Il y a eu les chiffres, si affreux mais presque abstraits. Il y a maintenant les noms, les visages de ceux qui ne regarderont plus jamais la progra du Bataclan, de ceux qui ne donneront plus jamais rendez-vous pour boire une bière "allez-juste-une" le vendredi soir en terrasse. Et l'effroi fait place à l'horreur. A la peine indescriptible de proches ayant perdu un des leurs, à la douleur retenue d'inconnus rendant un dernier hommage à un(e) ami(e). Nous envoyons par ces mots à ces personnes dans une profonde détresse tout notre amour, le plus sincèrement du monde.
Chez Topito, nous ne sommes pas journalistes. Nous ne sentons jamais l'obligation professionnelle de couvrir l'actualité coûte que coûte. Mais plutôt uniquement celle qui nous inspire pour essayer d'en rire ou d'en sourire avec vous, en essayant de s'attacher aux mots.
Cette actualité là nous laisse pour le moment sans voix, incapables de trouver les mots, accaparés nous aussi à rassurer nos familles, à essayer de comprendre pourtant écrasés sous un flot d'infos continues, à vouloir rester blottis sous la couette en espérant que ça passera, demain.
Mais demain ça ne passera pas. Demain, nous essaierons juste tous de reprendre le cours de notre vie là où nous l'avons laissé vendredi soir. Presque étonnés de se dire qu'il faudra reprendre des habitudes quotidiennes comme si de rien n'était, sans doute effrayés mais ne voulant pas le montrer, alors qu'une porte sur l'enfer s'est ouverte il y a tout juste 2 jours. Mais nous en avons en fait l'obligation. Nous devons ça à ces dizaines de visages souriants pour qui la vie s'est arrêtée si brutalement.
Essayons d'abord de continuer à être ouverts sur les autres, unis, sincères, honnêtes avec nous-même, transparents, et justes. Le sourire reviendra après.