"Plus jamais ça", on se le dit à chaque fois, mais souvent la volonté ne suit pas. Ce qu'il nous faudrait, c'est une bonne piqûre de rappel préventive, pour faire comprendre à nos mémoires de poissons rouges que, la plupart du temps, le jeu n'en vaut pas la chandelle. Mais rien n'y fait. Pourtant d'année en année, ces bitures se ressemblent de plus en plus. Voilà les 10 qu'on a toutes prises, et qu'on continuera de prendre, parce que bon, c'est quand même pas un topiteur qui va nous faire la morale.
- La cuite post défaite sportive, "la cuite triste" (Bière)
On l'apprécie plus après une finale. De préférence un match serré perdu dans les dernières minutes. Déjà, une cuite ça fait mal à la tête, mais si vous y ajoutez les larmes et le bruit omniprésent, vous êtes surs de repartir avec un mal au casque de compét'. Habituellement, les convives se divisent en deux camps de supporters. Ceux qui vont refaire le match comme des idiots toute la nuit (les masochistes). Et ceux qui ont décidés que "roh y'a quand même des choses plus graves que le sport dans la vie" (les traîtres). Les masochistes, qui essaieront de laver la déception par la bière, vont avoir une gueule de bois qui leur rappellera qu'il y a effectivement "des choses plus graves dans la vie". Les traîtres, on n'en parle pas, parce que "c'est rien que des sales traîtres". - La cuite d'examen réussi, la plus "relâchement total" (Champagne ou ... mousseux ça dépend du diplôme)
Ah ça, vous en avez chié des ronds de chapeau pendant vos trois mois de révision. Alors ce soir là, vous donnez tout, et tout c'est bien trop. Surtout pour les autres. Le problème avec les attentes trop longues, c'est qu'on a tendance à être un peu déraisonnables quand elles se terminent. Ce devait être la fête de l'année, mais comme dit le proverbe "champagne à 18 heures, vomi trop tôt". Ça ne rime pas, mais dans l'idée c'est ça. Le pire c'est que, si s'afficher et terminer la tête dans le seau deux heures après le début de la soirée ça arrive, le faire devant toute la famille, c'est autre chose. En même temps c'était ça ou subir votre mère complètement pétée qui flirte avec vos potes. Parfois, les comas ont du bon. - La cuite d'après s'être fait larguer, la plus "toutes des salopes (connards)" (Tequila)
Étape affreuse, mais étape nécessaire. Cette soirée vous verra changer d'opinion plus vite qu'Éric Besson pendant une campagne présidentielle. D'abord sous le choc, vous vous dites que vous n'êtes qu'un déchet (ce qui est faux... pour l'instant). Puis, l'alcool mexicain de mauvaise qualité aidant, vous vous dites que le célibat c'est la liberté, et vous essayez (pitoyablement) de faire de nouvelles conquêtes sur la piste de danse. Après avoir compris que vous étiez aussi bon sur le dancefloor que vous teniez l'alcool, vous revenez à la première étape. Mais vous la matérialisez par un message téléphonique à votre désormais "ex", que vous regretterez toute votre vie... Le réveil va être horriblement doublement douloureux. - La cuite du jour de l'an, la plus "j'arrête demain" (Champagne puis tout ce qui passe)
Tout les ans, c'est nul, et tous les ans, c'est le bordel monstre chez vous. Pourtant vous recommencez inlassablement. Ça commence par une grande bouffe, beaucoup trop grasse, que vous regretterez, vers 2h du mat', ou le lendemain (mais vous la regretterez à un moment). Puis, vient le tour de la picole, du décompté, et enfin des résolutions débiles "me picherais plus jamais, eah et pis j'arrête la clope aussi". Tout ça alors que vous en êtes à votre deuxième paquet et votre 25e "petite coupette". Le mal de casque du lendemain est intense, et finir les restes ne soulagera pas votre pauvre foie. - La cuite de mariage, la plus cravate sur la tête (Du vin, beaucoup)
Si c'est le votre, normalement vous vous contenez, déjà parce que vous avez mille trucs à organiser et surtout parce qu'il faudra assurer dans la couche. Si ce n'est pas le vôtre, alors il y a de grandes chances que vous déprimiez sévère. Les nombreuses blagues "ah ben c'est quand le tien ?" et tout le bonheur ambiant finiront par avoir de raison de vous. Vous ferez tout pour ne pas finir seul, mais alors tout. Quitte à se rabattre sur n'importe qui, ou n'importe quoi... Et tout le monde le saura. - La cuite du 21 Juin, la plus "je dors dans la rue" (De la kro en canette et des trucs dans des bouteilles en plastique)
