Ce n'est pas la peine de faire semblant. Ça se voit bien sur votre tête, que vous n'y croyez pas. Pourquoi un tel manque de foi en votre patrie ? Parce que vous avez vu un pilier néo-zélandais capable de courir plus vite que nos ailiers français ? Parce qu'on n’a toujours pas d'équipe type à deux semaines des quarts de finale ? Parce que notre maillot est vraiment trop laid ? Bon, c'est vrai, vu comme ça c'est mal parti. Pourtant, 2011 pourrait bien être la bonne pour le XV de France. On vous explique pourquoi en 10 points. 15 ça aurait été mieux, mais franchement on n'a pas trouvé...
- Parce que Marc Lièvremont sait très bien ce qu'il fait (si, si): en 3 ans, le sélectionneur national a testé environ 821 joueurs, 17 charnières différentes, 32 paires de centre, 28 combinaisons en troisième ligne. Enfermé à double tour dans le laboratoire de Marcoussis, il a testé des joueurs à des postes auxquels ils n'avaient jamais joué auparavant, il a lancé des jeunes, voire même des vieux, puis il les a boudé, puis il les a rappelé - ou pas - puis il a re-boudé. C'est simple, il a fait tout et n'importe quoi et plus personne n'y comprend rien. A commencer... par nos adversaires. Equipe caméléon, sans XV type, sans plan de jeu défini, la France est illisible, complètement imprévisible et donc mortellement dangereuse.
- Parce que tout le monde s'en fout: une Coupe du Monde à l'autre bout du monde, avec des matchs à 8h du mat' et les commentaires de Christian Jeanpierre en bonus, c'est quand même pas fait pour tout le monde. D'ailleurs, on parie que vous avez appris l'existence de cette compétition en essayant de zapper sur le téléachat. Et y'a même plus Chabal pour rameuter du touriste. On peut donc penser que sans aucune pression populaire, les Bleus pourront jouer relâcher et enfin exprimer leur plein potentiel.
- Parce qu'on n'a aucune chance, au fond: tomber dans la poule du pays organisateur l'année où la Coupe du Monde revient en Nouvelle-Zélande pour la première fois depuis 1987, c'était déjà pas de bol. Mais alors, avoir la promesse d'un ¼ de final contre soit l'Angleterre, soit l'Argentine, les deux équipes qui prennent un malin plaisir à nous mettre des roustes depuis quelques années... On peut se dire que c'est mission impossible. Or, on sait que XV de France n'est jamais si bon que quand il est annoncé perdant.
- Parce qu'il y a pas de quoi complexer, en fait: en France, on a souvent tendance à se dévaluer. Du coup, on commence à entendre par ci par là qu'on pourrait échouer contre les îles Tonga – qui rappelons est une équipe de catcheurs à moitié obèses évoluant tous en Pro D2. Pourtant, quand on regarde bien, on a là une équipe qui a battu les Blacks et les Boks en 2009. Qui a fait le Grand Chelem en 2010. et que le Stade Toulousain, fournisseur officiel de bêtes de concours, a (encore) gagné la Coupe d'Europe en 2010. Possible on vous dit.
- Parce que la Nouvelle-Zélande est un pays au climat douteux: c'est sûr que les plages de carte postale ou paysages qu'on voit dans le Seigneur des Anneaux, ça fait rêver. Mais la Nouvelle-Zélande, faut aussi la connaître en plein automne : du vent à 180 km/h à vous déraciner un mouton, des orages que même chez votre tatie en Bretagne vous n’avez jamais vu ça, sans parler des tremblements de terre. Des conditions de jeu aussi pourries qui devraient avantager le XV de France, qui possède certes possède un jeu de ligne aussi insipide que celui de la Namibie, mais qui peut au moins s'appuyer sur un pack et une mêlée destructrice – sans doute la meilleure du monde. Et tant pis pour le french flair.
- Parce que cette fois, on n'a aucune chance de tomber contre l'Espagne: et heureusement, parce qu'avec les bras qu'il a, Nadal doit coller des sacrés raffuts. Sans parler des frères Gasol en deuxième ligne.
- Parce qu'on a une botte secrète: les erreurs de la Coupe du Monde 2007 ont été retenues. Plus question de lettre de Guy Moquet avant les matchs. Pour bien galvaniser le groupe, La FFR a cette fois-ci décidé cette année de remettre un exemplaire de « De l'inconvénient d'être né » de Cioran à tous les joueurs du XV de France. Ils pourront ainsi méditer des pensées telles que «Ce n'est pas la peur d'entreprendre, c'est la peur de réussir, qui explique plus d'un échec». Ou encore « On voudrait parfois être cannibale, moins pour le plaisir de dévorer tel ou tel que pour celui de le vomir ». Ca parle forcément à un rugbyman ces choses-là.
- Parce que la voie est libre: on le sait, le XV de France a pour habitude de sortir son gros exploit par Coupe du Monde en ¼ ou en demie, puis de prendre le melon et de perdre piteusement juste après. Mais cette année, le tableau nous avantage : avec la récente victoire de l'Irlande sur l'Australie qui chamboule les pronostics, on peut se retrouver dans un tableau 100% hémisphère nord et des matchs contre les anglais puis les irlandais (ou gallois) pour accéder à la finale. Et les battre n'a rien d'un exploit, puisqu'on le fait déjà régulièrement dans le Tournoi. Les Bleus peuvent donc garder leur carte « joker match du siècle » en poche pour la finale.
- Parce que le mouton noir est plus là: bon, on n'a rien contre Yoann Huget, qui est un gentil garçon, et un bon joueur de rugby avec l'Aviron Bayonnais. Mais il porte la poisse. 6 sélections, 3 défaites, dont deux des plus humiliantes de l'Histoire du rugby français : les 60 pions pris à domicile contre les Wallabies, puis la première défaite contre l'Italie dans le Tournoi. Conscient qu'il était un danger pour le groupe, Yoann s'est auto-exclu en ratant volontairement 3 contrôles antidopages. En tout cas on espère pour lui que c'est ça, parce que sinon c'est un peu con...
- Parce que c'est notre dernière chance: des 5 grandes nations du rugby, la France est la seule à n'avoir jamais remporté la Coupe du Monde. Etant donné qu'on va tous mourir en 2012, ce serait quand même une vachement bonne idée de réparer cet oubli...
Et vous, vous en voyez d'autres ?