C'est une tradition qui semble aujourd'hui révolue dans les travées de Roland Garros : les journalistes conviés avaient pris l'habitude, entre deux petits fours et quelques coupes de champagne, de désigner sur des critères complètement subjectifs, le joueur le plus sympathique (le prix "Orange") et celui que personne ne pouvait blairer (le prix "Citron"). Si la première distinction allait en général aux "chouchous de la Porte d'Auteuil", Gustavo Kuerten ou Roger Federer, la seconde revenait de manière un peu aléatoire à des joueurs peu communicatifs, rarement méchants, mais qui ne dessinaient pas des cœurs sur le Central. Marcello Rios ou Lleyton Hewitt étaient par conséquent des clients tout désignés. Ce n'est pourtant pas bien compliqué de repartir de Roland Garros avec un trophée :
- Gifler un ramasseur de balles
Parce qu'il vous a donné une balle "trop poilue". - Écrire "merde à celui qui lira" sur la caméra, après une victoire, au lieu de signer
S'entraîner préalablement à écrire à l'envers, pour que tout le monde sache qu'il ne faut pas vous faire chier. - Refuser de serrer la main de son adversaire après une défaite
Et profiter de son relâchement pour lui jeter une poignée de terre battue dans les yeux. - S'en prendre à Jean Rochefort, présent dans les tribunes
De manière totalement incompréhensible, et lui gueuler "descends si t'es un homme!" - Se plaindre régulièrement auprès de l'arbitre du mec qui fait "Popopopopopopo polololo..."
Et réclamer soi-même le silence au moment de servir. - Sacrifier toutes ses premières balles pour dégommer les photographes au ras du sol
Et leur faire régulièrement un signe avec le pouce qui tranche la gorge, en les fixant intensément. - Ne pas s'excuser quand la balle touche la bande du filet et retombe mollement de l'autre côté du filet
Mais tendre son majeur bien haut, "tiens, va la chercher celle là!" - Crier très fort à chaque coup
En gueulant des insanités, "Prends ça enculé!", "dans ta gueule!", histoire d'installer un gros malaise sur le court. - Ne faire que des amortis à l'échauffement
Et si l'adversaire vous signifie son exaspération, le menacer physiquement, "quoi, t'as un problème?", en jetant sa raquette au sol. - Dessiner une bite géante sur le Central à l'issue du match
Ça a quand même plus de gueule que les cœurs à la con de Kuerten. - (bonus) Évoquer le dopage dans le tennis
Normalement, avec ça, vous êtes "Prix Citron" pendant 15 ou 20 ans.
Et vous, vous trouvez les joueurs trop polis à Roland Garros?