Ils sont parmi nous. Embusqués, prêts à tout, l’œil furtif et la braguette aux aguets. On les reconnaît de loin, et d’ailleurs, même de loin, ils nous soulent déjà. De qui parle-je ? Des sérial-dragueurs. Voici donc le top 10 de leurs méthodes de drague (infructueuses, la plupart du temps) pour mieux les débusquer.
- Le Philosophe Égocentrique = Le verbe offensif : il traîne son cheveu négligé et son jacquard fadasse dans tous les vernissages. Ca, c’est pour le décorum. Sa méthode de drague à lui, c’est de vous étourdir à coups d’aphorismes ronflants, histoire de vous endormir. S’il vous sort, l’air pénétré devant un vase ming, que le désir charnel est une régression vers la matrice originelle, attention, c’est qu’il bande. D’un autre côté, il ne jouit qu’en s’écoutant parler.
- Le Gros Beauf = En passant par la Lorraine avec mes sabots : ça, il ne fait pas dans la dentelle. Il tape plutôt dans la despé, le tribal sur la tempe et le maillot de foot. Avant même qu’il ne commence à vous parler, il vous agace déjà. C’est normal. Ca fait une plombe qu’il vous lance des œillades de goret entre deux gorgées de Kro, dès fois que vous auriez pas compris. Alors, forcément, quand il vous susurre à l’oreille que votre mère a volé toutes les étoiles du ciel pour les mettre dans vos yeux, là, ça frise la cocasserie. Le bougre ne s’en formalise pas : il en a une autre en vue.
- Le Publiciste-Lexomil = My tailor is rich : écharpe rose en lavallière, cigarette longue dans une main et tequila sunrise dans l’autre, il est de toutes les soirées branchées. Sa méthode : feindre la coolitude la plus complète en s’extasiant à tout bout de champ dans un franglais insupportable : en gros, il passe sa soirée à vous briefer, vous checker, vous driver, vous switcher. Il vous emmerde quoi. En fait, il a abusé du Lexomil avec sa tequila. Et ça, ça a tendance à vous rebuter. Bien legitimately d’ailleurs.
- Le VRP Entreprenant = La soif de productivité : furtif et énergique, il s’identifie à son dynamisme corporel exacerbé (en somme, il cause tout azimut, serre des mains, pose des questions, n’attend pas la réponse, et appelle tout le monde « coco » ou « bébé »). Son truc, c’est d’envahir votre espace personnel pour vous signifier sa parfaite cordialité. En bon vendeur, il détaille alors par le menu ses performances sexuelles (confort, ergonomie, durabilité). Beaucoup de promesses de vente, peu de fidélisation.
- La Nympho = Les vertus du fast food : son cerveau s’étant développé de façon inversement proportionnelle à ses nichons, elle ne peut que difficilement jouer les stratèges. Pas grave. Suffit d’exposer clairement ses vues par une œillade langoureuse, un bas suggestif, un décolleté plongeant. Ou accessoirement de montrer son cul. Ca marche aussi. De toute façon, on lui demande pas d’être intelligente, hein.
- L’Artiste Branchouille = Ma vie, mon œuvre : elle se teint les cheveux en rose et porte du tweed et des bretelles pour montrer qu’elle est vraiment artiste à l’intérieur. Sa méthode à elle, c’est de prendre une voix grave et sensuelle pour vous inviter à sa prochaine performance où elle enduira son corps nu de sang de porc en chantant en irlandais. En désespoir de cause, elle peut aussi vous inviter à un plan à trois (l’artiste branchouille assume sa sexualité conflictuelle, tu voiiiis).
- Le Vieux Beau = Le fric, c’est chic (ou pas) : il exhibe été comme hiver son hâle orange sanguine, savamment mis en valeur par une veste en lin blanc en mode Compay Segundo. En boîte (car le vieux beau roule du torse en boîte, c’est son terrain de prédilection), on ne voit que lui. En outre, il maîtrise assez mal les lois de la sociabilité : son truc, c’est de se coller lascivement à la première créature munie de nichons venue (oui, attention, le vieux beau est lubrique). Quand la victime est passablement éméchée, ça peut marcher.
- La Bourgeoise Catho = Dieu est amour : avec son chandail en maille saumon, son catogan et sa jupe plissée, on la soupçonnerait pas. Et pourtant. Elle profite de la collecte du diocèse pour vous inviter, rougissante, à une lecture de l’évangile selon saint-Luc. Attention, c’est un nom de code. Le pire, c’est qu’elle blasphème au pieu.
- La Milf = Les charmes de la maturité : opportunément moulée dans un tailleur ou une nuisette en satin un samedi soir, elle est du genre à vous proposer une orangeade et à vous caresser l’épaule maternellement quand vous venez lui livrer une pepperoni. Sa méthode est dans la déstabilisation : tantôt mère poule, tantôt femme chienne (oui, bon, on a le don du calembour ou on l’a pas). Et ça, ça vous perturbe. En fait, elle aussi. Elle a l’impression de draguer son neveu. Mais bon, en même temps, ça lui donne le sentiment d’avoir (encore) une libido. Ca vaut bien un Œdipe.
- Le Geek Boutonneux = Lapin compris : ah, çui-ci, on s’y attendait pas (Dame Nature a été facétieuse.) Il vous regarde d’en dessous (et oui, sous les cheveux, il y a un cœur qui bat) pour vous inviter en bredouillant à rejoindre sa guilde ou son cours de grammaire elfique. Quand il commence à vous parler en klingon, vous le congédiez gentiment (serait capable de vous spamer ad vitam aeternam).
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