La création et l’utilisation de surnoms remontent à des temps immémoriaux et nous semblent aussi naturelles que banales. Il convient pourtant de respecter un certains nombres d’usages en la matière.Le présent règlement, élaboré en concertation avec des « locuteurs », des « porteurs » et des « attribueurs » de surnoms, a pour but de légiférer sur cette noble pratique, tout en favorisant au maximum sa montée en gamme. Il est le document fondateur de la Fédération Française du Sobriquet ou du Surnom Hypocoristique (FFSSH), ainsi que son manifeste.Il s’applique à l’ensemble de la communauté mondiale, et fait office de référence absolue sur le sujet, énonçant les 10 règles d’or en matière de surnom.
Règle numéro 1 : le vrai surnom est soit un hypocoristique, soit un sobriquet
La Fédération Française du Sobriquet ou du Surnom Hypocoristique (FFSSH) ne reconnait que 2 types de surnoms :
– les sobriquets, créés à partir d’une caractéristique, d’une singularité ou d’un défaut de la personne surnommée (ex : « Patte Folle »)
– les hypocoristiques, regroupant les surnoms par redoublement expressif (ex : « Jeanjean »), par suffixation (ex : « Pierrot »), et les diminutifs (ex : « Flo »).
En aucun cas les pseudonymes ne peuvent être considérés comme des surnoms, car ils contreviennent à plusieurs règles du présent règlement (Règle numéro 2 notamment). Le surnom en revanche, a toute légitimité à devenir un pseudonyme.
Règle numéro 2 : le vrai surnom ne peut être choisi par son porteur
Le surnom ne pourra en aucun cas être auto-attribué par son futur porteur.
Ledit porteur est légitimement en droit d’aspirer à la désignation d’un surnom « cool », « flatteur », ou « qui claque sa mère », mais il ne pourra pas pour autant le déterminer lui-même, ni même influer sur son processus de désignation.
Il n’est agréable pour personne d’être surnommé « Foie d’taupe » ou « Crottin ». Cependant, lorsqu’un tel surnom est attribué et adopté, il faudra à son porteur s’en acquitter avec fierté, lorsque cela sera possible, ou avec une digne résignation, lorsque cela sera nécessaire.
Le surnom ne se choisit pas, il s’impose, comme l’évidence absolue d’un jugement divin.
Règle numéro 3 : le vrai surnom doit avoir un sens
Il est nécessaire qu’un surnom ait un sens, une histoire ou une raison d’être pour être valable et homologué par la FFSSH.
Ce sens, cette histoire, cette raison d’être, peuvent être lointains, voire même caduques (voir Règle numéro 6), mais ils doivent avoir existé à l’origine.
La FFSSH reconnait qu’il est fréquent que l’origine d’un surnom soit profondément conne, ridicule voire méchante. Les contextes et origines de création suivants restent pour autant autorisés : soirées arrosées, tares physiques, moqueries de l’école primaire, diffamation pure et simple, etc… Telle est la fatalité du surnom.
Contrairement au prénom, le surnom a un lien direct avec son porteur, ce qui le rend infiniment plus cool que son austère parent de l’état civil.
Règle numéro 4 : le vrai surnom doit être reconnu et adopté par plusieurs locuteurs pour être valable
Le surnom ne pourra être considéré valable et homologué que s’il est employé par un minimum de 3 locuteurs. Si cette condition n’est pas respectée, le porteur du surnom est en droit de contester son nouveau baptême, en ne répondant pas lorsqu’on l’appelle, en exprimant son refus du nouveau surnom, ou même en invitant le contrevenant à la présente règle à « aller se faire mettre pour voir ».
Le vrai surnom se doit, pour être adopté, d’être partagé, et doit pour cela être digne d’intérêt : suffisamment juste, malin, inventif, ou décalé pour susciter l’adhésion. Cette règle va dans le sens de l' »auto-régulation qualitative » du code du surnom qui guide chacune des réformes de la FFSSH.
Attention : la mécanique « d’insistance entêtée », aussi dite « méthode du gros relou » donne également d’excellents résultats pour rallier des locuteurs. Ne pas hésiter à la dénoncer.
