On entend souvent des gens dire « j’ai été bloqué quinze minutes dans le métro, il faisait chaud et y’avait du monde, c’était vraiment l’enfer » mais est-ce vraiment là une représentation réaliste de ce que nos ancêtres ou frères croyants de diverses religions considèrent comme l’Enfer ? Pas vraiment. Assez étonnement, on retrouve pourtant ce principe de monde de l’au-delà où se rendent les âmes qui ne méritent pas leur place au Paradis dans de nombreuses religions et mythologies et on a décidé d’en faire un petit tour d’horizon, histoire de voir quel était le moins pire et par conséquent quelle religion adopter juste avant notre mort.
L'Enfer Mésopotamien, la version 1.0 du concept
Historiquement, on peut parler de l’Enfer Mésopotamien comme le « premier » ayant existé, ou du moins le plus ancien répertorié. L’endroit se trouve sous terre (une particularité qu’on retrouve souvent) et est souvent représenté comme une grande citadelle morne où il ne fait pas forcément bon vivre. Les morts s’y retrouvent lorsqu’ils quittent leur enveloppe terrestre et y demeurent pour l’éternité sans affection, sans but et sans joie.
Petite particularité notable, chez les Mésopotamiens TOUT LE MONDE va en Enfer à part les rois et les princes, ce qui est plutôt sévère. Ce petit lopin de terre est géré par Ninazu, roi des Enfers et sa femme Ereshkigal, la reine des morts, deux divinités importantes des religions Mésopotamiennes. Si vous voulez en apprendre davantage on vous conseille d’aller lire le mythe de la descente aux Enfers de la déesse Inanna, une histoire qu’on peut qualifier de plusieurs choses mais pas de joyeuse, peu de chances que ce soit adapté par Pixar.
L'Enfer Grec (fonctionne aussi pour les Romains vu qu'ils ont tout pompé dessus)
Le royaume d’Hadès est probablement l’Enfer mythologique qu’on connait le mieux tant sa représentation dans la culture populaire est étendue. L’Enfer Grec est le monde de tous les morts mais est divisé en plusieurs endroits : les Champs Élysées où vont les héros et les gens bons, les Prairies d’Asphodèle où vont les gens plus communs pour passer l’éternité sans réelle saveur, le Champs du Châtiment où vont les fautifs et surtout le Tartare, qui tient son nom du Dieu qui le garde et concerne les criminels et les très mauvaises personnes.
Le Tartare est un endroit où aucune plante ne pousse, brumeux, marécageux, malodorant et aux eaux sales et poisseuses. C’est aussi l’endroit où habite Hadès, afin de bien faire flipper les prisonniers et les âmes pécheresses qui y sont gardées captives. Pour passer le temps il n’y a pas vraiment d’occupation, il s’agit surtout de subir des supplices en continu pendant l’éternité et de ne jamais pouvoir quitter l’endroit. Globalement une très mauvaise moyenne sur EnferBnB.
L'Au-Delà Égyptien
La mythologie Égyptienne avait une vision différente de la mort, en résumé les défunts sont toujours considérés comme vivants mais passent par plusieurs stades et endroits au cours de leur « voyage ». La mort est considérée comme une étape de la vie mais pas son point final. On peut retrouver ce concept chez le Dieu Rê, créateur de l’univers et divinité solaire qui « meurt » à chaque fin de journée pour aller se ressourcer dans le Douât et revenir vivant au matin, perpétuant un cycle de vie éternelle et celui du soleil par la même occasion. Autre particularité, l’Au-Delà Égyptien est situé à plusieurs endroits : sous-terre, sur la terre et dans le ciel.
Si on trouve certains endroits où les bonnes âmes (les BienHeureux) peuvent vivre des jours cléments comme les Buttes Pures et le Champ des Offrandes, il y a également des endroits moins sympathiques. C’est le cas des Fosses Ardentes par exemple, où les damnés ont les mains ligotées et se font étriper et brûler chaque jour par des dieux courroucés et dévorer par des lions, des crocodiles ou des hippopotames. Après la pesée du cœur qui définit si un défunt a pêché (il faut que son cœur soit plus léger qu’une plume) les mauvaises âmes se retrouvent dans cette partie de l’au-delà et leurs dépouilles font pousser l’orge qui nourrit les BienHeureux. Sympa, non ?
L'enfer de l'Hindouisme
Plusieurs endroits divisent le monde des morts dans la religion hindouiste, parfois appelé le Naraka (également le nom de l’enfer du Bouddhisme) est celui qui se rapproche le plus de l’Enfer dans le sens péjoratif du terme. Certaines personnes y séjournent seulement avant de se réincarner en une créature inférieure, mais les plus gros pêcheurs y restent pour une durée proche de l’éternité. Déjà pour y accéder, il y faut se taper une longue randonnée qui ferait passer le GR20 pour un terrain de jeu pour enfants : la traversée de marais, de désert, de rivière de pus, d’urine et de sang.
