aucun rapport avec son quasi-homonyme du Bureau des légendes), il s’est démerdé pour prendre l’armée française à revers et a même réussi à capturer le roi. Le truc marrant, c’est que, comme son nom l’indique, De Grailly était français. Capturé en 1364 par les troupes françaises, il n’a pas été fait prisonnier ; au contraire, le roi lui a proposé plein de terres et de fric pour l’avoir de son côté en mode mercenaire. Et comme De Grailly était pas con, il a accepté… Pour à nouveau rejoindre le camp anglais une fois libéré. Capturé à nouveau 8 ans plus tard, il a cette fois-ci refusé de rompre son allégeance au roi anglais et s’est laissé mourir en faisant la grève de la faim.
Pierre Terrail de Bayard
Mort en 1524 après avoir participé aux guerre d’Italie, le chevalier Bayard a vu sa vie narrée presque de son vivant par l’un de ses compagnons d’armes dans une bouquin au nom édifiant : Très joyeuse et très plaisante histoire du gentil seigneur de Bayart, le bon chevalier sans peur et sans reproche. Parce que c’est à Bayard que l’on doit l’expression « sans peur et sans reproche » qui a donné par la suite « sandwich et sans reproche » chez Pomme de pain. Au fil de ses batailles, Bayard va écrire sa légende : cavalier incroyable, brave parmi les braves, il gagne notamment son duel contre capitaine espagnol Alonzo de Soto Mayor ; il a réussi aussi à battre une escouade de treize personnes à lui tout seul lors d’un combat d’honneur. Mais son principal fait d’armes consiste à avoir, seul, empêché les Espagnols de battre les troupes françaises en protégeant la retraite de l’armée sur l’étroit pont du Garigliano.
Joseph Bologne de Saint-George
Le chevalier de Saint-George est une figure de l’abolition de l’esclavage. Né en Guadeloupe vers 1740, il entre à 14 ans dans les gendarmes de la garde du roi. Remarqué pour ses habilités tant au maniement des armes qu’aux arts, Saint-George impressionne par ses qualités athlétiques : il devient le meilleur tireur et le meilleur fleuret du royaume. Il bat tout le monde à l’escrime ; mais le racisme n’est pas loin et très vite la bonne société s’étonne qu’on autorise un mulâtre à fréquenter les hautes sphères. Il se fait agresser un soir mais met ses assaillants en déroute – virility maximale. Parallèlement, il compose de la musique et en mène une carrière de chef d’orchestre. A la Révolution, il dédie la fin de sa vie aux combats pour la liberté dans la garde nationale. Le mec le plus classe du monde.
Gilbert de Clare
Descendant de Guillaume le Conquérant et apparenté au roi d’Angleterre et à celui d’Ecossse, Gilbert de Clare a fait partie des troupes anglaises défaites à Bannockburn lors de la campagne écossaise de 1314. Accusé de couardise par le roi Edward à qui il avait conseillé de se montrer prudent lors de l’offensive, Gilbert de Clare a eu soin de démontrer son courage sur le terrain en menant l’assaut contre les Ecossais : résultat, il s’est fait flinguer sur le champ de bataille. Robert de Bruce, chef des Ecossais, a alors décidé de rendre sa dépouille aux Anglais pour qu’ils puissent faire leur deuil. Il est devenu un symbole à la fois pour l’Angleterre et pour l’Ecosse.
Henri de Grosmont
Auteur du Livre des Saintes Médecines, Henri de Grosmont avait peut-être un nom ridicule mais il n’en avait rien à foutre. Viril, aimant le combat, il se fritait plus souvent qu’à son tour. Son Noël 1341 est particulièrement parlant : le mec a pris part à une joute sans armure et en est sorti indemne. Ses faits d’armes sur les champs de bataille ont fini d’asseoir sa réputation et, couvert d’or, il passait pour le sujet le plus riche du royaume – devant le roi. Et en plus, il a raconté tout ça dans son bouquin, le mec.
Roland le preux
La vraie vie de ce chevalier franc n’a rien d’incroyable : le mec a mené des armées et s’est fait massacrer par les Vascons à Roncevaux. Mais sa légende, en revanche, vaut le détour. Au XI° siècle, une forme de prépropagande a changé l’histoire de Roland en le transformant en véritable héros de guerre ayant combattu les Sarrasins. Ensuite, les histoires ont fait florès : et qu’avec son épée magique il aurait ouvert des montagnes, et qu’il avait une force surhumaine… Roland, quoi.
Guillaume de Warenne
Le mec était un vrai badass : déjà, il en avait rien à foutre du protocole. Il ne se présentait jamais chez son seigneur et envoyait chier tout le monde pour aller chasser parce que les dîners de cour, c’est sympa, mais c’est quand même vachement plus cool d’aller tuer des cerfs. Banni du royaume en 1101 pour conspiration, il s’en tire grâce à l’intervention de son pote qui s’avère être aussi le duc de Normandie. Histoire de faire amende honorable, Guigui devient un des potes les plus proches du roi et lutte d’arrache-pied contre les seigneurs rebelles en 1119. Avec succès.
Roger de Mortimer
Entre 1264 et 1267, l’Angleterre a été déchirée par la première guerre des barons. Et parmi les supporters des barons, il y avait Roger de Mortimer, un mec qui en avait marre d’attendre que le roi veuille bien lui filer enfin les putains de terres qu’il lui avait promises. Mais les barons, dès qu’ils en avaient l’occas’, spoliaient Mortimer de ses terres. Du coup, Roger a changé d’allégeance et s’est mis à mener les troupes royales à la bataille d’Evesham où il a flingué le chef rebelle Simon de Montfort. Pour se venger des spoliations, Mortimer a fait montre d’une opiniâtreté absolument dingue dans sa destruction des armées rebelles. Mais ça lui ressemblait pas, tout ça, à Roger ; à la fin de sa vie, il a regretté toute cette violence et, amené à administrer le royaume pendant que le roi menait les croisades, il a marqué l’histoire de l’Angleterre par son désir de paix et de coopération.
Chevallier et Laspalès
Le mec est tellement badass qu’il est capable de faire des tournées en France et à la Maaf avec un type qui parle bizarrement.