En 2020, et ça depuis plusieurs années, le rap est le genre musical le plus écouté, on en trouve partout, même dans les pubs uber eats. Qui dit musique populaire dit aussi diversité du public, pour le meilleur et pour le pire.
Les rapix
Ceux qui ont pris le train en marche mais qui ne maîtrisent absolument aucun code ni aucune base de cette musique. Dans le meilleur des cas ça confond les différentes catégories de rap, dans le pire des cas ça confond les rappeurs entre eux, le tout saupoudré d’avis hasardeux du type « Damso/Nekfeu est un poète » ou le classique « [insérez le nom d’un rappeur populaire aléatoire] est le meilleur rappeur du monde ».
Tout le monde se fout de leur gueule en oubliant un point essentiel : à moins d’avoir eu directement un parent ou un grand frère pour faire notre éducation musicale très tôt, on a tous commencé comme ça.
Les fanatiques
Ceux qui ont vu la lumière en découvrant un rappeur qu’ils considèrent comme l’élu. A partir de là, ils le hissent sur un piédestal dont il ne redescendra plus jamais à leurs yeux. Suivant leur style et leur nombre, les fanatiques peuvent virtuellement pourrir la vie des autres auditeurs ; ils vont polluer les commentaires y compris sur des sujets qui n’ont rien à voir en martelant le nom de leur idole, le défendre même quand il fait ouvertement de la merde, et bien sûr on n’oublie pas l’incontournable réponse nulle aux avis différents du leur, qui va de l’insulte lambda au fameux « c’est juste que tu comprends pas sa musique tu vois ». Une plaie, surtout quand leur rappeur préféré est en clash avec un autre, là c’est la foire aux débiles assurée.
les hipsters
Ceux qui ne peuvent pas répondre à la question « t’écoutes quoi ces temps-ci ? » sans avoir au préalable consulté 3 sites différents pour savoir qui est le buzz du moment et qui est ringard. Ça veut dire qu’ils n’ont strictement aucun avis personnel, mais entre ça et le risque de se laisser distancer par la hype du moment, le choix est vite fait.
Les puristes
Ceux qui sont là depuis longtemps et estiment que tout ce qui se fait actuellement est systématiquement nul en comparaison du passé. Ils vont tour à tour déplorer le manque de messages profonds du rap d’aujourd’hui, l’utilisation de l’autotune, la dégaine des jeunes rappeurs, les nouvelles tendances en général… bref ce sont les nostalgiques de l’époque où les toilettes c’était juste un trou creusé au fond du jardin (alors qu’ils n’ont en général pas de jardin).
Ça a été tellement loin à une période qu’on a vendu des t-shirts floqués « LE RAP C’ÉTAIT MIEUX AVANT ». Carrément.
Les journalistes rap
Les seuls de la liste qui sont payés (ou en tout cas qui essaient de l’être) pour écouter du rap. Ça peut paraître cool dit comme ça mais devoir se taper l’intégralité des sorties du vendredi, semaine après semaine toute l’année, ça peut avoir un effet pervers. Certains finissent blasés, d’autres ont une capacité surhumaine à s’extasier devant absolument tout et n’importe quoi, un peu comme quelqu’un qui à force de manger la même chose finirait par ne plus du tout avoir de goût. Ça ou la peur de perdre des partenariats avec les labels en donnant vraiment son opinion, allez savoir.
Ceux qui ne jurent que par les US
Ils ont une connaissance pointue du rap américain et un désintérêt voire un mépris total pour sa version française. Ça peut être de la posture mais on trouve aussi parmi eux des auditeurs sincères qui ont juste l’impression de voir des cosplays de rappeurs US à chaque fois qu’ils essaient de donner une chance à un MC made in camembert. Et vu la tendance générale qui consiste à pomper toutes les tendances d’outre-Atlantique qui marchent, ça peut se comprendre. Sévère mais juste.
Les groupies
A ne pas confondre avec les fanatiques, les groupies (hommes ou femmes) vont avant tout se concentrer sur le physique ou les fringues de leur artiste préféré et multiplier les déclarations gênantes. Ce sont eux qu’on retrouve régulièrement sous les publications des rappeurs et rappeuses sur les réseaux sociaux, avec des commentaires qui vont des déclarations d’amour consternantes à des emoji flammes sur 4 lignes. Une pensée pour le plus décomplexé d’entre eux qui a hurlé « Ademo j’te suce ! » en plein concert de PNL.
Les passionnés
Ceux qui sont tombés dans la marmite comme Obélix et qui en redemandent toujours. Quels que soient leurs goûts et leurs préférences, ils font souvent l’effort de tendre l’oreille avant d’émettre un jugement définitif, se foutent des chiffres de vente ou des modes, seul compte la musique. Heureusement qu’ils sont là.
Les haineux
Ce sont des gens qui n’auraient techniquement jamais dû écouter du rap vu qu’ils détestent ça. Mais pour une raison inconnue, ils ne peuvent pas s’empêcher d’en parler. On les reconnaît en général facilement puisqu’ils sont incapables d’analyser quoi que ce soit sous un angle musical ni même de citer des morceaux précis. Ils confèrent également au rap des pouvoirs magiques qui permettent de le rendre responsable de la violence, du sexisme, du racisme et d’à peu près tout ce qui cloche chez les jeunes en général et ceux des quartiers populaires en particulier.
Quelle que soit la catégorie dans laquelle vous pensez vous situer, respectez-vous, respectez la musique, ne soyez pas comme Eric et n’oubliez qu’il existe aussi les pires punchlines du rap français. Donc calmez-vous.