C'est lundi, c'est un top méchant. La rentrée amène souvent son lot de nouveautés, même au bureau. Et si vous n'en avez généralement rien à carrer dans la mesure où votre préoccupation première va au bon fonctionnement de la machine à café, il arrive pourtant, parfois, que la dure réalité vous rattrape: une nouvelle tête débarque dans la boîte. De façon tout à fait irrationnelle vous détestez déjà cette créature que nous appellerons Bizut pour plus de commodités. Arrêtez de vous voiler la face: vous vomissez Bizut (et vous avez sans nul doute toutes les raisons du monde de le faire); voici 10 signes qui ne trompent pas et qui vous déculpabiliseront.
- Bizut décuple votre créativité
Dans d’hallucinantes proportions. Vous n’aviez pas fait montre d’une telle fulgurance depuis la fois où vous avez passé 5h sur Photoshop à remplacer votre tête par celle d’un sous-fifre de la compta sur les photos de la partouze syndicale « cravachons le patronat » annuelle. Vous avez décidé de transformer cette haine en création et de vous laisser envahir par le souffle démiurge de l’art brut. Notez tout de même qu’écrire « crève raclure » avec vos excréments sur sa place de parking est une radicalisation certaine dans votre cheminement artistique. - Vous ne pouvez vous résoudre à considérer Bizut comme une personne à part entière :
Vous savez que cette fruste créature au regard bovin a un nom, et pourtant vous ne la dénommez que sous le doux sobriquet de « lavement ». Parfois vous variez un peu (vous étiez plutôt content-e de « dessous de bidet » ou « chiotte de prison ») et vous vous êtes même fait violence en tentant un pas sur le chemin de la camaraderie : vous lui avez soumis une petite liste de surnomshumiliantscocasses pour que votrevictimecollègue en choisisse un. Si ça, ce n’est pas de la bonne volonté... - Son existence vous emmerde :
Sa viscosité rampante imposée par l’odieuse proximité prolétarienne a eu raison de votre patience d’ange. Cette personne parvient à vous vriller les nerfs juste en reniflant. Vous déployez des trésors de patience et un calme olympien d’autant plus méritoires que personne autour de vous ne semble prendre en compte vos efforts surhumains pour ne pas arracher un bras à cette créature et la battre avec jusqu’à avoir vous-même mal aux coudes. Aux couDES, et non pas ce à quoi vous pensez, puisque l’horrible bizut vous les a déjà métaphoriquement broyées le jour où il/elle a osé respirer le même air que vous. - Bizut a fait de vous une bête assoiffée de sang :
Vous sentez la haine, vous transpirez la violence et au lieu de faire semblant de travailler comme à votre habitude, vous employez 95% de votre temps à fomenter des plans machiavéliques pour éradiquer cette créature. Les 5% restants étant consacrés aux graffitis obscènes que vous ne manquez pas de gribouiller rageusement sur son bureau. Sa plainte pour harcèlement moral et atteinte aux bonnes mœurs vous ayant rendu-e encore plus furax, vous confectionnez des armes pendant la pause-déjeuner : vous vous êtes fabriqué une gégène d’appoint avec deux agrafeuses et une batterie de bagnole. A la guerre comme à la guerre. (d’Algérie) - Ses manies vous donnent envie de tuer Bizut
Mais de chagrin. Pour son propre bien, en somme (vous êtes altruiste). Quand elle/il débite platitudes ineptes sur désolantes énormités en réunion, vous êtes dans l’obligation physique de courir vous enfermer aux WC pour hurler « MAIS FERME TA GUEULE ! » Puis de passer vos nerfs sur le premier venu en lui écrasant la tête sur la photocopieuse ou en mettant le feu à ses dossiers. - Bizut fout la merde
Avant son arrivée votre monde tournait aussi harmonieusement qu’une Gatling. Votre statut desociopathecollègue-à-ne-pas-emmerder était bien installé et vous arpentiez fièrement les couloirs accompagné-e du doux crépitement des claquements de dents effrayés de vos faibles comparses opprimés comme il se doit. Cette impudente créature ignorante des mœurs de votre royaume a tout foutu par terre en contestant votre autorité dès le premier jour : non seulement Bizut a osé vous regarder dans les yeux mais en plus a eu l’outrecuidance de vous contredire, et, comme si ça ne suffisait pas, a étalé son gros cul à VOTRE place à la cantine. La multitude veule et lâche sentant le vent tourner a rallié Bizut sonnant ainsi le glas de votre hégémonie. De Graeme Souness vous êtes passé-e à Hugo Lloris, autant dire la déchéance. - Bizut est odieusement lèche-cul
Et n’hésite pas à se poser en victime sous le fallacieux prétexte de votre prétendue agressivité. Comme si enduire de colle industrielle son fauteuil et lui scotcher un panneau« 10 euros l’amour dans les fesses » sur le dos avant de lâcher Bizut en pâture à des ex-détenus faisait obligatoirement de vous une mauvaise personne. Bizut étant trop mesquin-e pour reconnaître à leur juste valeur vos innocentes facéties taquines qui faisaient jadis la joie de vos collègues, tout le monde prend sa défense et vos patrons osent vous réprimander, ignorant vos menaces régulières de divulguer les vidéos du dernier séminaire « nécro-zoophilie, le droit de dire oui ». Le monde va mal. - Bizut n'est même pas sexuellement envisageable
Bizut ne suscite en vous qu’une colère difficilement contenue et une rage qui ne demande qu’à exploser-comme sa tête quand vous la ferez rebondir sur du bitume. Pourtant autrefois vous n’étiez pas du genre à laisser votre part aux chiens, et si votre patron ne vous a pas viré-e après vous avoir surpris en pleine action sur son bureau c’est uniquement parce que vous avez pris sur vos RTT pour le détacher du radiateur de la salle de repos. Vous n’avez plus la tête (ni le reste) à la bagatelle, et la perspective d’un coït cégétiste avec les prolétaires rugueux des classes laborieuses de la boîte ne vous excite même plus. Bizut vous mine la santé. - Bizut vous donne le syndrome de Tourette
Dès que Bizut l’ouvre, vous ne pouvez vous empêcher de répéter « pute pute pute pute pute » alors que vous avez un grand respect pour les prostutituées qui n’ont pas un métier facile et à qui l’on ne peut décemment imputer la maternité de cet enfant du Diable. Bizut a fait de vous un monstre de foire. - Bizut est médiocre
Vous l’avez tout de suite deviné, mais personne ne vous a écouté. Pourtant votre expérience en sabotage d’entreprise fait de vous la référence en matière de nuisance organisée. L’ennui, c’est que Bizut fait de la merde INVOLONTAIREMENT et se croit tout de même génial-e. Et ça c’est intolérable.
Et vous, lequel de vos collègues vous ne pouvez pas blairer?