Rien n'a changé depuis Molière : l'art oratoire est aujourd'hui encore un révélateur social fort et rien ne vaut un bon mot en guise d’estocade pour conclure une joute verbale quand on veut briller en société. Vous pouvez être infiniment intelligent, drôle et raffiné, si vous n'avez pas balancé votre réplique dans les deux secondes, vous êtes mort. De deux choses l'une : soit vous avez de la répartie, et là on dit bravo, soit vous n'en avez pas, et il va falloir ruser pour masquer cet embarrassant handicap :
- Répétez tout ce que dit votre interlocuteur précédé par "c'est toi..."
Assurez vous néanmoins que le résultat fasse sens, pour éviter des trucs du genre "c'est toi ta gueule!". Sinon, c'est imparable. - Constituez-vous un stock de répliques toutes faite et passe-partout
Pensez toutefois à les renouveler régulièrement. Les phrases "La bave du crapaud n'atteint pas la blanche colombe", "Et ta soeur, elle bat le beurre" et "t'as fait l'école du rire ?" sont interdites depuis 1991.
- Misez sur la vulgarité
"Ah ouais... ben tu sais quoi ?... Va bien te faire enculer !" On dira ce qu'on veut, mais ça marche dans à peu près toutes les situations. - Balancez, l'air de rien, une citation latine
« Tempora mori, tempora mundis recorda . Voilà, eh ben ça par exemple, ça ne veut absolument rien dire, mais l’effet reste le même... ». La méthode dite du roi Loth". Redoutable. - Optez pour des citations issues de la chanson française
Suffisamment pompeux pour avoir l'air profond et assez flou pour passer partout. C'est ça aussi le génie français : "T' hésites entre tout dire et un drôle de silence. T'as du mal à partir, alors tu joues l'innocence." (Patrick Bruel) ou "Tout ce que tu vois dépend tellement de ce que tu sens" (Jean-Louis Aubert). Brillant. - Faites intervenir les sœurs, ou mieux, les mères
Quelle que soit le dernière phrase de votre interlocuteur, un "c'est ce que me disait ta mère hier soir" asséné avec assurance aura son petit effet. - Détournez l'attention en évoquant la conversation elle-même et non son contenu
"Quoi? Qu'est-ce que t'as dit ? wowowowo c'est à moi qu'tu parles...et les mecs c'est à moi qu'il parle c't'enculé ! C'est à moi qui parle, putain ! MAIS C'EST A MOI QU'TU PARLES COMME CA MEC ??! " Bien joué, tout le monde a oublié le dernier bon mot de votre adversaire. Surtout si vous êtes armé.
- Cherchez la réplique qui tue en rentrant chez vous, c'est mieux que rien
Mieux vaut une victoire dans sa tête qu'une défaite totale. Et quand vous raconterez l'incident à vos potes, vous glisserez l'air de rien un petit conditionnel, comme un journaliste, que personne ne relèvera : "Et à ce moment là, je lui (aur)ai répondu, du tac-au-tac, "Et ils font les mêmes pour hommes, Hahahahaha...". Avoir de la répartie le lendemain, c'est mieux que pas de répartie du tout. - Entourez-vous en permanence de gens qui rient grassement à toutes vos vannes
Même celle qui sont nulles à chier : "Attends, mais t'as parlé ou t'as pété là ? Hahahahaha", un petit geste de la main, tout le monde s'arrête. Là encore, si vous êtes armé, c'est encore mieux.
- Venez-en aux mains rapidement
Laissez passer trois secondes de réflexion... rien ne vient ? Mettez à votre interlocuteur une grosse tarte dans sa gueule, ça lui apprendra à faire le malin. La violence, y'a que ça de vrai quand on ne sait pas parler.
Voila, avec ça, vous aurez toujours le dernier mot.