Certains acteurs prennent leur métier tellement au sérieux qu’on dirait des contrôleurs des impôts face à des moquettes qui sentent la fraude fiscale. Sur le principe, c’est sympathique : on se dit qu’après tout c’est cool quand des mecs payés à être beaux se tirent les doigts de l’anus. Et puis quand on voit comment ça les détruit, on se demande s’ils n’auraient pas mieux fait tout simplement de devenir vraiment contrôleurs des impôts.
Jim Carrey avec Andy Kaufman
Le meilleur film de Netflix raconte comment Jim Carrey a été marqué à vie par son rôle d’Andy Kaufman dans Man on the Moon de Milos Forman. Dès l’obtention du rôle, Carrey a perdu pied, commençant à communiquer avec Andy Kaufman par télépathie et surtout abandonnant complètement Jim Carrey tout au long du tournage. Carrey n’était plus qu’Andy Kaufman, devant la caméra ou en dehors : il est allé jusqu’à provoquer pour de vrai l’acteur de catch contre qui il devait se battre à l’écran et a fini à l’hôpital. Et à la fin du tournage, Carrey a eu le plus grand mal à redevenir lui-même et a sombré dans une dépression absolue qui lui a valu de séduire Gondry quand il cherchait son acteur pour Eternal Sunshine.
Heath Ledger avec le Joker dans The Dark Knight
Déjà, pour commencer, Heath Ledger s’est enfermé pendant un mois dans une chambre d’hôtel pour trouver le bon ton et les bonnes attitudes afin de jouer le Joker. En général, ce n’est pas le genre de choix qui déboule sur une vie saine et heureuse. Et, avant même la sortie du film, il a fini par mourir d’une overdose, notre petit Heath. Une histoire très très triste.
Joaquin Phoenix et I'm Still Here
En 2008, Joaquin Phoenix annonce qu’il arrête de jouer pour devenir chanteur de hip hop. Pendant deux ans, il enchaîne les performances ridicules, se laisse pousser la barbe, a l’air au fond du trou. En réalité, il est en train de mener tout le monde en bateau dans le cadre du tournage d’un documenteur réalisé par Casey Affleck ; mais le rôle de loser absolu lui va bien au teint et Phoenix a tellement fait coller sa vie à ce personnage qu’il n’arrive plus à en sortir. Le film fait un flop à sa sortie et Joaquin Phoenix a le plus grand mal à aller de l’avant et s’éloigne totalement du cinéma pendant un temps. Avant de redevenir l’espèce d’acteur intouchable que l’on connait.
Jared Leto et le Joker, à son tour
Sans doute un peu intimidé par les figures tutélaires qui l’avaient devancé (on ne se confronte pas à Nicholson et Heath Ledger sans casser des oeufs), Jared Leto a décidé d’y aller franchement pour se préparer à reprendre le rôle du Joker. Il a tout d’abord refusé de quitter son rôle entre les prises – du classique chez les acteurs obsessionnels. Mais il a poussé le bouchon plus (trop) loin, faisant des cadeaux très bizarres aux autres acteurs du film : il a ainsi envoyé une caisse de balles 9mm à Will Smith ou un rat vivant à Margot Robbie. Il a également posté une vidéo où il posait en Joker à côté d’un cochon mort. Bref, à la fin de tout ça et vu la qualité finale du film, il a été bon pour des séances de psy.
Martin Sheen dans Apocalypse Now
Un peu forcé par Coppola, Martin Sheen a passé une semaine enfermé dans une chambre d’hôtel à ne rien faire que picoler pour préparer au mieux la scène d’ouverture d’Apocalypse Now. Il s’est aussi éclaté la main en brisant un miroir et a refusé de se faire soigner. Inutile de s’attarder sur les dizaines d’anecdotes bien connues sur le film, mais il faut quand même savoir qu’à force de picole, de drogue et de conditions de tournage épouvantables, Sheen a fini par faire une crise cardiaque à même pas 40 ans, retardant le tournage de 5 semaines, pas plus : il a refusé de garder le lit pour ne pas foutre la production en l’air. Martin Sheen a mis plus d’un an à se remettre du film.
Johnny Depp pour Las Vegas Parano
Pour incarner Hunter S. Thompson dans son trip sous acide à Las Vegas, Johnny Depp a décidé de laisser de côté les mimiques bizarres et de faire du taf de fond. Il s’est donc installé dans la cave où vivait l’auteur et s’est mis littéralement dans ses pompes, passant son temps à discuter avec lui, lisant ses manuscrits et prenant les mêmes merdes que lui. Avec Thompson, ils se levaient à 9 heures du soir et se couchaient à 5 heures de l’après-midi et ne se quittaient pas une seconde. Ensuite, Johnny Depp a eu le plus grand mal à revenir à une vie normale : quand il a pris l’avion pour rencontre Gilliam à Las Vegas, il portait les fringues de Thompson (lesquelles n’avaient jamais été lavées en 30 ans) et semblait considérablement attaqué par les drogues, même s’il s’est farouchement défendu de consommer réellement. Quoi qu’il en soit, on peut dire que le film a marqué un tournant dans sa carrière.
Val Kilmer pour Jim Morrison
Pour incarner le chanteur des Doors dans le film éponyme d’Oliver Stone, Val Kilmer a fait le truc typique des mecs d’actor studio : rester dans le rôle tout le temps, insistant pour qu’Oliver Stone l’appelle Jim sur le plateau et se comportant comme un vrai con avec le reste de l’équipe, au point que l’ensemble des techniciens ont tout simplement cessé de le calculer. En réalité, Kilmer est devenu complètement obsessionnel : il posait des questions absurdes aux proches du chanteur, du genre « comment se serait-il comporté avec un serveur ? » ou « est-ce qu’il passait beaucoup de temps aux toilettes ». Evidemment, il a eu le plus grand mal à se remettre d’aplomb après tout ça.
Isabelle Adjani dans Possession
Dans le film d’Andrzej Zulawski, Isabelle Adjani a une scène particulièrement violente au cours de laquelle elle vomit dans le métro. Mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg d’un tournage ultra-éprouvant au cours duquel l’actrice était en permanence poussée sans ses retranchements émotionnels et physiques. Ce rôle d’Anna l’a tout simplement détruite durablement, à tel point qu’elle a ensuite dû suivre une thérapie pendant des années pour se sortir le personnage de la tête.
Bob Hoskins est devenu fou à cause de Roger Rabbit
Le problème, quand on est un des premiers acteurs sur terre à jouer avec des personnages de dessin animé, c’est que l’on s’expose à une expérience pas totalement normale. Bob Hoskins a ainsi longtemps traîné de drôles d’hallucinations après le tournage de Roger Rabbit : tenu, pendant les prises, d’imaginer qu’il parlait vraiment à des personnages de cartoon, il a commencé à les voir pour de vrai, passant son temps à parler tout seul en étant convaincu qu’ils étaient là, près de lui, et a été obligé de lever le pied sur le métier d’acteur pendant des mois.
Heureusement qu’ils gagnent plein d’argent.
Sources : Cracked, Looper, Screenrant