Que celui qui n’est pas allé faire les magasins pour arriver dans des fringues neuves à la rentrée nous jette la première pierre. Que celui qui n’a pas remarqué combien les couleurs de l’automne-hiver 2011 sont désastreuses se dénonce, et qu’on le lapide. C’est un des soucis majeurs de la mode : la loi de la tendance veut que tous les magasins proposent simultanément les mêmes couleurs, quand bien même elles seraient douteuses. Et parce que c’est le cas cette année, on a trouvé sensé de proposer de bannir certaines d’entre elles, non pas des magasins mais de la surface du globe en fait.
- L’orange brique : déjà, dans orange brique, il y a orange, catégorie à laquelle appartiennent les roux, le gouda et les équipes hollandaises. Alors oui, c’est aussi frais et vitaminé. Mais dans orange brique, il y a surtout brique, et si on recouvre les briques de crépi, c’est sans doute pour une bonne raison.
- Le vert olive : la nature en a placé partout d’elle-même, mais elle a aussi placé des taons et des ornithorynques, si on va par là. Donc on n’est pas obligés de l’imiter.
- Le rose fluo (le fluo en général en fait) : couleur satanique qui a permis l’invention de Barbie, des k-ways, des combinaisons de ski, de l’aérobic, des fiches de révision et de la tecktonik. N’en jetez plus.
- Le bleu turquoise : ce serait certes dramatique d’éradiquer cette couleur du Club Med et des criques sauvages, mais ça empêcherait un certain nombre de sujets féminins de se l’étaler à la truelle sur la paupière.
- Le rose fuchsia : se retrouve la plupart du temps sur des bouches quinquagénaires, voire dérape sur des dents du même âge, mais aussi sur des survêtements en velours has never been. L’association à un nom de fleur n’exclue en rien ces deux chefs d’accusation.
- Le kaki : aussi appelé dans certaines variantes le caca d’oie. CQFD.
- Le gris béton : aussi appelé gris administration, il caractérise la plupart des constructions post-Seconde Guerre mondiale jusqu’aux années 1970 et donne une impression immédiate d’ennui profond et/ou de délabrement.
- Le mauve lilas : couleur qui devrait être interdite en vertu des nuances de fard à paupière à vomir qu’elle autorise, ainsi que des combinaisons florales désastreuses qu’elle permet sur une robe d’été.
- Le bleu persan : facilement repérable car prend d’assaut les manteaux d’hiver depuis environ deux ans. Extrêmement désagréable de se faire agresser visuellement par une sorte de quatrième dimension entre le bleu et le violet.
- Le jaune ocre : les hommes de Neandertal y avaient notamment recours pour peindre dans les grottes. Plusieurs possibilités : d’une, dans les grottes on s’éclairait à la torche, donc on n’y voyait pas forcément très bien. De deux, le choix de couleurs n’était pas folichon, d’où on peut éventuellement être indulgent envers cette évidente faute de goût. Mais un pull jaune ocre, non, vraiment, on ne voit pas.
Et vous, vous en voyez d'autres ?