Si l’écologie est l’affaire de tous, on est encore nombreux à commettre des impairs dans notre croisade vers l’écoresponsabilité. Le collectif EDENI fait partie des experts et co-organisateurs de la campagne #onestpret, ils sont notamment à l’origine des fameux bootcamps en transition écologique. Leur concept est simple, faire vivre des expériences immersives pour passer de l’introspection à l’action en 6 semaines. Ils travaillent avec un comité scientifique qui les a aidé à définir entre autre ces fausses bonnes idées écolo.
S'offrir une liseuse
Un livre ? C’est plein de papier. Or papier = arbre coupé. Donc papier = pas bien. La liseuse s’impose alors comme une super solution écolo. SAUF QUE NON. Le cabinet Carbone 4 a réalisé un bilan carbone pour Hachette Livre montrant que l’impact écologique du livre papier est largement inférieur à celui d’une liseuse électronique. Et c’est assez logique, parce que malgré notre grande voracité littéraire, on lit rarement plus de 10, 15 livres par an en moyenne. Or il faudrait lire plus de 60 livres chaque année et les jeter après usage pour que l’impact carbone du papier (couper des arbres, récupérer la cellulose, la blanchir au chlore, solvants, eau, transport, machine, emballage etc…) atteigne celui d’une liseuse électronique sur une durée de vie moyenne de 5 ans (batterie en terres rares, extraction minière, transports, solvants, énergie, obsolescence etc.).
DU COUP A LA PLACE : empruntez plutôt vos livres à la bibliothèque, à vos potes, ou achetez-en chez votre libraire de quartier et prêtez-les. Au pire en dernier recours, vous pouvez aussi arrêter de lire et regarder juste votre plafond. Mais c’est vrai que c’est moins fun.
Le recyclage et les matières recyclées
Attention on ne vous dit pas non plus d’arrêter tout recyclage. Mais plus de prendre conscience qu’il est très imparfait. En France, moins de 20 % des matières recyclables sont recyclées, et encore… au prix d’un gaspillage de ressources énergétiques énormes, en transports, triage, température de fonderie, moulage, reconditionnement… Toujours de manière partielle, toujours en 2 ou 3 cycles maximum, au prix d’une dégradation de matière manifeste à part dans certaines conditions pour le verre. Bref, mieux vaut recycler moins que plus, en préservant la matière existante.
DU COUP A LA PLACE : on prend le taureau par les cornes et on limite surtout notre production de déchets dès l’achat en favorisant le vrac.
Le végétarisme pour tous
Etre végétarien, un objectif écolo ? Pas vraiment. Ce régime exclue de manger de la chair animale, donc pas de viande, ni de bœuf, ni de volaille, ni de poisson. En revanche, à la différence d’une éthique vegan, le végétarisme ne s’oppose pas à la consommation de produits issus de l’exploitation animale, comme les produits laitiers (fromages, lait, beurre…), les peaux (cuir, fourrures etc.), les œufs, le miel des abeilles domestiquées (les moins pollinisatrices et en compétition avec les sauvages…). Et si tout le monde arrête de consommer de la viande tout en continuant de consommer des produits laitiers, ça consommera maintiendra autant d’élevages intensifs. Donc concrètement le végétarisme ne suffit pas. Si le véganisme est plus engagé encore il n’est pas exempt non plus de quelques impairs écologiques, le marketing qui encadre la consommation végan entraîne lui aussi des déchets…
DE COUP À LA PLACE : mieux vaut réduire sa consommation de produits issus de l’exploitation animale sur tous les plans, plutôt que d’arrêter radicalement un seul aspect sans considérer les autres.
Opter pour un sapin en plastique ou un sapin issu de plantations françaises et responsables
Comme on s’en doute, un sapin de Noël en plastique… est en plastique. Pas écolo DU TOUT donc. Et un sapin venant de plantations responsables ? bah, c’est quand même un arbre qu’on abat, du transport et un bilan carbone pas top pour quelques semaines dans ton salon. Alors si tu tiens vraiment à avoir un truc décoré dans ton salon tu peux aussi prendre ce tabouret qui ne te sert à rien et l’orner de décoration en pelures de courge.
DU COUP À LA PLACE : perso j’ai jamais mis de sapin dans mon salon à Noël et je me porte très bien.
