La vie politique française a été pour le moins mouvementée au cours des vingt dernières années : trois Présidents, sept Premiers ministres, près de cent ministres différents et quatre élections législatives. La démocratie tourne à fond chez nous et c’est tant mieux. Les débats font rage et le clivage gauche/droite a encore de beaux jours devant lui, peut-être pas d’un point de vue idéologique, mais dans l’hémicycle, c’est sûr, il est bel et bien vivant. Même trop, parfois. Du coup, certains députés (ou ministres) s’emportent, cherchent la bagarre et oublient de tourner leur langue (qui n’est plus vraiment de bois) sept fois dans leur bouche avant de l’ouvrir. La plupart du temps pour le pire.

  1. La Bible de Christine Boutin, 1998
    Depuis plusieurs semaines, les membres de l’Assemblée (et à vrai la France entière) se prennent le bec sur le PACS. Le 9 octobre, la loi est déboutée une première fois, faute de députés PS présents dans l’hémicycle (ils rattraperont le coup plus tard, l’année suivante). Christine Boutin, nouvelle égérie de la morale chrétienne, jubile et sort une Bible pour fêter l’événement. Du champagne, à la limite, mais pas la Bible, Christine ! Noël Mamère dira, à propos de ce dérapage : « J’ai bien failli me lever pour la lui faire bouffer ».
  2. Le mensonge de Cahuzac
    Décembre 2012, Jérôme Cahuzac, alors ministre de l’Économie, est en pleine tourmente : certains médias l’accusent d’avoir un compte bancaire caché en Suisse ou à Singapour. L’accusé se lève, saisi le micro et déclare, l’œil profond et le souffle tranquille « Je n’ai pas, et je n’ai jamais eu de compte caché ». Une semaine plus tard, il avouait la triste vérité : il avait menti devant l’Assemblée du peuple.

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    "*TUIUIUIUIUIU* Oui allô ? / Oui ce serait pour signaler un lien disparu / Ok on envoie nos équipes d'enquêteurs sur le coup"

  3. Le Pacs, c’était open bar
    Nous aurions sans doute pu faire un inventaire d’une trentaine de dérapages au cours des débats sur le Pacs (1998-1999). On en a gardé un seul, mais qui rend bien compte des horreurs que l’on a pu entendre sur le sujet à l’époque. On doit ce dérapage au député des Yvelines Jacques Myard (droite) qui définit « l’homosexualité comme une perversion sexuelle ». Même dans son propre camp politique, le truc passe mal.
  4. L’affaire DSK
    Mai 2011, Dominique Strauss-Kahn est arrêté à New York, accusé du viol d’une employée d’hôtel. Dans les couloirs de l’Assemblée, c’est la panique, à droite, mais surtout à gauche où DSK était pressenti pour être le candidat aux Présidentielles de 2012. Jean-Marc Ayrault, alors président du groupe socialiste à l’Assemblée, fait une déclaration (trop) ambiguë devant les députés PS : « Dans cette affaire, nous savons qu’il y a une victime, mais nous ne savons pas encore si cette victime est la plaignante ou l'accusé ». Il s’excusera plus tard, mais le mal était fait.
  5. Le mariage pour tous
    Après le Pacs en 1998, les homophobes de droite (oui, c’est plutôt de ce côté qu’ils se trouvent) s’en redonnent à cœur joie avec la loi sur le mariage pour les couples homosexuels (2011-2012). La députée UMP Brigitte Barèges, membre de La Droite populaire, provoque ainsi un tollé au tout début des discussions en déclarant : « et pourquoi pas des unions avec des animaux ? ». Le ton (nauséabond) était donné. Même si lors des débats, avec la fatigue, l'ambiance est restée potache :
  6. François Baroin, « par effraction »
    En 2011, François Baroin, alors ministre de l’Économie, provoque la colère des députés PS en déclarant : « Est-ce du courage de mentir, de basculer dans la démagogie, de taire la vérité, de vous accrocher à ces vieilles lunes socialistes qui vous ont certes conduit par effraction au pouvoir en 1997 ». Les accusés quitteront l’hémicycle, fâchés. Qu’ils sont susceptibles ces politiques !

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    Il n'a pas souffert, promis

  7. La robe de Cécile Duflot
    La scène se déroule le mardi 17 juillet 2012. Il fait beau, il fait chaud, les oiseaux chantent et la ministre de l’Écologie, Cécile Duflot, a revêtu une jolie robe à fleurs. Lorsqu’elle se lève pour répondre à la question d’un député, la ministre est alors prise à partie par les bancs de la droite d’où s’élèvent des quolibets machistes et des sifflets sexistes… Les députés de gauche manifestent leur solidarité à la ministre et huent leurs homologues de droite. Agacé, le président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone intervient, mais la ministre enchaîne: « Mesdames et messieurs les députés, mais surtout messieurs visiblement... »

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    Il n'a pas souffert, promis

  8. Madame le président
    Le député UMP Julien Aubert s’est fait une jolie publicité en fin d’année 2014. Le jeune quadra a en effet apostrophé la présidente de séance, Sandrine Mazetier, en débutant son propos par « madame le président », lorsqu’il fallait dire (et le petit malin le savait) « madame la présidente ». Ben oui, c’était pas plus difficile. Renouvelant plusieurs fois la provocation, Julien Aubert sera finalement condamné à être privé d'un quart de son indemnité parlementaire pendant un mois, soit 1378 euros. Pauvre chou.
  9. « Vous assassinez nos enfants »
    Nous sommes le 18 avril 2013. Philippe Cochet, député UMP, est très en colère. En plein débat sur le mariage gay, il lâche, en direction des députés de la majorité, un terrible : « Vous êtes en train d’assassiner nos enfants ». Et l’hémicycle d’exploser ! Le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, sera contraint de suspendre la séance.
  10. Dérapage, mais drôle
    On finira ce top sur une note optimiste, parce qu’il n’y a pas que des choses condamnables qui se disent à l’Assemblée nationale. Il y a aussi des lapsus, comme celui-ci de François Fillon en avril 2011 qui, au lieu de parler de « gaz de schiste », mentionne le « gaz de shit ». Ça les a tous fait marrer !

Et vous, vous savez vous tenir au boulot ?

Source photo : Richard Ying et Tangui Morlier