La frontière entre "hommage" et "plagiat" dans l'usage des samples, on l'a vu, est parfois fine. Mais quand un groupe décide d'incorporer un bout d'une autre chanson dans son propre titre, en prenant le temps de le rejouer en studio de la manière la plus fidèle possible, la question ne se pose plus. Petite sélection de ces références habilement dissimulées dans des tubes, si vous les aviez manqués :
- Oasis - Don't Look Back in Anger
Difficile de croire au hasard quand Oasis rejoue le début d'Imagine de John Lennon en guise d'intro pour ce tube Noelgallagherien dont le titre fait lui référence à une chanson de David Bowie (ça devient compliqué).
- The Beatles - All You Need is Love
Outre la Marseillaise utilisée en intro, cette chanson des Beatles est connue pour inclure durant son final d'autres éléments, notamment un bout de Bach, quelques notes du traditionnel anglais Greensleeves, l'intro du standard de jazz "In The Mood" et le refrain de She Loves You des même Beatles. Rien de tel qu'un auto-hommage.
- Veruca Salt - Volcano Girls
L'excellent groupe Veruca Salt n'aura jamais retrouvé la popularité acquise grâce au redoutable single Seether. Pas étonnant par conséquent que le groupe en glisse un petit bout à 2'26. Ca fait plaisir.
- Pixies - Space (I believe in)
Black Francis est un type honnête. Et au beau milieu de cette chanson, après une intro qu'on qualifiera de majestueuse, un couplet et un refrain à rallonge, vers 2'54, il gueule : NOW I'M GOING TO SING THE PERRY MASON THEME! Et il le fait.
- Roxy Music - Remake/Remodel
Après 3'20 d'un titre débridé, chaque musicien à le droit à son micro-solo, vite fait, le temps de dire bonjour, un peu comme quand on présente les musiciens à la fin des concerts pourris de la Fête de la Musique, "à la basse, Jean Luc! (ouaiiiiiis!)". Le bassiste Graham Simpsons choisit de passer le riff de Day Tripper des Beatles et Andy Mackay s'offre un petit bout de la Chevauchée des Walkyries de Wagner (tant qu'à faire...) au saxo.
- Jimi Hendrix - Wild Thing
Non content de s'approprier une reprise des Troggs (les quoi?...) Jimi glisse l'air de rien, d'une main, un petit bout de Stranger in the Night de Sinatra à 2'47. Mais de ce concert de Monterey, on retiendra davantage la guitare cramée à la fin de ce même morceau.
- Mano Negra - Soledad
Si la Mano Negra est le plus grand groupe de rock français de tous les temps (et ça ne se discute pas), c'est surtout pour la capacité des hommes de Manu Chao à insérer l'air de rien un thème du début du siècle, entendu dans "Les Temps Modernes" de Chaplin, au milieu d'un morceau qui dépote. Ce qu'on sait moins, c'est que ce thème est en fait une chanson française, "Je Cherche Après Titine", composée par Léo Daniderff en 1917.
- Kvelertak - Sultans of satan
Si les Norvégiens du groupe "Ettouffement" (ou "Etranglement", le norvégien est une langue subtile) sont d'éminents représentants du style "Black'n'Roll", ce n'est pas un hasard. Car si ces Vikings semblent plus à l'aise avec un tapis de double-pédale et un chanteur qui a décidé de sacrifier sa trachée avant d'avoir 30 ans, le groupe se laisse de temps à autre rattraper par des références d'un autre temps, comme quand le Foxy Lady de Jimi Hendrix sonne très clairement autour de 2'05.
- Red Hot Chili Peppers - Give it Away
Comment imaginer que les très énervés Red Hot piocheraient dans le répertoire de Black Sabbath, dont la marque de fabrique est justement la lenteur presque insolente de leurs riffs. Un petit coup d'accélérateur et le final de Give it Away, à 3'54, évoque sans complexe le Sweet Leaf de Black Sabbath.
- Laurent Voulzy - Rockollection
Difficile de passer sous silence cette chanson juke-box dont le propos est justement d'emprunter aux standards des années 1960. On vous en a trouvé une version d'un bon quart d'heure mais il en existe une encore plus longue, 21 minutes et 33 secondes et une vingtaine d'extraits à l'intérieur.
- (bonus) Gold - Hard Rock Collection
La même que précédemment, mais signée Gold (oui, Gold...) et consacrée aux grandes heures du hard. Et là, vous dites "merci Topito", et y'a pas de quoi.
Et vous, vous aviez repéré tous ces petits hommages?