Le dentifrice à base de bicarbonate de soude
Beaucoup de blogs bien attentionnés mais mal renseignés recommandent des recettes de dentifrice à base de bicarbonate, ingrédient abrasif et antibactérien réputé blanchisseur. S’il remplie en effet ces fonctions et peut être utile à petite dose (une fois par semaine max), il peut en revanche détruire l’email et ne peut en aucun cas représenter une alternative recommandable à grande échelle.
DU COUP À LA PLACE : bah la je vois pas autre chose que de regarder cette vidéo et vous faire votre dentifrice vous-mêmes avec de l’argile blanche, ça a l’air tellement simple, je m’y colle dès ce soir.
Lessive liquide (même maison)
La lessive liquide nécessite d’utiliser de grands contenants, du coup on en met statistiquement plus, et ça peut plus facilement encrasser les canalisations…bref. On n’y pense pas souvent mais on ferait plutôt mieux d’utiliser une lessive en poudre. Plus simple, plus économique, plus écologique. Bref, plus simplécogique en résumé. Recette maison à suivre dans la vidéo ci-dessous.
DU COUP À LA PLACE : coucou la lessive en poudre ! Oh et puis sinon arrêtons de laver nos fringues. On en a trop et en plus on les lave trop, c’est la double peine dans nos machines à laver.
L'huile de coco tout feu tout flamme
L’huile de coco est sur les lèvres de n’importe quel apprenti écolo. Or, en France, savez-vous combien de noix de coco sont produites sur le territoire ? Bah aucune. Donc à moins de ne pas pouvoir faire autrement (CF. recette du dentifrice), on essaie de l’utiliser avec parcimonie (j’adore cette meuf) et surtout on essaie de choper de préférence d’autres huiles locales. Sauf si on vit à Bali et que les noix de coco poussent à foison sous vos pieds.
DU COUP À LA PLACE : l’huile de tournesol ou l’huile de chanvre bio, y’a que ça de vrai.
Les huiles essentielles en veux-tu en voilà
La fabrication des huiles essentielles peut être propre (les bio) mais requiert de très très grandes quantités de matières premières. Ces végétaux sont cultivés sur de grandes surfaces agricoles au détriment des cultures dédiées à l’alimentation, et nécessitent parfois de l’eau et dans tous les cas des transports, des transformations etc. Leur bilan carbone est donc loin d’être neutre, surtout pour des huiles essentielles exotiques. De plus, elles contiennent des principes actifs médicaux à ne pas prendre à la légère.
DU COUP À LA PLACE : limite l’usage d’huiles essentielles surtout pour les chats, les femmes enceintes et les enfants (tu peux revoir l’ordre de priorité mais les chats c’est quand même plus important).
Les microfibres
Que ce soit dans des lingettes ou des vêtements, les microfibres peuvent être fabriquées à partir de végétaux comme du bambou (et dans ce cas, pas de problème, tu gardes ta place réservée au paradis des écolos) mais la plupart du temps elles sont en matières plastiques. Hors ces microfibres se détachent à chaque lavage à la main ou en machine, et aucun filtre ne permet à l’heure actuelle de les filtrer. Elles se retrouvent toujours en bout de chaîne dans nos sols, nos intérieurs, nos océans… et donc dans nous (si, si, là à l’heure où je te parle il y a des microfibres qui se tirent la bourre dans ton bide). Elles perturbent nos circuits hormonaux et détruisent la biodiversité marine.
DU COUP À LA PLACE : Déjà, on achète moins de vêtements, ensuite on achète des vêtements de qualité (qui ne vont pas boulocher dès le premier lavage) et si possible en matières végétales.
Manger à tout prix des produits bios
OK les produits bios c’est très bien et on ne peut que vous pousser à les embrasser amoureusement. Mais il semblerait que le plan écologique, le mieux soit encore de consommer des produits issus de circuits courts (qui s’inscrivent généralement dans une démarche écoresponsable) plutôt que des citrons bios qui viennent d’Argentine par exemple. Le circuit court, y’a que ça de vrai, et en plus c’est moins cher. Donc va donc trouver une AMAP, ou une Ruche de La Ruche Qui Dit.
DU COUP À LA PLACE : passion circuit court.