Les erreurs judiciaires, ce sont vraiment des trucs affreux. Imaginez demain, vous vous promenez, vous parlez deux minutes avec une fille dans la rue, derrière on la retrouve violée et tuée et HOP vous devenez le suspect numéro 1 : condamné à la prison à vie et tout le toutim. Quand on y ajoute un contexte américain où la peine de mort est encore largement autorisée dans de nombreux états et une ambiance de racisme latent au milieu des années 50, on a le cocktail parfait pour condamner des gens qui n’avaient rien fait du tout.
George Stinney
En mars 1944, George Stinney, un noir américain de Caroline du Sud, est condamné à mort par un jury entièrement composé de Blancs pour le meurtre de deux adolescentes, Betty June Binnicker, 11 ans, et Emma Thames, 8 ans. Aucune preuve ne corroborait la thèse de la culpabilité de Stinney, sinon qu’il avait échangé un mot avec les fillettes peu de temps avant leur mort. Exécuté, Stinney a été réhabilité 70 ans après les faits, en 2014, par un juge qui a rouvert l’enquête.
Clarence Gideon
En 1961, Clarence Gideon est accusé d’avoir cambriolé une maison en Floride. Il est condamné à 5 ans de prison. Sauf que pendant toute l’instruction, Gideon n’a jamais eu droit à un avocat, y compris au tribunal. La loi de Floride n’obligeait pas alors l’État à fournir un avocat à la défense. Condamné, Gideon écrivit une lettre à la Cour suprême pour dénoncer ces abus et celle-ci considéra que les droits de Gideon avaient été violés. À l’ouverture d’un nouveau procès, cette fois-ci avec un avocat, Gideon a été innocenté, le principal témoin de l’accusation étant finalement reconnu coupable du délit. Un livre a été écrit sur cette affaire qui a changé la loi américaine.
James Richardson
En octobre 1967, James Richardson a été condamné à mort pour avoir empoisonné ses 7 enfants. Bam. 21 ans en prison avant sa libération. Après coup, on s’est rendu compte que sa voisine, qui parfois s’occupait aussi des enfants, avait a priori fait le coup. D’abord parce qu’elle l’a évoqué environ 100 fois en développant la maladie d’Alzheimer, et qu’à l’époque du crime, elle était en réalité libérée sur parole après avoir été condamnée pour le meurtre de son mari pour… Empoisonnement. Pourtant, la voisine, Bessie Reece, n’avait fait l’objet d’aucune enquête, alors même qu’elle était la dernière personne à avoir vu les gosses vivants et la dernière à leur avoir donné à manger.
Une belle erreur bien tragique.
Michael Lloyd Self
Deux jeunes Texanes, Rhonda Johnson et Sharon Shaw, ont disparu en 1971 alors qu’elles se trouvaient à la plage. Leurs dépouilles furent finalement retrouvées en janviers 1972 et un mec déjà condamné pour agression sexuelle, Michael Lloyd Self, livra des aveux. Ces aveux le conduisirent à la prison à vie. Sauf que Self assura par la suite que cette confession lui avait été arrachée sous la menace d’une arme par les flics. Ce qui semble assez probable puisque les deux flics qui récupérèrent ses aveux devaient par la suite être condamnés à 50 ans d’emprisonnement pour de nombreux braquages. Self mourut en prison en 2000 d’un cancer, mais, entre-temps, un serial killer connu, Edward Howard Bell, avait reconnu les meurtres des jeunes filles. Même s’il n’a jamais été réhabilité, l’intégralité des personnes proches du dossier estiment que Self n’était pas coupable.
Brian Baldwin
Ed Horsely, un jeune délinquant, confessa en 1977 le meurtre de Naomi Rolin, une jeune fille retrouvée violée et tuée en Alabama. Horsely détailla tout son mode opératoire, lequel n’incluait aucun complice. Mais un autre suspect avait confessé ce même meurtre, Brian Baldwin, qui assurait par ailleurs que ses aveux lui avaient été extirpés par la violence policière. Aucun indice ne reliait pourtant Baldwin à la scène de crime ; pire, le crime avait été commis par un gaucher, et Baldwin était droitier. Mais Baldwin a quand même été condamné à mort et exécuté.
