Titulaires d'une carrière et d'un répertoire honorable, simples auteurs opportunistes en état de grâce d'une seule chanson d'envergure, les One Hit Wonders ne se distinguent aux yeux de la grande majorité des gens que pour un seul titre : un carton commercial gigantesque qui restera collé à vie à la carrière de leurs auteurs qui ont, la plupart du temps, oublié de faire autre chose.
- Chumbawamba - I get knocked down (1997)
Parfois, on s'emmerde pendant 15 ans à faire de la musique pour rien. Et puis un jour, c'est le tube auquel on ne s'était pas du tout préparé. Cette histoire, les anarchistes de Chumbawanba l'ont vécu. Formé en 1979, la bande originaire de Burnley a longtemps galéré avant de pondre en 1997 "I get knocked down", tube intergalactique qui ira même jusqu'à figurer comme tête de liste du jeu-vidéo "Coupe du monde 98". Une sorte de consécration méritée pour une bande de potes qui s'est finalement séparée en 2012. Après trois concerts à Berlin, Oslo et Leeds. Parce que oui, le groupe donnait encore des concerts en 2012.
- A Whiter Shade Of Pale - Procol Harum (1967)
Procol Harum est l'exemple même du groupe dont la très bonne discographie fut totalement éclipsée par une seule chanson, un tube monumental qui traversa les décennies jusqu'au rang de classique de la Pop Music. Grâce à "A Whiter Shade Of Pale", beaucoup peuvent se vanter d'avoir pu serrer et emballer. Il faut dire qu'une ballade langoureuse avec une chanteur à moustache, c'est tout de suite plus facile. Et on s'en fiche que les paroles ne soient pas du tout un hymne à l'amour.
- Rapper's Delight - Sugarhill Gang (1979)
"Rapper's Delight" n'est pas le premier morceau de hip-hop de l'histoire, malgré les légendes nées sur internet. Par contre, il s'agit certainement d'un des titres les plus représentatifs et les plus appréciés du genre. C'est sans doute aussi le morceau avec "The Message" de Grandmaster Flash qui a le plus contribué à la démocratisation du rap et de la culture urbaine dans son ensemble. On appelle ça un morceau pionnier.
- Sunny - Bobby Hebb (1966)
Non, la chanson ne parle pas du soleil ou du jus d'orange. Le thème est plus émouvant. Il s'agit bien de l'oraison funèbre du chanteur à son frère, Harold Hebb, mortellement poignardé à la sortie d'un night-club le lendemain même de l'assassinat de Kennedy. Deux traumatismes qui ébranlèrent Bobby dans sa chair, et qui l’incitèrent à se réfugier dans l'écriture pour cicatriser sa peine. Paradoxalement il en résulte l'optimiste "Sunny", chanson partagée entre la douleur et l'apaisement.
- San Francisco - Scott McKenzie (1967)
Énorme succès commercial de l'année 1967, le single de Scott McKenzie se vendit à plus de sept millions d'exemplaires à travers le monde. Mais plus qu'un tube, "San Francisco" est le marqueur d'une époque, l'hymne d'une génération et l'incarnation même d'un mouvement de grande ampleur : celui des hippies, dont l'un des plus fameux bastions fut la cité californienne.
- Nena - 99 luftballons (1983)
Nena est jolie, mais également Allemande. Difficile donc d'imaginer pondre un tube international en utilisant la langue de Boris Becker. Ce fut pourtant le cas avec 99 luftballons, un titre évocateur qui parle des ballons de baudruche. Bon, en fait, c'est un peu plus profond que ça. La belle dénonce la Guerre Froide et la course aux armements qu'elle engendre. Le rapport avec les ballons de baudruche ? C'est simple, les 99 ballons qui flottent dans le ciel sont identifiés par les forces militaires comme une attaque adverse. Alors, ils sont où ceux qui pensant qu'il s'agissait d'une chanson débile ?
- For What It's Worth - Buffalo Springfield (1967)
Toujours dans le thème de la paix pour tous, "For What It's Worth" est un véritable symbole de la lutte contre la guerre au Vietnam. Mieux, c'est même devenu l'une des protest-song les plus marquantes de l'histoire du rock. Le pire, c'est qu'il s'agirait presque d'un accident. A l'origine la chanson fut écrite suite à un fait divers anodin, un simple rassemblement pacifique contre l'instauration d'un couvre-feu sur le Sunset Strip. Evidemment, tout tourne rapidement à l'émeute entre jeunes gens et policiers sous les yeux interloqués de Stephen Stills. Sans le savoir, l'auteur venait tout simplement de prendre la pouls de la société américaine de l'époque, en proie à un conflit générationnel latent et à l'aube de mouvements de protestation de grande ampleur dans tout le pays. Sale opportuniste.
- Funkytown - Lipps Inc (1980)
Vous en connaissez beaucoup, vous, des chansons qui vous donnent envie de vous trémousser devant une publicité vantant les mérites du nucléaire ? Non, et c'est bien normal. En fait, si l'on devait en retenir une, il s'agirait sûrement de Funkytown. A la croisée des chemins entre la disco et la bonne vieille funk, le morceau a trusté les pistes de danse et les top 50 au moment de sa sortie en 1980, la faute à un gimmick musical aussi simple qu'irrésistible. Attention, si l'écoutez, vous l'aurez en tête toute la journée. Et ce sont vos proches qui vont trinquer, comme souvent.
