On livrait il y a déjà quelques temps des explications sur la franc-maçonnerie. On est, comme on a pu le voir, assez loin du complot de la cinquième colonne fantasmé par certains et encouragé par les marronniers de l’Express. D’ailleurs, plusieurs usages maçonniques ont débordé du cadre rituel pour devenir des pratiques courantes, et le vocabulaire s’en ressent. Il existe ainsi un tas de mots issus du vocabulaire maçon.
Blackbouler
Les francs-maçons ont ritualisé tout un tas de pratique. Lors de l’intronisation d’un nouveau membre ou lorsque les frères votent pour le passage de l’un des leurs à un grade supérieur, il est de coutume d’utiliser un dispositif assez « motus » dans l’âme : on glisse des boules dans un tronc et celles-ci peuvent être blanches (pour signifier son approbation) ou noires (pour manifester son rejet). Si l’on se prend une boule noire, on dégage. D’où l’expression blackbouler.
Apporter sa pierre à l'édifice
En franc-maçonnerie, la pierre est un symbole capital. Pierre après pierre, il s’agit de construire le temple. Symboliquement, cela revient mot après mot, planche après planche, à bâtir une idée, à participer à la construction intellectuelle de la loge. L’expression s’est ensuite insérée dans le langage courant en synonyme d’apporter sa contribution à une cause ou une construction.
Plancher sur un sujet
Lors des réunions de loges, les frères sont censés préparer des sujets qu’ils présenteront en séance. Ces dissertations sont appelées « planches » et il revient donc au frère de travailler sur sa planche, et donc par extension de « plancher ». Bref, quand vous planchez sur un sujet, vous reprenez en réalité du vocabulaire maçonnique.
L'obole
A la fin de chaque séance, les participants sont invités à verser une libre-participation au « tronc de la veuve », une tirelire servant à financer des œuvres de bienfaisance. Cette participation s’appelle l’obole et, dans le langage courant, c’est bien ce qu’elle désigne : une participation minime, symbolique. Au départ, l’obole était une monnaie grecque qui s’est beaucoup dévaluée. Au fil du temps, le nom est donc devenu synonyme de « contribution de peu » et la franc-maçonnerie a largement contribué à populariser l’expression.
L'agape
A l’origine, le mot, dérivé du grec, désignait les seuls repas en commun partagés par les premiers chrétiens dans les églises. Reprenant le mot, les francs-maçons lui ont donné une signification plus large de repas partagé par des compagnons associés dans une démarche commune. C’est aux francs-maçons que l’on doit le caractère plus festif du mot.
Boire un canon
Les francs-maçons avaient l’habitude de tout désigner par un mot issu du vocabulaire de la maçonnerie. Le mot « canon » désignait un verre dans les banquets maçonniques. Le mot a échappé au seul cadre des cérémonies pour entrer dans le langage courant, à tel point que des types vous disent aujourd’hui « on va boire un canon ? »
Passer à la question
Devenue synonyme d’être torturée, cette expression prend son origine dans le rituel d’initiation que subit le profane. Après une enquête préalable, celui-ci, yeux bandés, se voit en effet accablé de questions par les Officiers de la Loge qui décideront ou non de son intégration selon ses réponses et son attitude.
Mastiquer
Toujours dans l’idée de renommer à peu près tout ce qui se trouve sur une table par un mot en rapport avec le vocabulaire de la maçonnerie, les francs-maçons ont longtemps nommé la nourriture « le mastic », ce qui impliquait donc que l’on mastique ce mastic, c’est-à-dire qu’on le mâche. C’est un peu plus compliqué que ça parce que le terme mastiquer vient lui-même du latin masticare qui veut dire mâcher, donc on n’est pas non plus dans l’aberration complète.
Maçonnerie de portable. Sinon, on a listé des sociétés secrètes mystérieuses, très mystérieuses.