Par « peuple mystérieux », nous n’entendons pas « peuple de gens qui portent des lunettes noires en écoutant du jazz et en fumant des gitanes », mais « peuples dont on ignore à peu près tout si ce n’est qu’ils ont existé, créé des choses, et disparu sans laisser de traces ». Cette précision apportée, les histoires successives de ces civilisations pour la plupart disparues en disent long sur notre espérance de vie en tant que société.
Les Basques
Bon, si, on sait qui sont les Basques. Depuis l’Antiquité, on sait qu’ils sont là, à mettre des y et des x partout. Par contre, on ne sait pas vraiment d’où vient leur langue, le basque, qui est, selon les linguistes, le seul isolat encore vivant en Europe de l’Ouest, c’est-à-dire une langue qu’on ne peut pas rapprocher d’une autre langue. Seuls les Basques parlent basque et le basque est issu lui-même du basque ancien. CQFD. Apparemment, les Basques se seraient alliés aux Romains, ce qui aurait aidé à la préservation de leur langue. C’est une théorie parmi d’autres. On ne sait pas trop.
Les habitants de l'Île de Pâques
Les premiers habitants de l’Île de Pâques auraient atteint ses rives entre 700 et 1200 ans avant JC. D’eux, il ne reste plus rien, si on met de côté bien sûr les statues qui font les belles heures des couvertures du National Geographic. Il y en a 900, quand même. Ils sont restés là quelques siècles, faisant la navette entre les îles, puis un jour ils ont dû se rendre à l’évidence qu’ils s’ennuyaient ou qu’il n’y avait plus rien à bouffer, ou tout autre chose qu’on se dit dans le blanc des yeux au cours de cérémonies rituelles et hop ! Ils ont plié bagage. Mais genre plié plié, puisqu’il ne reste rien sur l’île à part les statues, qui ne rentraient pas, elles, dans les bagages.
Le Pays de Pount
Terre fantasmagorique, le Pays de Pount n’a d’existence avérée que dans les écrits égyptiens. On estime qu’il était situé sur le territoire actuel de la Somalie ou du Soudan, bref au Sud de l’Egypte. Certains historiens pensent qu’il s’agissait d’une sorte de civilisation égyptienne bis, très influencée par son grand cousin plus au Nord ; d’autres, au contraire, gagent que le Pays de Pount avait développé sa propre culture et sa propre langue. C’est que les écrits le concernant sont tout à fait divers. On peut lire dans certaines descriptions que les habitants du Pays de Pount habitaient des huttes en suspension par dessus les rivières et avaient des pouvoirs magiques. On peut en douter, en tous les cas pour les pouvoirs magiques. Mystère et boule de gomme.
Les Chachapoyas
Le terme Chachapoya peut être traduit par « peuple des nuages ». C’est que les Chachapoyas, un peu peuple contemporain des Incas, vivaient dans les hauteurs de la partie péruvienne de la Cordillère des Andes. Si les premiers écrits décrivant ce peuple datent de la colonisation espagnole, ce n’est que tout récemment que les nécropoles des Chachapoyas ont été mises à jour, permettant d’imaginer un peuple de guerriers qui aurait tenu tête à l’Empire Inca. Les Chachapoyas accrochaient leurs maisons à flan de falaise, au-delà de 3000 mètres. On estime que le peuple a été conquis par les Incas autour du XV° siècle. Mais les recherches se poursuivent et de nombreux sites continuent d’être découverts.
Les Mikea
Comme les habitants du Pays de Pount sauf qu’ils sont, eux, bien en vie, les Mikea sont l’objet de bien des fantasmes. Ce peuple de Madagascar, entrevu à de rares reprises par d’autres Malgaches, est tantôt décrit comme composé d’hommes minuscules ou gigantesques. En réalité, leur histoire est assez récente : il s’agit d’individus qui ont fait le choix de quitter les travaux agricoles pour revenir à un état de chasseur-cueilleur. Ils se sont installés dans des forêts d’épineux et cultivent leur isolement du monde. Face aux interrogations, des chercheurs ont ainsi mené des études génétiques sur les Mikea afin de déterminer leurs origines. Leur conclusion a été que les Mikea ont un patrimoine génétique tout à fait comparable à ceux des autres habitants de Madagascar.
