Bonjour, j’ai beau avoir mis à l’honneur le jeu star de Nintendo, je suis une des plus grosses bouses de l’histoire du cinéma, je suis, je suis ?? SUPER MARIO BROs. ! Bon en même temps c’était dans le titre…
Alors que sort au cinéma le film d’animation Super Mario Bros., il est d’utilité publique de rappeler qu’une adaptation des aventures du plombier le plus célèbre du monde a déjà vu le jour, et la chose la plus importante qu’on puisse dire c’est que c’était raté pour bien des raisons et que les gens qui l’ont vu s’en souviennent. On vous propose donc de faire une petite autopsie du cadavre encore fumant de cet échec critique, commercial et cinématographique qui était un véritable doigt d’honneur à la licence la plus célèbre de Nintendo.
Tout commence lorsque Roland Joffé, réalisateur ayant décroché la palme d’or à Cannes pour son (très bon) film Mission parvient à récupérer les droits d’adaptation de Mario auprès de Nintendo après une longue demande pour produire un film sur le plombier moustachu (il ne le réalisera pas lui-même, Rocky Morton et Annabel Jankel s’en chargeront). L’idée est toute simple : faire une adaptation au cinéma de la mascotte Nintendo qui pourrait bien éclater la petite tronche de Mickey dans le pays où il est roi : les États-Unis. Autant vous dire que le projet a été encore plus raté que la blague que j’ai voulu faire à huit ans en me cachant dans le cercueil de mon oncle le jour de l’enterrement (les gens n’avaient pas trop ri).
D’une part le scénario n’a pas arrêté de changer et ce même une semaine avant le début du tournage : alors que les décors et pas mal d’accessoires avaient été fabriqués une nouvelle version du script est tombée. Le texte en lui-même était déjà loin, très loin de l’univers qu’il essayait d’adapter mais nous y reviendrons.
Le tournage s’est déroulé dans une cimenterie abandonnée assez grande pour y construire une fausse rue, des décors « en dur » qui allaient d’une part coûter un paquet de pognon et d’autre part ne ressembler en rien au joli petit monde des champignons qu’on peut voir dans le jeu. Genre vraiment pas du tout. Avec tous ces changements intempestifs et ces directions contraires l’un des deux réalisateurs a même brulé son story-board d’énervement en découvrant un beau matin qu’il devait tourner une nouvelle séquence qui foutait en l’air ses plans. Le studio interdisait d’ailleurs aux réalisateurs de parler avec le scénariste, ce qui n’est JAMAIS une bonne idée, sans parler des acteurs comme Dennis Hopper (Bowser) qui pétaient un plomb devant tant d’amateurisme.
Avec un tournage aussi chaotique, le film ne pouvait clairement pas prendre de bonne direction et le résultat final s’en est ressenti : la production a coûté 48 millions de dollars et n’en a rapporté « que » 38 autour du monde. Les gars ne sont même pas rentrés dans leurs frais miskine.
Mais en dehors d’un scénario décousu à cause de multiples réécritures, d’un tournage chaotique à cause de points de vues différents (le producteur Roland Joffé a réalisé l’introduction du film sans prévenir les deux autres réalisateurs), d’acteurs pas du tout convaincus et clairement désintéressés du film, qu’est-ce qui a bien pu tuer ce projet et faire sortir cet immonde tas de merde sur nos écrans ? En un mot, l’incompréhension.
« L’incompréhension de quoi ? » vous allez me dire, eh bien l’incompréhension du jeu Super Mario d’une part, mais également l’incompréhension des jeux vidéo au sens large du terme. L’un des réalisateurs a tenté de se dédouaner du produit final en disant que sa version du film devait être « proche du Batman de Tim Burton », ça vous donne une idée d’à quel point il était à côté de la plaque. Parce que si vous avez déjà joué à n’importe quel jeu Mario (ici on devrait en plus uniquement compter ceux sortis avant 1993) il n’y a aucun foutu rapport avec le Batman cartoonesque de Burton.
Mario évolue dans un monde coloré, chatoyant, proche de l’univers du conte en reprenant le mythe du chevalier qui doit combattre un dragon pour libérer une princesse en ajoutant des subtilités de « gameplay » comme sauter sur les ennemis en forme de champignon car ils ont des formes de bumper, passer dans des tuyaux car ils répondent à des instincts de joueurs (et correspondent au côté plombier de Mario), récupérer des pièces, et parcourir des niveaux pour arriver à la fin de l’aventure. Commencer par comprendre le jeu vidéo (et en l’occurence celui de Mario) était le premier pas pour faire une bonne adaptation, mais ça n’a pas du tout marché comme ça.
Les différences d’adaptation sont nombreuses : déjà le royaume champignon devient un New-York cyberpunk dégueulasse qui pue la pollution et la crasse (c’est comme si on avait adapté Sonic en le faisant évoluer à Saint-Ouen, ça ne fonctionne pas une seule seconde), c’est Luigi qui a une romance avec Peach (Daisy dans le film) car pour Hollywood Mario est visiblement trop gros pour avoir une histoire d’amour, Toad (le champignon) devient un chanteur babos, Yoshi devient un dinosaure dégueulasse, Bowser devient aussi un dinosaure dégueulasse et tout l’univers du jeu est complètement altéré. On ne parle pas de petits changements basiques, mais bien d’une réécriture complète qui au final ne garde que les noms des personnages principaux et la couleur de leurs vêtements, le reste n’existe même plus.
Le pire dans tout ça c’est qu’on ne trouve aucune preuve dans le film qu’il a tenté à un seul instant de respecter l’univers du jeu. Chaque nouvel aspect du film est un véritable doigt d’honneur à l’univers et aux personnages du jeu.
Le film a forcément donné une mauvaise image des adaptations de jeux vidéo à l’écran et ne nous mentons pas, c’était pas la dernière fois qu’un jeu était mal adapté (coucou Max Payne, House of the dead et autres Resident Evil). Le problème ici est que le film a été adapté pour les mauvaises raisons : uniquement faire du pognon en surfant sur la célébrité d’une oeuvre pré-existante. On ne dit pas qu’une production ne doit pas penser au profit en faisant un film, mais de là à chier sur le produit de base sans chercher à le comprendre ça ne pouvait que foirer.