Plusieurs enfers divisent le Naraka, possédant chacun leurs propres supplices et souffrances qui correspondent aux actions du damné. Vous pouvez à loisir vous faire brûler, couper, congeler, manger, piquer, écarteler et bien d’autres loisirs pas franchement conviviaux. L’un des enfers du Naraka est par exemple une forêt dont les arbres ont des feuilles extrêmement coupantes, les défunts y avancent donc en se faisant entailler en permanence. Et le sol est recouvert de braise aussi. Ah, et lorsque le défunt tombe au sol à cause de ses souffrances et qu’il n’en peut vraiment plus, il y a visiblement des chiens qui viennent pour le bouffer.
Le Yomi, l'enfer Japonais
À mi chemin entre mythologie chinoise et shintoïste, le Yomi est le monde des morts et est également appelé le monde des impurs. Sans surprise il se trouve sous terre, parce que c’est généralement le cas. Ici c’est la déesse Izanami qui tire les ficelles, à la fois déesse de la création et de la mort, sorte de chef de projet de votre vie qui est elle-même forcée d’y résider. Les autres habitants de cet endroit assez peu accueillant (en plus des autres damnés) sont les shikome, traduit littéralement par « les vieilles femmes laides ».
La particularité de cet enfer est qu’il n’y a pas forcément de tortures ou supplices perpétrés sur les défunts si ce n’est le fait d’y habiter pour le restant de son éternité. C’est un endroit sombre, froid et incolore où restent les corps des morts. C’est là l’autre particularité du shintoïsme : seul le corps va en enfer car l’âme monte automatiquement vers l’au-delà lors du décès, ça sauve déjà une moitié de la personne.
L'enfer Bouddhiste (Jigoku ou Naraka)
Difficile d’expliquer en quelques lignes les nuances de la vision de l’Enfer de cette religion sachant qu’il y existe près de trente enfers différents et que des aspects sont partagés avec l’Hindouisme et Jaïnisme. Les enfers bouddhistes sont divisés en catégories, il y a par exemple huit enfers glacials et huit enfers brûlants qui sont eux-mêmes jouxtés de seize autres enfers. Un beau bordel.
Chaque enfer possède ses propres souffrances et supplices, ce qui ajoute une autre similarité avec l’Hindouisme. Généralement les damnés y subissent des horreurs avant de se réincarner et d’enfin atteindre le Nirvana. Si vous avez envie de marcher dans le froid mordant en voyant des plaies dévorer votre peau on vous conseille l’un des enfers glacés, mais si vous préférez être réduit en cendres dans une gigantesque marmite ou être piétiné par des éléphants géants en fer alors réservez plutôt dans les enfers chauds, c’est à la carte.
L'enfer Chinois, le Diyu
Le Diyu est un mélange entre le Naraka bouddhiste et hindouiste et de certaines croyances taoïstes. Il y est donc également question d’un passage temporaire de l’âme avant son éventuelle libération par la réincarnation. Cela se présente comme un gigantesque labyrinthe sur plusieurs niveaux dont les parties sont en relation avec le pêché commis par le défunt. Vol, meurtre, adultère et autres crimes ont alors un « espace dédié » où l’âme est purifiée.
Côté loisirs le Diyu n’est pas en reste, on peut se faire découper à la scie, être forcé d’escalader des arbres épineux, se faire réduire en poudre, se faire démembrer par des chariots, escalader une montagne recouverte de couteaux ou encore se faire peler la peau. Chaque punition est intimement liée à un crime et lorsque le défunt a expié ses péchés, une vieille femme vient lui faire boire un breuvage qui lui fait tout oublier. Ensuite, il revient dans le monde des vivants en étant réincarné. Parfois, c’est mieux de pas se souvenir.
Helheim, l'Enfer Nordique
Les vikings avaient une vision de la mort très binaire : les héros, guerriers et valeureux avaient l’honneur d’aller séjourner à Valhalla si les walkyries choisissaient leurs corps sur les champs de bataille mais pour le reste des morts c’était le royaume de Helheim. En gros presque tout le monde allait en Enfer : morts de vieillesse, enfants, malades, paysans et gens globalement normaux n’avaient d’autres choix car seule une mort héroïque permettait d’aller au paradis.
L’endroit est gouverné par l’une des filles de Loki, la déesse Hel dont le corps est à moitié celui d’une jeune femme et celui d’un cadavre putréfié. On y arrive par une rivière (dont le symbole est proche du Styx Grec) et on n’en repart jamais. À l’intérieur il fait froid, il n’y a que peu de lumière et les âmes errent sans but, en l’attente de la délivrance que sera la bataille finale des Dieux, Ragnarök. C’est pas l’endroit rêvé où passer l’éternité, on ne va pas se mentir.
Si vous aimez la mythologie et en voulez encore on vous propose les histoires drôles de la mythologie grecque, les dieux les plus badass et les conneries qu’on voit sur la mythologie au cinéma.
Sources : Wikipédia, Mythologica, France Culture, Dol Celeb, Universalis, Nautijon.