Kolo Touré, joueur de Manchester City suspecté de dopage, prépare activement sa défense. Il semble que l'argument consistant à dire que le dopage n'existe pas dans le football est un peu léger, alors il va falloir trouver mieux. Et surtout, il va falloir faire plus fort qu'Alberto Contador qui a su déplacer le débat sur le terrain de la filière bovine et de la malbouffe en général. Les explications à un contrôle positif sont multiples, en voila quelques-unes qui n'ont pas toujours fait leurs preuves.
- L'insu du plein gré : La défense à la Virenque est devenu des commandements du cycliste et s'est généralisée dans tous les sports : Du bidon mal nettoyé du sprinter Hondo en 2005 au volutes de fumées de cannabis inhalées "passivement" par les athlètes Mark Lewis-Francis ou Jonathan Moore, on se dit que ces sportifs sont surtout victimes de malchance. Si à chaque fois qu'on boit dans un bidon crade ou qu'on se fait une soirée avec des amis à dreadlocks on est suspect, où va-t-on?
- Les étiquettes pas bien claires : Faut être honnête, les notices de médicaments sont quand même mal foutues. Entre Romario qui trouve du produit dopant dans un remède anti-calvitie, Ato Boldon qui se fait piéger par des compléments alimentaires ou la sauteuse en longueur qui Maurren Higa Maggi soupçonne sa crème dépilatoire d'être bourrée de Clostebol, on se dit que les laboratoires pharmaceutiques pourraient faire un effort.
- Le complot : Il y a les sportifs tête en l'air, et il y a ceux victimes d'un complot planétaire ourdi par des forces obscures. Et ça ne date pas d'hier, en 1967, Andreas Trocke se fait prendre après une étape à Limoges et accuse un autre cycliste qui lui a tendu un autre bidon. Coup de bol, le coureur en question est aussi chargé que lui. Mais celà ne nous dit pas qui a saboté le dentifrice, chargé de norandrostendione, du coureur de fond allemand Dieter Bauman en 1992.
- La menace bovine : Le steak, c'est l'ennemi du sportif. Contador s'est fait plein de potes dans la restauration espagnole mais n'a rien inventé : le coureur chinois Li Fuyu a trouvé l'appui d'un labo hollandais pour aligner cette défense qu'avait déjà choisie le tennisman Petr Korda en 1998. C'est fourbe un bifteak. Soyez prudents au moment de commander votre burger.
- La pharmacie familiale : Kolo Touré semble avoir pris par mégarde un médicament de sa femme. Ce n'est pas le premier à s'empétrer dans une armoire à pharmacie familiale bordélique. Les produits dopants trouvés dans la voiture du cycliste Raimundas Rumsas était en fait destiné à sa belle-mère. Son collègue Frank Vandenbroucke stockait du clenbutérol chez lui pour son chien asthmatique.
- La femme toxique : Les sportifs sont en général de bonne foi, et le mal est souvent à chercher du côté de leurs compagnes, régulières ou non. Richard Gasquet a ainsi été victime d'un roulage de pelle à une inconnue qui, manifestement, mangeait de la cocaïne. Le coureur de fond Daniel Plaza, contaminé après une gâterie faite à sa femme enceinte ou le footballeur Marco Boriello, piégé par un médicament contre un infection vaginale, n'ont pas hésité à montrer du doigt leur succubes de femmes.
- La pression du plumard : On peut être un athlète accompli, mais ne pas satisfaire sa partenaire dans l'intimité. Dans ce cas, une seule solution : la cocaïne. C'est en tout cas l'option choisie par le footballeur roumain Adrian Mutu. Le coureur de 400m LaShawn Merrit a expliqué l'an dernier que les traces de DHEA dans ses analyses étaient dues à l'usage d'un produit pour agrandir son pénis. Et quand on assure au lit comme le sprinter Denis Mitchell, soucieux de fêter dignement l'anniversaire de son épouse, on voit son taux de testostérone dépasser les limites de l'acceptable.
- Les dangers de l'alcool : Dans le sport moderne, il est moins facile de faire accepter ses habitudes de dopage que sa tendance à boire comme un trou. Floyd Landis, vainqueur du Tour 2006 explique en effet que le niveau de testostérone inacceptable de son organisme vient de sa consommation excessive de canettes, excuses corroborée par le truculent Denis Mitchell qui avait également choisi la bière pour fêter comme il se doit l'anniversaire de sa femme, précédemment mentionnée.
- Les spécialités locales : Le cycliste Gilles Simoni s'est fait prendre pour des traces de cocaïne. Après avoir accusé son dentiste puis une boisson aux extraits de thé, il se rappellera avoir mangé ces excellents bonbons péruviens à base de coca. Oui, ceux-là même que Dieter Baumann lui ramenait comme ce dernier l'expliquera quand il s'est refait prendre après le "complot du dentifrice". Autre pâtisserie douteuse : le gâteau aux graines de pavot mentionné par le cycliste Alexi Grewal.
- L' "Autre" : Dès qu'on mentionne des histoires de grossesse, on sait qu'on peut attendrir les coeurs de pierre des contrôleurs. Sesil Karatantcheva avait réussi à 15 ans un bon tournoi de Roland-Garros 2005 et expliquera la présence de Nandrolone dans ses échantillons par une grossesse qui n'est pas arrivée à son terme, excuses démontées par les échantillons d'urine. Le cycliste Tyler Hamilton ne peut pas connaître les joie de la grossesse, alors il explique les deux types de globules rouges trouvés dans son sang par l'existence d'un frère jumeau mort avant sa naissance. Flippant.
- Mieux vaut prévenir que mentir : Toutes ces excuses sont celles avancées par des athlètes pris par la patrouille. Mais la meilleure stratégie est encore de déployer toute son ingéniosité pour se soustraire au contrôle : l'athlète turque Sureyya Ayhan, championne d'Europe 2002 du 1500m, avait dans un premier temps envoyé quelqu'un d'autre pour remplir le flacon. Une fois convoquée en personne, l'athlète avait pretexté une épouvantable maladresse pour renverser à plusieurs reprises les échantillons à analyser. Brillant.
Et pour vous? Convaincus que ces athlètes sont en fait victimes de malencontreux concours de circonstances?
Sources : Cyclisme-dopage. com, Libération, 20 minutes