Qu'est-ce qui différencie un tennisman malchanceux d'une grosse brêle? Pas grand chose si on y réfléchit bien. Du coup, si vous faites partie de cette deuxième catégorie, sachez que vous pouvez faire illusion quelques set avant que votre entourage ne tombe d'accord sur le fait que vous êtes nul à chier au tennis. Tout est affaire d'équipement, d'attitude et de style. Vous travaillerez votre revers slicé plus tard.
- Venir avec au moins trois raquettes
Vous avez déjà vu un golfeur sérieux débarquer avec un seul club ? Vous n'êtes pas venu sur le court pour faire de la raquette de plage, alors n'hésitez pas à en déballer une nouvelle de son plastique transparent préalablement scellé, pour la protéger de l'air et de la lumière. - Être cohérent dans son équipement
Une tenue griffée d'une seule et même marque laissera entendre que vous avez su séduire les grandes enseignes. En clair, si vous avez un polo Lacoste, n'essayez pas de le marier avec un short L.C. Waikiki et une paire de Converses. - Écarter une balle au moment de servir
Cela implique d'en avoir trois dans les mains, mais si votre adversaire vous observe scrutant les balles et jetant la plus poilue avec mépris, il saura qu'il n'a pas affaire à un rigolo. Derrière ça, vous pouvez planter vos deux services dans le filet, vous aurez, psychologiquement, marqué des points. - Bien s'alimenter aux changements de côté
Une barre de céréales, une banane (mieux : une demi-banane), mâcher longuement et boire dans une bouteille translucide pour qu'on devine un liquide coloré, bleu ou vert pomme. Ne pas avaler trop vite, garder les joues gonflées le temps de remettre la bouteille dans le sac. Inutile de préciser qu'une clope (même une demi-clope) ne rentre pas dans la catégorie "alimentation". - Vérifier régulièrement son cordage
Notamment quand vous avez mis une minasse dans le court d'à côté en essayant d'attaquer sur votre revers. Poser les yeux sur votre antivibrateur fluo (c'est important qu'on le voit) vous permettra d'éviter les regards gênants des joueurs du court voisin qui ont failli prendre votre balle en pleine gueule. - Éviter les équipements vintage
Notamment le bandeau-éponge sur la tête que seul Federer sait porter avec élégance. Le combo "bandana-lunette de ski" fera de vous un fan d'Arnaud Clément et la casquette à l'envers ne se fait plus depuis la retraite de Sébastien Grosjean. Et par pitié, jetez cette raquette en bois ! - Ne pas hésiter à choper quelques TOC
Souffler sur ses doigts, s’éponger le front avec l'épaule, taper sa raquette contre sa godasse (même sur synthétique) ou contre son mollet durci par l'effort, lever la main avant le service adverse pour demander quelques secondes de répit ou interrompre son propre service parce qu'on a l'impression d'avoir senti une brise se lever. A chaque retour foiré, refaire le geste à vide, l'air de dire "bordel, c'est la base, ça !" - S'assurer qu'aucune injustice ne viendra ternir le match
En allant s'assurer que ses propres balles sont bien "faute" en observant une trace fantôme sur le gazon synthétique du court et en entourant cette même trace invisible d'un geste circulaire avec la raquette quand c'est votre adversaire qui sert au delà du carré. - Dans un double, jouer la carte de la connivence
Une tape dans la main ou sur la fesse pour chaque point gagné, perdu, service dans le filet ou dans les arbres. Pour toute communication stratégique, masquer la bouche avec sa main : "je vais servir... et on va essayer de renvoyer la balle sur le retour, et on essaye de renvoyer la balle dans le terrain... ouais, c'est ça ma stratégie." - Une fois la partie perdue, prendre le temps de digérer cette contre-performance
Assis sur votre siège, une serviette sur la tête, prenez 5 minutes pour refaire le match dans votre tête et de voir à quel moment cette partie, que vous sembliez maîtriser, a basculé en un cinglant 6-0, 6-0 qui ne reflète pas vraiment la physionomie de la rencontre. Vous vous rassurez en vous disant que sans vos fautes directes, il en aurait pas lourd des points, l'autre con. Finalement, votre pire adversaire, c'est vous-même.
Et vous, vous avez la "Wimbledon attitude" quand vous jouez avec vos potes ?