Joseph Sledge
En 1978, Joseph Sledge est condamné en Caroline du Nord à la prison à vie pour les meurtres de Josephine et Aileen Davis. Condamné pour un délit léger à 4 ans de prison, il s’était évadé avant d’être repris quelques jours tard. Sauf que pendant ces quelques jours de liberté, deux femmes avaient été tuées dans leur baraque d’Elizabethtown. Deux de ses compagnons de cellule assurèrent que Sledge avait confessé son crime en prison et Sledge fut condamné par un jury populaire. Mais plus tard, les deux témoins reconnurent avoir menti pour obtenir des remises de peine. Finalement, 40 ans plus tard, Sledge fut lavé de tout soupçon par des analyses ADN et relâché, 36 ans après avoir été condamné pour un meurtre qu’il n’avait pas commis.
Johnny Briscoe
Cette histoire est encore plus dingue. En 1982, un cambriolage assorti d’un viol est commis à Saint Louis, dans le Missouri. Pendant l’acte, la victime avait demandé au violeur son nom. Celui-ci avait répondu « John Briscoe » et abandonné un mégot de cigarette.
Bon, ça simplifiait la tâche des flics. On arrêta un John Briscoe qui avait fait un peu de prison. La victime le reconnut au milieu d’un panel de suspects où il était le seul à porter des habits de prisonnier, puis on compara rapidement les cheveux de Briscoe à ceux retrouvés sur place pour dire qu’ils se ressemblaient vachement.
Et, en 2004, on mena des analyses ADN sur le mégot retrouvé sur les lieux. L’ADN correspondait à celui d’un autre mec, Larry Smith, lui aussi ancien détenu ayant partagé sa cellule, à l’époque, avec… John Briscoe.
Thomas Haynesworth
En 1984, Thomas Haynesworth a été condamné à 84 ans de prison pour une série de viols commis en Virginie. Reconnu par l’une des victimes, il fut condamné sur cette seule base. Mais des analyses ADN basées sur le sperme retrouvé sur les lieux du crime ont conduit les enquêteurs à penser que le violeur était en réalité un voisin qui ressemblait pas mal à Haynesworth. Il s’agissait de l’une des premières fois où des accusés pouvaient porter de nouvelles pièces à conviction pour demander la réouverture d’un dossier. Haynesworth a finalement été relâché.
Tim Cole
Accusé d’avoir violé sa camarade de classe Michele Lubbock, Tim Cole s’est vu condamner à 25 ans de prison par un tribunal du Texas. Là encore, la seule preuve corroborant la thèse de la culpabilité de Cole était que Lubbock l’avait identifié. Mais plein de trucs n’allaient pas ; d’abord, le violeur avait fumé des clopes pendant l’acte ; or, Cole ne fumait pas en raison d’un asthme très sévère et chronique. Et d’ailleurs, Cole mourut d’une crise d’asthme en prison en décembre 1999. 8 ans plus tard, Jerry Wayne Johnson confessa avoir commis le viol et ses aveux furent corroborés par des analyses ADN. Tim Cole fut dès lors réhabilité à titre posthume.
David Camm
En 2000, David Camm est condamné à de la prison à vie pour le meurtre de sa femme et de ses deux enfants. La pièce maîtresse de l’accusation consistait en une analyse d’éclaboussures de sang sur son t-shirt. Sauf que l’expert en charge des analyses, accablantes pour Camm, s’est avéré plus tard être un imposteur. Ça la fout mal. Ce même expert finit donc par devenir un témoin de la défense. Par la suite, un nouveau suspect attira l’attention du tribunal. On retrouva en effet un sweat contentant l’ADN et le surnom de truand de Charles Boney, un délinquant sexuel connu des services de police. Au cours de ces analyses, on se rendit compte que l’accusation avait fait pression sur les scientifiques pour qu’ils reconnaissent l’ADN de David Camm au détriment de tout autre sur les objets retrouvés sur la scène de crime. De la même manière, une empreinte digitale de Boney découverte dans la maison avait été occultée de la procédure. On se rendit compte que l’avocat général était aussi l’avocat de Charles Boney…
Justice partout, justice nulle part.
Source : Wikipédia