Dans la famille Kim, on ne se transmet pas que le gène du dictateur et l’amour des coiffures bien dégagées sur les côtés, on se refile aussi un certain goût pour l’architecture, option grandeur et décadence, avec de vrais morceaux de béton dedans. On pourrait se contenter de s’en moquer gentiment si ce n’était pas aussi flippant, et tragique : en Corée du Nord, il faut montrer sa supériorité, et construire vite, trop vite, quitte à ce que les bâtiments soient pas bien solides, ou que les ouvriers prennent du crystal meth pour être plus performants. Florilège des constructions nord-coréennes.
Hôtel Ryugyong
25 ans de travaux (dont 16 de « pause » à cause du manque de financement) pour un hôtel pyramidale de 330 mètres de haut. À l’intérieur, il n’y aurait que 25 étages aménagés sur 105. Les travaux ont été « finis » par le groupe égyptien Orascom, celui-là même qui a remporté le monopole de la téléphonie mobile dans le pays. Mais c’est une coïncidence, hein.
Arche de la Réunification
Concept sympa : quand tu fais une proposition trop bien, eh ben elle mérite un monument, même si tu fais rien pour la réaliser. Papy Kim Il-sung propose la réunification des deux Corées ? On dit « Super, gros » et on colle une arche de 30 m de haut et 61,5 m de large à l’entrée de la ville pour rappeler à tout le monde qui-c’est-qu’a-les-bonnes-idées.
Statues de Kim Il-sung et Kim Jong-il
Comme tous dictateurs qui se respectent, les Kim se devaient d’avoir leur statue. À gauche, papy Kim Il-sung, dont la statue, initialement érigée en 1972, a été « mise à jour » (c’est-à-dire qu’on lui a rajouté des lunettes pour une plus grande ressemblance avec son allure de fin de vie) en même temps que fut faite celle de son fiston, Kim Jong-il, en 2012. Ça nous fera deux beaux bronzes de 20 m, ma petite dame.
Complexe scientifique et technologique de l'île Ssuk
Kim Jong-un, à l’instar de ses prédecesseurs, a le souci du détail. Donc, quand il fait construire un complexe scientifique, il le fait en forme d’atome. Rapport à la science, tu vois ? Par contre, ça tranche un poil avec le style des autres « œuvres » nord-coréennes. On donne pas à bouffer au peuple, mais on lui fait des bâtiments modernes.
Hôtel Koryo
Le tourisme en Corée du Nord, ça ramène du monde (ahem). Bon, c’est leur petite marotte, les grands hôtels. Y’en a c’est le tricot, eux c’est les grands hôtels très hauts, mais tout vides. Enfin, il possède quand même 2 restaurants tournants, une mosaïque en métaux et pierres précieuses, deux cinoches. Par contre t’as que 3 chaînes de télé, pas de wifi, et les plombs qui sautent régulièrement.
Monument à la fondation du Parti
On aurait peut-être dû commencer par ça, après tout. Construit en 1995, il regroupe les trois symboles du Parti du travail de Corée : le marteau pour l’ouvrier, le pinceau pour l’intellectuel, la faucille pour le paysan, au-dessus de l’inscription « Longue vie au Parti du travail, l’organisateur et le guide de toutes les victoires du peuple coréen ! ».
Patinoire de Pyongyang
Ça ressemble à une version « made in China » et pas finie de Space Mountain. Alors qu’en fait non, pas du tout, c’est la patinoire. Ou peut-être une soucoupe volante déguisée en patinoire. En tout cas, un bel exemple de style retro-futuriste de 1982, que même dans les films de science-fiction, ils font pas aussi bien.
Palais des enfants de Mangyongdae
Fraîchement restauré, le palais des enfants, dont le bâtiment en demi-cercle représente l’étreinte d’une mère (mais bien sûr), montre comment le régime nord-coréen remplace progressivement l’austérité soviétique par un modernisme technicolor. Avec une devise : « nous n’avons rien à envier au monde ». La méthode Coué poussée à son paroxysme.
Tour du Juche
Alors le Juche, déjà, ça représente à la fois l’idéologie défendue par le « Cher Leader », mais aussi l’unité de temps qui remplace l’année et prend comme point de départ 1912, c’est-à-dire l’année de naissance de Kim Il-sung. Pour fêter ça, on est sur une tour de 170 m de haut dont 20 m de torche. On a mis devant une sculpture de 30 m de haut, ça faisait trop vide sinon.
Hôtel international Yanggakdo
Y’en aurait d’autres à rajouter, mais il eut été dommage de ne pas évoquer cet hôtel, qui a la particularité la plus flippante de ce top : l’étage 5 n’existe pas. Enfin pas dans l’ascenceur. En vrai, il est comme partout entre le 4 et le 6, et quand on y va (illégalement et à pied), on se retrouve à un étage de béton et d’acier. Comme un bunker finalement. Où on saurait pas ce que les gens font dedans. Voilà voilà.
Pour une meilleure idée de la vie en Corée du Nord, on ne peut que te conseiller la lecture de l’excellent « Pyongyang » de Guy Delisle, et aussi un petit tour sur le blog de Jordy Meow qui détaille sa visite de la capitale nord-coréenne.