Donald Trump, le candidat à la primaire républicaine n’est pas qu’un milliardaire délirant, il s’est aussi construit en plus de vingt ans une véritable carrière médiatique à coup d’apparitions sur le petit ou le grand écran. Ces prestations, si elles démontrent une autodérision parfaitement contrôlée, ont surtout, lentement mais durablement, fait entrer le chevelu hirsute dans les foyers américains, l’ont maquillé en personnage sympathique, aimable donc finalement aujourd’hui peut-être éligible.
- Le prince de Bel Air (1994)
Mis en orbite internationale avec Le Prince de Bel Air, Will Smith se retrouve durant la saison 4 face à Trump himself. Introduit par Geoffrey le majordome, l’homme d’affaires apparaît aux bras de son épouse de l’époque Marla Maples. À la vue d’une de ses idoles, Carlton, le cousin businessman de Will exulte et manque de tomber dans les pommes. Cette prestation, l’une des premières de Trump, marque sa volonté d’être associé à un show populaire, métissé et destiné au jeune public : une façon de se positionner dans la mémoire collective redoutablement efficace.
- Sex and the City (1999)
Bien qu’il apparaisse dans des séries californiennes, Trump demeure un New-yorkais, un homme de la east coast comme il le prouve en trainant ses guêtres dans Sex and the City. Dans l’épisode 8 de la saison 2, il croise Samantha, la nympho quarantenaire très portée sur les hommes riches, incarnant à la perfection le portrait-robot de l’étalon friqué. Bien que rien se ne produise entre les deux, l’imagination des spectatrices fait le boulot, intronisant Trump en fantasme sexuel improbable.
- Spin City (1997)
En 1997, l’air de rien, Trump s’invite dans Spin City, une série comique se déroulant dans les coulisses de la mairie de New York. Comme un présage de sa future ambition électorale, Donald se balade dans les arrière-cours d’un lieu de pouvoir, très à l’aise dans l’exercice, il y serre même la pince du maire et celle de son bras droit (Michael J.Fox). Comme précédemment, il joue son propre rôle, aiguisant ses talents de comédien, particulièrement utiles dans le combat politique.
- Une nounou d’enfer (1996)
Fran Fine, la nanny d’enfer connaît toute la communauté du Queens mais elle côtoie aussi le beau linge de Manhattan comme lorsqu’elle accueille dans la maison de Mr Sheffield Donald Trump. Elle qualifie d’ailleurs son patron et le millionnaire de « silvionnaires » (un riche grisonnant en somme), comme si tous les hommes influents appartenaient au même monde, dînaient dans les mêmes restaurants, voire partageaient les mêmes femmes. Si la fin de la séquence s’amuse de cette situation de caste, il n’est pas saugrenu de se dire que les hommes de pouvoir naviguent dans des sphères perméables et que le candidat Trump d’aujourd’hui doit sans doute pouvoir compter sur le soutien de quelques autres millionnaires.
- Zoolander (2001)
Le narcissisme de Trump, son plaisir évident à se mettre en scène avec beaucoup d’humour ressemble à un carbone 14 de sa vie. Grâce à sa présence au générique de Zoolander, on découvre Melania Knauss, ancien mannequin slovène et nouvelle Mme Trump. Son appartenance au monde de la mode est-elle la raison de la présence du magnat de l’immobilier dans ce film ? Quoi qu’il en soit, voir le bonhomme complimenter avec sérieux le génie de Derek Zoolander vaut son pesant de cacahuètes.
- Maman j’ai encore raté l’avion (1992)
Après avoir été oublié chez lui par ses parents en 1990, Kevin McCallister se retrouve tout seul à New York dans le 2e volet de ses aventures. Alors qu’il crame la carte bleue de son père dans un palace new-yorkais, son chemin croise celui de Trump, toujours prompt à aider un petit garçon en détresse. On retrouve ainsi les composantes essentielles des prestations de Trump : côte est, luxe et sympathie.
- L’Amour sans préavis (2002)
Dans cette comédie romantique où Sandra Bullock, avocate idéaliste s’entiche de Hugh Grant, un homme d’affaires à la morale modulable, la guest-star Trump trouve encore une fois un écosystème à sa mesure. Il prodigue ses conseils amoureux au Droopy britannique lors d’une fastueuse soirée. Impossible donc de désolidariser Trump de son milieu naturel : la jet set.
- L’Associé (1996)
Conscient que la comédie est un véhicule empathique imparable, Trump fait un cameo dans L’Associé, film narrant les aventures rocambolesques d’une femme noire bien décidée à se faire sa place dans le monde viriliste de Wall Street. Comme si l’équation homme riche dans la finance rime invariablement avec Donald, le millionnaire cabotine avec un certain talent (et à contre-emploi) lors d’une longue séquence savoureuse. - Les Chenapans (1994)
Une fois n’est pas coutume, Trump ne joue pas son propre rôle dans Les Chenapans. Dans cette comédie de la réalisatrice de Wayne's World sur un groupe d’enfants amis dont l’existence mime en miniature celle des adultes, le candidat républicain campe le père cynique d’un des gamins (la petite teigne richissime), convaincu que tout peut s’acheter avec l’argent. Un rôle de composition ?
- The Job (2001)
Quand deux guest-stars se rencontrent, ça donne une séquence insolite. Dans l’épisode 2 de la série The Job, Elizabeth Hurley croise dans un restaurant new-yorkais son ami Trump, sorte de protecteur paternaliste. Consolidant son image de people, naviguant aussi bien dans les négociations commerciales que les soirées mondaines, Trump peaufine encore sa dimension de célébrité populaire, imposant par sa fortune et abordable par sa bonhommie et son humour. Un coup de maître qui pourrait bien lui valoir, après vingt ans de bons et loyaux services dans l’entertainment un billet pour la Maison Blanche!
Ce type est un acteur né, il ne devrait faire que ça. Et rien d'autre.