Les constructeurs des hypogées des Pouilles
En moins 1700, une civilisation inconnue bâtit dans les Pouilles des édifices souterrains qui servaient de lieux de cultes et de tombeaux, les hypogées. C’est à Canosa du Puglia que les hypogées en question sont les plus nombreuses et les plus spectaculaires. Si les Dauniens ont ensuite récupéré les hypogées, ils ne les ont pas toutes construites. Quoiqu’il en soit, compte tenu du travail accompli pour construire tout ça, on peut imaginer que le peuple à l’origine des monuments était organisé et nombreux.
Les Shardanes
Les Shardanes portent quinze noms qui varient selon qui en parle : Sher-Dan, Princes de Dan, Tirreni, Nures… Tous ces noms se rapportent à la mer, car les Shardana passaient leur vie à naviguer. Originaires de Sardaigne, les Shardana construisaient des navires dont la forme est encore étudiée aujourd’hui. Évoluant au XIV° siècle avant notre ère, ils connaissaient le bronze et leurs pérégrinations les ont amenés à laisser des traces un peu partout dans le monde, au Royaume-Uni, en Grèce, en Italie ou en Egypte. Partout, ils laissaient leur marque via des sculptures labyrinthiques présentant une seule et même structure. Certains historiens pensent même qu’ils pourraient être à l’origine de la construction de Stonehenge, en Irlande.
Le peuple aux crânes allongés
Au Sud de Lima se trouve la péninsule de Paracas, également appelée Galapagos du pauvre en raison de la très grande diversité de sa faune maritime.
C’est dans cette région que des fouilles archéologiques ont permis de mettre à jour des outils fabriqués en pierre que l’on estime vieux de 8000 ans. Un cimetière a également été exhumé au début du XX° siècle, dans les tombes duquel reposaient des familles dans une organisation extrêmement élaborée. Parmi les dépouilles ainsi retrouvées de la civilisation Paracas, certaines présentaient des caractéristiques très étranges : leur crâne était bizarrement allongé, fruit manifeste d’une déformation artificielle. On ignore la méthodologie suivie par ce peuple pour obtenir une telle déformation et l’objectif de la manœuvre.
Là où cela devient bizarre, c’est que certains de ces crânes n’étaient pas seulement déformés : leur volume total excédait parfois jusqu’à deux fois celui des humains modernes. De quoi imaginer que les Paracas n’avaient pas le même patrimoine génétique que nous.
La civilisation de la vallée de l'Indus
Oubliée jusqu’en 1920, la civilisation de la vallée de l’Indus, située dans le sous-continent indien, aurait vécu entre 5000 et 2000 avant Jésus-Christ autour du fleuve Indus. Certains experts s’accordent à dire qu’elle aurait pu abriter 5 millions de personnes. Les fouilles ont prouvé que cette civilisation était organisée en villes et pratiquait le commerce. Sa disparition soudaine pourrait être imputable à un changement climatique n’ayant plus permis de nourrir tout le monde.
Çatal Höyük
Située dans l’actuelle Turquie, Çatal Höyük était le nœud central d’une civilisation qui, peu à peu s’urbanisait, entre 9000 et 7000 ans avant notre ère. La structure de la ville est unique. Elle n’abritait aucune route, mais des maisons contiguës dans lesquelles on pénétrait via des trous creusés dans les plafonds. Des champs situés à l’extérieur de la ville servaient à approvisionner les habitants. Les dépouilles des morts étaient enterrées sous le sol de leur maison. On ignore les circonstances dans lesquelles la ville s’est vidée de ses habitants.
Un jour, des archéologues plutoniens retrouveront un balais à chiotte et s’interrogeront sur le sens à donner à une telle sculpture dans la civilisation occidentale.