- Stuck In The Middle With You - Stealers Wheels (1972)
La chanson est ce qu'on appelle un carton à sa sortie. Un carton qui va devenir un tube intemporel et une chanson culteau moment de sa réactualisation dans Reservoir Dogs, de Tarantino en 1992. Utilisée lors de la séquence la plus populaire du film, la musique dansante sert magnifiquement la scène la plus sanglante au cours de laquelle un policier se fait tout simplement découper l'oreille par son tortionnaire. Le genre d'idée qui vous sacralise encore plus un tube.
- There She Goes - The La's (1988)
Le groupe britannique The La's avait tout pour réussir : un chanteur charismatique, fruit d'un croisement entre David Bowie et Mick Jagger, et des mélodies imparables trahissant une ascendance liverpuldienne. Pourtant, le groupe n'a jamais été capable de donner la pleine mesure de son énorme potentiel sur le papier. Sauf sur sur cette pop-song lumineuse, issue du seul et unique album du groupe en 1990, un album culte qui aurait dû lancer la carrière de la bande. Malheureusement, il s'est contenté de donner un avant-goût du mouvement Britpop. Pas si mal, malgré tout.
- Daydream - Wallace Collection (1969)
Reprendre la mélodie d'une oeuvre majeure de la musique classique est souvent gage, non seulement de qualité, mais également de succès populaire, n'est-ce-pas, M. Gainsbourg ? Du coup, quand des Belges reprennent "Le Lac des Cygnes de Tchaïkovski" pour le refrain, rien d'étonnant à ce que la chanson devienne un carton planétaire. Un bien joli recyclage dans les règles de l'Art, classe et élégant. Tout l'inverse de "Rêverie", de Claude François, en fait.
- Video Killed The Radio Stars - The Buggles (1979)
Souvent raillée pour sa ringardise, le tube des Anglais de The Buggles n'en est pas moins l'un des morceaux les plus accrocheurs du monde. Preuve de sa grandeur, la chanson côtoie le soleil et rentre dans le cercle très fermé des morceaux repris par Cauet sous le titre de "T'as Une Voix De Merde Mais T'es Radio Star". Argument imparable. Même si vos cheveux sont un oiseau.
- The Connells - '74 '75 (1993)
Selon la fiche wikipédia du groupe, la musique Connells est "orientée vers la guitare, la mélodie, la Powerpop et le rock." Mais la véritable information vient plus loin, puisqu'on nous annonce que le groupe existerait toujours, malgré les nombreux changements auxquels il a dû faire face. Bref. Tout ça pour dire que les petits gars originaires de Raleigh en Caroline du Nord ont pondu un tube avant de tomber dans l'oubli, l'anonymat et certainement la dépression, la drogue et les femmes pas cher.
- The Knack - My Sharona (1979)
Un groupe qui a pondu un tube repris 30 ans plus tard par Mickael Youn, et dont le nom évoque des saucisses est forcément à part. Malheureusement, ce n'est pas le cas des Knack, qui ne doivent leur carrière qu'au hit "My Sharona", sorti en 1979, véritable symbole du rock adolescent des années 80. Plus qu'un tube, un hymne à l'amour du lycée qu'on a tous perdu.
- House of Pain - Jump around (1992)
Il n'y a pas une soirée un où un type ne la passe pas. Vous savez, ce gars qui dit n'écouter que du rap Old School, parce que c'était mieux avant. Bon, même si vous pouvez facilement lui mettre le nez dedans face à ses contradictions, il n'a pas forcément tort quand il vous annonce sans vergogne que Jump Around est l'un des meilleurs morceau de l'histoire du rap. Quand on est produit par le DJ de Cypress Hill, en même temps...
- 4 Non Blondes - What's up (1994)
Dans le genre "on fait une chanson culte et après on s'arrête", les 4 Non Blondes répondent présent. Alors que leur tube "What's Up" résonne dans toutes les tête, qui peut se souvenir d'un autre titre du groupe à la chanteuse à Dreadlocks ? Et bien personne, pardis. Bon, avec un unique album de onze chansons sorti en 1992, c'est pas évident non plus.
- The Darkness - I believe in a thing called love (2003)
The Darkness, c'est l'histoire d'un groupe des années 2000 qui fait de la musique des années 80. En plus, les Anglais n'ont pas fait les choses comme les autres. Ils ont été cherché un Français pour jouer de la basse. Un Français né en Ecosse, évidemment. Franckie Poullain, de son nom. Et comme les chanteurs rock des années 80 par contre, Justin Hawkins part en cure de désintoxication en 2005. Pas de quoi faciliter la progression du groupe qui, malgré le succès très éphémère, aura eu le mérite de sortir un premier album d'excellente facture.
Et vous, à part K.Maro, vous en voyez d'autres des groupes qui ne doivent leur carrière qu'à un seul tube ?
source : Anonymusic1