Règle numéro 5 : le vrai surnom n'est pas nécessairement plus court
Le surnom n’a aucune obligation d’être plus court que le nom auquel il se substitue. Les diminutifs sont bien des surnoms, mais la réciproque n’est pas vraie.
Sur ce point, la volonté de la FFSSH est de promouvoir une évolution naturellement qualitative du surnom. A ce titre, elle prône une diminution drastique des diminutifs par redoublement expressif, tels que « Toto », « Tritri » (comme d’ailleurs les surnoms par suffixation tels que « Jeannot » ou « Clairette »), considérés d’une pauvreté affligeante, ridicules et aussi impersonnels qu’une blouse d’hôpital.
Ces surnoms restent autorisés à ce jour mais doivent être utilisés avec parcimonie. Seule attribution encouragée par la FFSSH : lorsque leur côté ridicule est recherché et assumé par son attribueur et ses locuteurs.
Règle numéro 6 : le vrai surnom survit aux circonstances qui l'ont vu naître
Comme stipulé par la Règle Numéro 2, le vrai surnom doit avoir un sens. Pour autant, il est fréquent, et tout à fait accepté, qu’un surnom soit employé alors que son sens initial n’a plus cours : on parle alors de « persistance illégitime ».
La persistance illégitime est à l’origine du fait qu’un porteur puisse être surnommé « Pipito » jusqu’en Terminale, pour un petit accident urinaire survenu au CP, malgré l’absence de tout accident du même type, après l’événement fondateur.
Le vrai surnom finit par dépasser son sens initial. Il colle à la peau comme un chewing-gum sous une chaussure.
Règle numéro 7 : le vrai surnom ne s'arroge pas le monopole
Porter un surnom n’a rien d’exclusif. Il est tout à fait admis de porter plusieurs surnoms, en fonction des cercles de connaissances, des périodes de la vie, ou des anecdotes spécifiques qui pourraient le justifier.
Aucune limite n’est fixée par la FFSSH, qui encourage même la multiplication des surnoms, ou « polyonomie », tant que ceux-ci respectent l’ensemble des règles du présent règlement.
Règle numéro 8 : le vrai surnom est protéiforme et évolutif
Sous couvert de respect des prérequis de la règle numéro 1, le surnom peut revêtir une infinité de formes et évoluer vers une infinité de directions.
Un prénom peut, par exemple, être utilisé comme un surnom, du moment qu’il n’est pas le prénom originel du surnommé.
Un surnom peut également évoluer, en acquérant, comme le prénom avant lui, un suffixe, un redoublement expressif ou en étant abrégé. On nomme un surnom de surnom un « surnom au carré » et un surnom de surnom de surnom, « un surnom au cube ». Un surnom de surnom de surnom de surnom, ‘un surnom puissance 4″. Un surnom de… (c’est clair pour tout le monde …?)
Règle numéro 9 : le vrai surnom rend fier
L’instauration en règle d’un vrai surnom est un insigne honneur qui confère gloire et reconnaissance éternelle à son attribueur. La réciproque est également vraie. Recevoir un surnom est une joie inextinguible, même si ce surnom est « Cachalot » ou « Micro-pénis ».
la FFSH rappelle qu’il n’y a pas de plus grand déshonneur, d’affront plus important que de se faire appeler par son prénom par ses proches. Cette règle est valable pour tous les prénoms. Pas seulement pour les « Kévin » ou les « Gédéon ».
Règle numéro 10 : le vrai surnom fait (presque) oublier le prénom d'origine
Sera considéré comme le surnom ultime, tout surnom qui colle tellement à la peu de son porteur que, dans une certaine mesure, ils deviennent alors un et indivisible. On parle alors « d’unité parfaite »
Un authentique cas d’unité parfaite se reconnait par le fait que le prénom du porteur n’est simplement pas connu de ses amis et proches (les plus récents).
L’unité parfaite est le phénomène qui vous fait dire : « Stéphane ? C’est qui Stéphane ? Aaaaaah, il s’appelle Stéphane !?!! »
Sous nos faux airs de dictateurs du surnom, on est à l’écoute, à la FFSSH ! Balancez vos propres règles, on verra ce qu’on peut en faire pour réformer tout ça !