A Hollywood, les grands acteurs bankables qui ont fait leur coming-out, ça ne court pas les rues. Alors, quand un réalisateur a besoin de quelqu’un pour jouer un grand rôle homosexuel, il se retrouve bien souvent avec un acteur hétéro entre les pattes. Du maquillage outrancier à la caricature des petits rires efféminés, tous les coups sont permis pour se rendre crédible pour le grand public et passer, le temps d’un film, de la voile à la vapeur (ou l’inverse). Certains resteront pour la postérité dans l'histoire du cinéma.
- Le plus dandy : Michael Douglas dans "Ma vie avec Liberace", de Steven Soderbergh (2013)
Pas facile à priori de transformer le libidineux Michael Douglas en l'exubérant artiste de Las Vegas "Liberace". Pour y parvenir, les accessoiristes ont mis le paquet : fourrure, paillettes, brushing, bagouzes, la totale, à tel point que Catherine Zetta Jones n'aurait pas reconnu son mari. Résultat, le film est considéré "tellement gay" à Hollywood que Soderbergh n'a trouvé personne pour le distribuer en salle aux US. Ce sera donc presque un téléfilm qui sera présenté à Cannes, une première... - Le plus émouvant : Tom Hanks dans "Philadelphia", de Jonathan Demme (1993)
Entre "Forrest Gump", "La Ligne Verte" et "Seul au monde", Tom Hanks s’est taillé une sacrée réputation de tire-larmes… Mais c’est surtout avec "Philadelphia" et son grand rôle d'avocat licencié parce qu'il a le SIDA qu’il avait pour la première fois fait pleurer dans les chaumières en faisant des petits bisous mourants à Antonio Banderas. Le tout sur une belle musique de Bruce Springsteen, ça aide à faire un rôle mythique. - La plus moche : Charlize Theron dans "Monster", de Patty Jenkins (2003)
Il y a deux types d’actrices : celles qui sont employées pour leur physique, et celles qui sont employées pour leur talent. Histoire de bien montrer qu’elle n’était pas qu’une jolie poupée, Charlize Theron s’est rendue aussi laide que possible pour incarner Aileen Wuornos, une tueuse en série de la fin des années 80. Le film nous offre les scènes lesbiennes les moins sexy de tous les temps, mais rapporta à Charlize un bel Oscar. - Les plus romantiques : Jake Gyllenhaal et Heat Ledger dans "Le Secret de Brokeback Mountain", d’Ang Lee (2005)
Ils sont pas mignons tout plein, ces deux petits cowboys qui se la jouent « je-t’aime-moi-non-plus » en gardant des moutons ? Enorme succès public et critique pour ce film présenté à Cannes. Le film doit surtout sa réussite à ses magnifiques scènes de chevauchées, y compris nocturnes. Vous ne verrez plus jamais les cowboys de la même manière. - Le plus ambigu : Robert Downey Jr dans "Sherlock Holmes", de Guy Ritchie (2009)
Certes, le personnage n’est jamais officiellement présenté comme gay, mais il est difficile de ne pas imaginer ce qui se passe entre Sherlock et Watson en hors-champ. Surtout quand c'est Robert Downey Jr lui-même qui le dit en interview. Après tout, ces deux garçons sont moustachus, vivent ensemble et se connaissent sur le bout des doigts… on vous fait un dessin ? - Le plus "french touch" : Michel Serrault dans "La Cage aux Folles", d’Edouard Molinaro (1978)
Difficile de faire plus culte que celui-ci… Michel Serrault, aux côtés de Jean Poiret puis d'Ugo Tognazzi, qui pleurniche parce qu’il est incapable de tenir sa biscotte et de maîtriser son petit doigt, c’est le genre de choses dont on ne se lasse pas. Cliché ? Mais non, mais non… Repris plus tard par Robin Willams dans "Birdcage". - Le plus politique : Sean Penn dans Harvey "Milk", de Gus Van Sant (2008)
A Hollywood, il y a quelques moyens bien faciles pour empocher un Oscar : jouer un rôle hautement politique, incarner un personnage historique, ou mettre son image « en danger », comme on dit. Sean Penn devait vraiment beaucoup vouloir sa statuette, puisqu’il a fait le tiercé gagnant en incarnant Harvey Milk le premier homme politique américain "ouvertement" gay. Est-ce que ça a marché ? Bien sûr que ça a marché, le plan est infaillible, on vous dit. - Le plus huilé : Colin Farrell dans "Alexandre", d’Oliver Stone (2004)
Si les grecs avaient la réputation d’être particulièrement enclins à ne pas trop se soucier du sexe de la personne en face d'eux sous la douche, ce n’est pas ce film qui les aidera à changer d’image. On y découvre en effet que le véritable amour du grand Alexandre / Colin Farrell est en réalité le beau Jared Leto. Désolé pour la double déception, les filles. La vie est dure, oui. - Le plus survolté : Al Pacino dans "Un après-midi de chien", de Sidney Lumet (1975)
On a tendance à l’oublier, mais le personnage principal de ce grand classique est bien gay. D’ailleurs, s’il braque une banque, c’est pour que son petit ami puisse changer de sexe. Si ça c’est pas une belle preuve d’amour, on ne voit pas ce qu’il vous faut… - La plus tragique : Hilary Swank dans Boys Don’t Cry, de Kimberly Pierce (1999)
Avant de se faire connaître du monde entier dans "Million Dollar Baby", Hilary Swank avait obtenu son premier Oscar de meilleure actrice grâce à son rôle dans "Boys Don’t Cry". Le film raconte la triste histoire vraie d’une femme travestie en homme, qui doit faire face à l’hostilité de ceux qu’elle rencontre. Mais bon, il se confirme au moins que jouer un personnage gay torturé, c’est un plan ultime pour avoir des récompenses ! - (bonus) Le plus (in)attendu : Sacha Baron Cohen dans "Mercury"
Eh oui, depuis quelque temps, un film sur Freddy Mercury, le leader de Queen, est en préparation, et le rôle principal est réservé à… Borat en personne ! Après tout, l’acteur avait déjà joué un gay bien décomplexé dans Bruno, et il porte plutôt pas mal la (grosse) moustache, alors pourquoi pas ?
A qui le prochain oscar ?