BONCHOUUUUR. Je sais pas si vous êtes au courant, mais les agriculteurs sont pas contents. En effet, on savait que la mondialisation ça puait un peu la chiasse de poulet mal rôti et qu’on allait finir par en payer le prix fort, eh bah voilà on y est. Les agriculteurs sont à bout. 2 d’entre eux se suicident chaque jour et 60 % vivent sous le seuil de pauvreté.
En cause ? Les accords de libre-échange qui les confrontent à une concurrence déloyale. Là dessus, vous me rajoutez les accords du Mercosur sur lesquels planche en ce moment la commission européenne et qui ouvrirait de nouveaux échanges entre l’Europe et l’Amérique Latine (mais Gabriel Attal il a dit qu’il s’y opposerait donc après tout POURQUOI FLIPPERAIT-ON ?).
Meaning : un nouveau terrain de concurrence déloyale pour les agriculteurs français qui se coltinent un paquet de normes exigeantes à côté de l’Amérique latine où ils font un peu ce qu’ils veulent, genre faire boire de l’essence aux bétail pour qu’il grossisse plus vite (non personne fait ça, ce serait super con).
Pourtant… si on voulait, on pourrait très bien nourrir tout le monde dans notre pays en important beaucoup moins. Alors il est où le problème ? Pourquoi les agriculteurs sont sous-payés ? Pourquoi l’alimentation est mal distribuée ? Pourquoi les Français ne consomment pas des produits de chez nous ? Pourquoi on importe du maïs brésilien fabriqué avec des pesticides interdits depuis 30 ans en France ? Pourquoi 20 % de notre alimentation est importée alors qu’on est la première puissance agricole européenne ? Pourquoi j’ai encore oublié de mettre un slip ce matin ?
Autant de questions auxquelles on ne va pas répondre ici. En revanche, lister les aliments les plus importés en France alors qu’on les produit chez nous, ça OK pas de problème.
PS : je ne suis pas journaliste agricole (dommage parce que ça a l’air foutrement passionnant) donc les informations que vous lirez dans ce top viennent de plusieurs articles et émissions que je vous invite à retrouver en conclusion de cet agritop.
Le blé dur
75 % du blé dur est importé et vient en grande partie d’Italie (on précise le « blé dur » parce que c’est celui des pâtes, ce n’est pas comme les autres blés). En effet, pour ce qui est du « blé tendre » on reste souverains puisqu’on en apporte de 10 % de ce qu’on consomme. J’adore le blé tendre. Il sait me parler avec des mots doux.
Du coup, 2/3 des pâtes sont importées en France
Des pâtes quoi ? Alors qu’on a tout skif pour les fabriquer chez nous, avouez que c’est couillon.
La volaille
42 % de notre consommation de poulet est importée contre 25 % en 2000. Des petits poulets qui viennent bien souvent de Pologne où la main d’oeuvre est 11 fois moins cher qu’en France (sympa). Si on regarde au niveau de l’Union Européenne, on note que un quart des blancs de poulet viennent du Brésil, de l’Ukraine ou de la Thaïlande. Un chiffre qui s’explique assez simplement par le fait que les conditions de productions ne sont pas les mêmes. Et si le poulet français est de toute évidence meilleur, genre pas gavé aux antibio et de moins en moins élevé en batterie (je parle pas de l’instrument de musique), il coûte plus cher donc on le mange moins. C’est moche.
Le beurre
40 % du beurre qu’on met sur nos tartines vient d’au-delà de nos frontières, principalement des Pays-Bas. Un chiffre assez surprenant parce qu’en France on est de gros producteurs de laits (et de laids aussi, big up à tous mes cheums sûrs de France), mais problème : notre lait n’est pas assez gras. Donc on exporte la poudre de lait et on importe le beurre. C’est débile mais c’est comme ça. Vous voulez lutter contre cette absurdité ? Lâchez de gros biftons dans du beurre made in chez nous.
Le fromage
Alors qu’on est clairement et très loin devant le pays du fromage, on importe tout de même 36 % des produits fromagers en France (principalement des Pays-Bas, encore ceux-là). On marche sur les croutes de fromage de la tête.
Les légumes frais
33 % sont importés. Plein d’explications possibles à commencer par le fait que le maraîchage ça coûte très cher en France (45% plus cher qu’aux Pays-Bas par exemple) sans compter qu’on ne peut pas traiter les cultures comme partout ailleurs (les traiter avec des phytosanitaires, pas les traiter avec des insultes bordel suivez un peu). Donc forcément à la fin on produit moins, on produit plus cher et les légumes frais produits de partout ailleurs atterrissent bien plus facilement dans nos assiettes.
Les boeufs
21 % de la viande bovine est importée. Bon alors là c’est tout un délire. Si je suis le raisonnement de la journaliste Emmanuelle Ducros (attention c’est son raisonnement à elle j’imagine qu’il n’y a pas une pensée unique sur le sujet) sur le plateau de 28 minutes (cf. lien en bas du top), en gros on fait naître les veaux en France, mais on les engraisse à l’étranger et après on les importe. Une absurdité qui s’expliquerait par le fait qu’on a détruit plein d’abattoirs et fragilisé des filières de transformation.
Que l’on partage ou non son analyse, la conclusion reste peu ou prou la même : vue l’empreinte carbone du boeuf, p’tet bien qu’il serait temps qu’on arrête d’en bouffer, non ?
Les agneaux
Encore une fois, selon la journaliste de L’Opinion sur le plateau de 28 minutes (je rappelle que le lien est dispo en bas du top), 60 % des agneaux consommés en France sont importés dont 3/4 proviennent de Nouvelle Zélande. Cela s’expliquerait par la dette de la France envers le pays des moutons depuis le scandale du Rainbow Warrior (le sabotage d’un navire de Greenpeace censé entraver les essais nucléaires menés discrètement par le gouvernement français en 85). En guise de réparation à ce sabotage, on aurait dit à la Nouvelle-Zélande, OK cousin on t’achète tes agneaux vazi ça va soule pas.
Les tomates
La France est même devenue le 3e plus gros importateur mondial de tomates. Celles-ci provenant principalement du Maroc, on les achète 2,5 x moins cher. Un tarif assez explicable quand les travailleurs sont payés un euro de l’heure. Bref de toute façon les tomates c’est dégueu, je vous propose de les remplacer par du houmous.
Le vin
Là encore c’est assez fou de constater qu’on importe 25% du vin en France (en grande partie de chez nos cousins ibériques dont la main d’oeuvre est 1,7 fois moins élevée).
Qu’est-ce qu’on peut faire alors ? Eh bien c’est pas évident parce qu’avec toute la meilleure volonté du monde, les consommateurs sont pas toujours les « alliés » de l’agriculture française. Tout simplement parce qu’on ne fait pas attention à la provenance de nos aliments (plus c’est circuit court, mieux c’est), et qu’on priorise de moins en moins les produits bios. C’est normal, l’inflation aidant, on n’a pas toujours les moyens de se payer un poulet rôti bio alors que des nuggets suremballés collent plus facilement à notre porte-monnaie.
Allez on se quitte sur les meilleurs tweets sur les manifs d’agriculteurs.
Sources : 28 Minutes « Crise agricole, les accords de libre échange », Le Figaro « Quelle est la part de produits agricoles importés dans nos assiettes ? », Le Parisien « Nos importations ont doublé » : est-il encore possible de se nourrir français ?, France Info