La Bourse, c'est une question de confiance. Et d'anticipation de la confiance qu'ont les autres investisseurs. Alors comment expliquer, si peu de temps après la crise qui a frappé les structures financières mondiales, que l'année 2010 ait été celle de tous les records en terme d'introduction en Bourse ? La réponse est très certainement dans ce classement, qui accueille à bras ouverts quelques-uns des pays les plus en vue et qui illustre l'émergence de nouveaux poids lourds de l'économie mondiale, le Brésil, la Russie ou la Chine. Un top pour ravir Jean-Pierre Gaillard. (MàJ mai 2012)
- Petrobras, 70 milliards de dollars (2010) : avant l'introduction du pétrolier brésilien, fin 2010, on avait tendance à qualifier de "fracassante" une entrée levant 20 milliards de dollars. Dans la course aux records qui s'est jouée l'an dernier, Petrobras met tout le monde d'accord avant d'aller prospecter ses gisements off-shore : le pétrole est un placement sûr.
- General Motors 23.1Mlds de $ (2010) : celle qui fut la plus grande entreprise du monde, le parangon de l'économie du pétrole s'était effondré au moment de la crise, comme le symbole d'une époque révolue. Et en 2010, revoilà GM, ses grosses voitures et ses gallons d'essence qui fondent comme neige au soleil. Comme s'il ne s'était rien passé.
- Agricultural Bank of China 22.1Mlds de $ (2010) : les grandes banques d'état chinoises ont fait des entrées fracassantes sur les marchés. L'engouement naissant des Chinois pour la finance, la recherche d'épargne dans un pays qui voit l'immobilier renforcé et l'empire tentaculaire déployé par ces réseaux d'agences bancaires ont suffi à convaincre.
- Industrial and Commercial Bank of China 21.9Mlds de $ (2006) : avant Agricultural Bank, ICBC, la plus grosse capitalisation boursière du monde avait démarré fort et s'était installée d'entrée sur la première marche du podium, laissant craindre le début de la domination chinoise sur la finance.
- American International Assurance 20.5Mlds de $ (2010) : la filiale asiatique d'AIG était attendue de pied ferme à la Bourse de Hong Kong en cette fin octobre 2010 et ne paie pas le prix des errements de sa maison mère, tout près de la faillite en 2008, mise sous tutelle publique et prise la main dans le sac en train de distribuer des bonus indécents il y a un an. Ils ne lisent pas les journaux à Hong Kong ?
- NTT DoCoMo 18.4Mlds de $ (1998) : le numéro 1 japonais de la téléphonie mobile a toujours su innover et réussit un gros coup en pleine vague "Nouvelle Economie". Les créateurs de la norme W-CDMA (techno reconnue depuis) avaient aussi en 2008 lancé un service d'alerte en cas de séisme. Les investisseurs ont certainement eu du nez de se ruer sur une entreprise aussi prévoyante.
- Visa Inc. 17.9Mlds de $ (2008) : une marque aussi bien installée que ce service de cartes bancaires se devait de créer l'évènement lors de son entrée sur les marchés. Et ce n'est pas les défenseurs de Wikileaks qui arriveront à faire trembler ce mastodonte.
- Facebook Inc. 16Mlds de $ (2012)
Entrée spectaculaire pour le réseau social qui donne lieu à des commentaires assez déplacés de la part des "spécialistes" les moins au fait de l'économie numérique : "nous conseillons aux investisseurs, en ces temps de crise, de miser davantage sur l'économie réelle..." En spéculant sur les denrées alimentaires par exemple? - AT&T Wireless 10.6Mlds de $ (2000) : alors que se crève la bulle internet, AT&T crée le buzz à Wall Street avant de lancer sa branche "mobile" dans le grand bain, s'assure le soutien d'investisseurs institutionnels et frappe un grand coup. Cette société s'appelle désormais AT&T Mobility et n'a pas perdu son appétit puisqu'elle envisage d'avaler T-Mobile cette année.
- Rosneft 10.4Mlds de $(2006) : après avoir failli fusionner avec Gazprom, la société russe d'extraction pétrolière se lance toute seule sur les marchés de son pays et à Londres. Du pétrole, des fusions téléguidées par le Kremlin et le vice-Premier Ministre du pays à la tête du conseil d'administration : Rosneft est visiblement une boîte d'avenir.
- Santander Brasil 8.9Mlds de $ (2009) : une filiale "régionale" de Santander, assurant 25% des profits mondiaux du groupe espagnol Santander, se paie le luxe, en pleine crise financière, de devenir la plus grosse entrée en bourse au Brésil et de rentrer dans le Top 10 mondial : maintenant c'est sûr, il faudra compter avec les pays émergents.
Et vous, vous êtes-vous rués sur ces impressionnantes entrées en bourse ? (ou vous préférez garder un peu de monnaie sur vous pour le pain ?)