En cette rentrée littéraire, plutôt que d'acheter au prix fort des ouvrages qui sortiront bientôt en poche, relisons les classiques. Avec « No Kid, 40 raisons de ne pas avoir d’enfants », Corinne Maier entreprend l’entreprise salutaire de nous « démoraliser » (faire perdre la morale) et ça fait du bien. Voici 10 de ces raisons, largement inspirées de ce livre et réorganisées de manière totalement subjectives et partiales. Elle a pris le risque de se faire traiter de mère indigne, je prends celui d'être la féministe sans-enfant « frustrée ».
- L’accouchement est une torture
Les femmes pour qui l’accouchement est le plus beau jour de leur vie me paraissaient déjà suspectes. Depuis que Florence Foresti le confirme et que Corrine Maier réitère en comparant l’accouchement à la scène mythique d’Alien, je sais que j’ai raison de me méfier. D’autant plus, que le résultat ne peut plaire qu’aux parents eux-mêmes, je partage en effet cette description concise et efficace du nourrisson : « laid à faire peur, tout en lui devrait nous inspirer la répulsion ». - Métro, boulot marmot ou la mort de toute vie sociale
"Si s’occuper d’enfants était agréable et gratifiant, certains le feraient gratuitement, or ce n’est pas le cas". Cqfd. Difficile en effet de continuer à s’amuser avec cette constante demande d’attention. En plus, beaucoup de plaisirs deviennent de plus en plus tabous et condamnés, indignes de tout « bon parent » qui se respecte. Essayer donc de fumer, picoler ou ramener un amant en vivant avec un enfant en bas âge…. - Etre un « bon » parent est une entreprise épuisante vouée à l’échec
Car être un « bon » parent est d’abord être un parent avant tout. "Même quand elle dirige une entreprise, vend des milliers de disque ou fait un métier passionnant, la « merdeuf’ » est censé dire que ces enfants passent avant tout le reste". Le « bon » parent doit remplir des milliers de tâches épuisantes (cf.2) tout en adoptant les comportements et attitudes établis par moultes pédopsychiatres moralisateurs qui permettront à l’enfant de se développer sans névroses. Et pour quel résultat ? La déception sera forcément au rendez-vous, les jeunes étant promis au chômage de masse, aux contrats précaires et aux logements exigus. - L’enfant est un tue le plaisir
La femme qui vient d’accoucher ne se trouve plus pourvue de deux seins mais bien de deux mamelles prêtes à usage. Un véritable porte-lait ambulant. Bonjour le bien-être et le sex-appeal! Dans tous les cas, même si vous le vouliez, l’enfant trouvera toujours un moyen de vous empêcher de sortir ou de vous amuser. D’ailleurs, "vous imaginez un film comme 9 semaines et demi avec un bébé dans la pièce d’à coté" ? - La bêtise au pouvoir
Courteline disait : « Un des plus clairs effets de la présence d’un enfant dans un ménage est de rendre complètement idiots de braves parents qui, sans lui, n’eussent peut-être été que de simples imbéciles ». Prenez ce fameux dialecte que tout adulte utilise pour s’adresser à un enfant entre mots idiots ou explications « pédagogiques » qui n’en finissent pas, pour réussir une telle performance tous les jours, il faut soit être idiot, soit se gaver de Prozac. "Voir ses parents faire les guignols à longueur de temps rend il les enfants intelligents ? J’ai des doutes. Le dialogue parents-enfants, c’est le diner de cons tous les jours". D’ailleurs, « Littérature jeunesse » est un bel exemple d’oxymore. Non Kafka, Shakespeare, Proust et Cervantès n’ont pas écrit de livres pour les moins de 12 ans. - L’enfant est une sorte de nain vicieux d’une cruauté innée. (Houellebecq)
L’innocence de l’enfant, disait déjà saint augustin, tient à la faiblesse de ses membres, non de ses intentions. L’enfant est comme votre chien, s’il était deux à trois fois plus grand, ce serait un animal féroce. Rappelez-vous vos années primaires et collèges. Qui osera dire que les enfants sont innocents et gentils? Tortures animalières en tout genre et violence psychologique intense contre les exclus du groupe, non décidément l’enfant est loin de l’image d’Epinal du petit ange blond des bacs à sable. - L’enfant est conformiste
"L’enfance est une longue névrose". L’enfant est suiveur et passe la majorité de sa scolarité à poursuivre un but ultime : la popularité. Pour cela, il doit être à la mode et rentrer dans les rangs. Ses parents aussi bien entendus… - L’enfant est un Allié objectif du capitalisme
Consommer est le pilier de la parentalité. L’enfant fait consommer ses parents tout autant qu’il consomme. Par ailleurs l’enfant a des goûts de chiottes. Résultat : les parents doivent gaspiller leur argent et leur temps à acheter. Sans compter qu’ils doivent également passer des heures au boulot pour avoir cet argent. Heureusement, ils motivent également leurs enfants pour aller à l’école qui elle-même le formate à rentrer dans les cadres et se projeter dans le merveilleux monde du travail grâce auquel il pourra subvenir aux « besoins » de sa propre progéniture. La boucle est bouclée. - L’enfant est un merveilleux bouche trou à la quête existentielle
Non content de cautionner le capitalisme outrancier (cf.7), avoir un enfant évite de se poser trop de questions. En effet, tout tourne autour de lui et cela permet aussi de transférer ces questions à la génération suivante. "Mon fils ma bataille c’est bien joli, mais si vous n’avez pas d’autres batailles votre vie se réduit à pas grand-chose". En outre, nous sommes déjà trop nombreux sur la planète à consommer toujours plus au détriment des plus pauvres. "Avoir un enfant dans un pays riche est un acte non citoyen". Ne pas en avoir est donc une preuve de courage philosophique et politique. Moins de pollution, moins de chômage, moins de bouchons. - La maternité est un piège pour les femmes
La femme moderne doit cumuler. Elle doit être mère, femme, amante et travailleuse. Elle doit aussi rester mince et belle. Ca fait beaucoup. Si les femmes n’ont tenus jusqu’à une date récente, que si peu de place dans l’histoire culturelle de l’humanité, c’est tout simplement parce qu’on leur a refilé le sale boulot, celui d’élever la marmaille. D'ailleurs les hommes qui réussissent sont ceux qui ont le plus d'enfants alors que l'on constate l'exact inverse pour les femmes. "Vous voulez l’égalité ? Commencez par cesser d’avoir des enfants".
Conclusion: "Elever un enfant. Mais vers quoi ? Un conseil, tant qu’à entretenir un parasite prenez plutôt un gigolo. C’est plus agréable et au moins vous savez pourquoi vous payez".
Source : « No Kid, 40 raisons de ne pas avoir d’enfants » écrit par Corinne Maier