Ça fait peut être 15 ans que vous n'avez pas vu un bon groupe lors de ces foires à la saucisse. Mais bon, c'est comme le jour de l'an, nos mémoires ont tendance à zapper ce genre de détails au moment deremplir le caddie au Marché Plus. Après avoir vu des centaines de groupes de ska, des mecs qui blastent de la musique de leur fenêtre, et bien sûr, entendu toutes les chansons que vous aimez massacrées par des personnes passablement avinées. Vous vous rendez compte que vous êtes complètement arraché, seul, et que du fait du nombre de pelés dans la rue, votre téléphone ne peut émettre d'appels (si vous ne l'avez pas déjà perdu dans un pogo). Vous rentrez bien pété, ou, et c'est encore plus probable, vous vous endormez dans la rue. Avec un peu de chance, il faut se lever le lendemain pour le boulot ou pour un exam'. - La cuite du chômage, la plus "début de la fin" (Whisky)
Normalement, après le boulot, c'est une petite bière ou un bon rosé, mais là, c'est fini pour de bon. Vous vous êtes fait lourdé comme une merde. "C'est la crise que voulez-vous ?", enfin c'est ce que vous a dit M. Brichard. Il faut donc passer à autre chose, du brutal de préférence. Alors, après avoir plié vos affaires (un tapis de souris, trois cartes postales et un mug) vous marchez dans la rue comme un zombie. Vous vous arrêtez dans le premier troquet du coin, vous posez votre chapeau sur le comptoir, et vous dites "un whisky Johnny, un double". Bientôt, vous demandez à ce bon vieux Johnny de "laisser la bouteille", et vous lui racontez tous vos soucis, pendant qu'il essuie des verres en vous regardant d'un air désolé. Vous finissez au milieu des clodos sur un banc à gueuler "Brichhaaard enccuuléééé !!". - La cuite de campagne la plus "ils sont pas humains" (Gnôle maison)
La campagne, vous n'y allez pas souvent, mais quand vous allez visiter votre famille, vous repartez rarement d'équerre. C'est pas souvent qu'ils voient "un gars ou une fille de la ville", alors vous allez prendre pour tous les Parisiens qui "roulent comme des cons sur les nationales". Ça commence par un concours de belote, puis on prend l'apéro alors qu'il n'y a pas de repas, et après c'est l'escalade : on entame les spécialités locales (celles où il n'y a pas d'étiquettes sur la bouteille), et sans avoir compris pourquoi, on se retrouve dans un champ à poil, avec un fusil à la main. Le lendemain, personne ne comprend pourquoi vous êtes si mal. D'après les gars du crû "on est restés plutôt sage pour un mardi...". - La cuite d'open bar, la plus "15 gin fizz svp" (Cocktails)
Dans celle-ci aussi, il y a deux camps bien marqués. Les habitués qui sirotent tranquillement des petites flûtes, et le clan des "putain c'est gratos", en gros, les soiffards trop peu habitués à pouvoir se servir à volonté. Ceux-ci ne feront pas vraiment long feu et vont ardemment user la patience des premiers. Il faut reconnaître qu'il est triste que les "all you can drink" ne se passent que dans des endroits ou il ne faut pas être scandaleusement bourré (vernissage, fête de faculté, etc.). Mais ça, le clan des soiffards s'en fout, et le regrette forcément le lendemain. - La cuite de festival, la plus "alors comme ça vous êtes bretons ?" (N'importe quoi, mais tiède)
Ça commence toujours par un Breton qui vous réveille dans votre tente avec des pains au chocolat au pastis. Et ça se poursuit par une longue journée de mélanges alcoolisés, souvent devant des groupes que personne ne connait. Car bien sûr, les groupes du soir, ceux pour lesquels on est venus finalement, on ne les verra jamais, ou alors pas dans un état qui permet vraiment d'apprécier la musique. On se fera réveiller par un cagnard insupportable, à 10 heures, affalé comme une loque, à un mètre de sa tente. Votre voisin breton, toujours en forme, vous met une tape dans le dos et lance : "Allez, on s'y remet, ça reprend dans deux heures". Allez une bonne petite douche et ... Ah oui c'est vrai, il y a 8 km de queue. Bon, ben "qui veut un pastis, faut le boire tant qu'il est tiède !"
On va s'en jeter un petit ?