Si tu aimes la bonne bouffe ET le vocabulaire français, tu es vraiment tombé au bon endroit. On s’est tous déjà posé des questions sur l’origine des noms des aliments sans vraiment chercher plus loin et c’est le moment aujourd’hui de répondre à toutes vos interrogations. Vous allez enfin comprendre pourquoi on appelle les châtaignes des marrons (alors que ça n’a rien à voir) et c’est une belle victoire pour la culture générale.
La châtaigne devient un marron
Tu as sûrement déjà mangé des marrons chauds et des marrons glacés mais comme chacun sait, ces mets délicieux sont faits avec des châtaignes. Le marron d’Inde, fruit du marronnier, n’est pas comestible et même carrément toxique. Mais alors, pourquoi on utilise pas le mot « châtaigne » qui n’a pas demandé à se faire bolosser comme ça ?
L’explication remonterait au XVIIème siècle, quand la pâtisserie appelée « marron glacé » a été inventée. À cette époque, la châtaigne était essentiellement consommée par les pauvres, un autre nom a donc été choisi pour présenter le dessert comme un mets luxueux. C’est ainsi que le marron glacé a pu gagner la cour du roi Louis XIV et devenir une sucrerie super stylée.
Les reins deviennent rognons
Certaines parties du corps des animaux changent de nom entre le moment où ils courent dans l’herbe et celui où il se retrouvent dans ton assiette. Les reins, par exemple, s’appellent rognons quand ils sont dans la vitrine du boucher. Ce terme est apparu au XVIIème siècle pour différencier la médecine de la boucherie, parce que c’était pas très clair à l’époque.
Le cabillaud devient morue
Si tu pensais que les noms étaient compliqués avec les légumes et la viande, tu vas voir que c’est bien pire pour le poisson. Déjà, il faut savoir que le cabillaud et la morue, c’est exactement le même poisson et ça permet de se demander : Est-ce qu’on se foutrait pas un peu de notre gueule ? En fait, en cuisine, on parle de cabillaud pour désigner un poisson frais et on utilise morue pour une préparation de ce même poisson séché et salé. Pourquoi ? Pose pas de questions.
La vache devient boeuf
Quand tu manges du boeuf, tu penses que c’est toujours un mâle castré ? Hahaha mais mon pauvre, comme tu es naïf ! En fait, il est possible d’appeler « viande de boeuf » aussi bien des vrais boeufs que des vaches, des génisses ou des taureaux. En cuisine, on appelle tout ce beau monde du boeuf parce que bon, c’est un peu pareil finalement.
La mâche a une quarantaine de noms différents
Comme la mâche adore faire son intéressante, elle ne pouvait pas se contenter d’un ou deux noms comme ses autres potes salades. La bougresse a une quarantaine de noms pour la désigner comme boursette, raiponce, valérianelle, galinette ou oreille-de-lièvre. Alors que bon, ça ressemble pas tant que ça à des oreilles de lièvre.
Le bar est aussi le loup
Comme la poiscaille adore nous embrouiller l’esprit, il y a encore tout plein d’espèces qui ont plusieurs noms. Le poisson qu’on appelle communément le bar est souvent appelé loup quand il est pêché en Méditerranée. Jusque là, on peut s’en sortir mais c’est loin d’être aussi simple puisque derrière l’appellation « loup », on trouve parfois du loup de mer à la place du bar. Le problème, c’est que ça n’a rien à voir. Il faut donc toujours vérifier le nom scientifique du poisson qu’on achète pour ne pas se faire avoir.
La pomme de terre et la truffe
Quand la pomme de terre est arrivé en Europe avec Christophe Colomb et sa clique, son premier nom a été « truffe » car le mot vient du latin « tuber » qui a donné tubercule. Cette petite leçon d’étymologie permet d’expliquer pourquoi la truffade, plat auvergnat à base de pommes de terre et sans la moindre trace de truffe, s’appelle ainsi. Par contre, en Savoie, on appelait la pomme de terre « tartifle » (un dérivé de truffe) et c’est ce qui a donné son nom à la tartiflette.
Et puis, pour rendre le truc encore plus alambiqué, le nom pomme de terre a d’abord désigné un autre légume : le topinambour. Ce serait trop facile sinon.
Le colin s'appelle aussi merlu ou lieu
Encore du poisson, toujours du poisson. Si on est toujours un peu perdu au rayon poissonnerie, c’est parce qu’ils ne font aucun effort pour s’accorder sur les noms. Le colin, c’est un nom qui peut désigner plusieurs espèces de poisson et il est donc souvent confondu avec le merlu et le lieu noir. Le pire, c’est que le bien connu colin d’Alaska n’est en fait même pas du colin. Arrêtez de nous embrouiller !
L'aiglefin devient haddock
Bon promis, c’est le dernier poisson de la liste. Il existe une poiscaille délicieuse qui s’appelle l’aiglefin et qui décide de changer de petit nom dès qu’il est fumé. Il prend alors son nom anglophone : le haddock. Ouais ouais, comme le capitaine.
L'endive ou le chicon
Pour celui-là, on a un peu triché puisque ce changement de nom est surtout régional. L’endive est le nom commun d’une plante appelée la chicorée de Bruxelles et c’est pour cela qu’elle est parfois appelée chicon dans le Nord de la France, au Luxembourg et en Belgique. C’est d’ailleurs cette même plante qui donne la chicorée, le faux café bien dégueu là.
L'estomac de vache devient "les tripes"
Peut-être que cela s’explique par le fait qu’un estomac de vache n’est pas spécialement ragoûtant malgré le viandard qui se cache en nous. Very bad tripes comme disent les bouchers qui ont un sens de l’humour étonnamment développé.
Pour découvrir d’autres origines de noms d’aliments, on a aussi cherché les plats inventés par erreur et les aliments au nom de leur inventeur ; et c’est comme ça qu’on se couche moins bête le soir.
Source : Les petits plats dans les grands, Henriette Walter (édition Robert Laffont)