Pablo Correa vient de l'officialiser, il ne sera plus sur le banc de l'AS Nancy Lorraine la saison prochaine. C'est l'occasion de réaliser que la longévité de Correa tient de l'exceptionnel dans le football français. Certains joueurs en Angleterre n'étaient pas nés quand leur coach prenait ses fonctions (25 ans pour Ferguson, 15 ans pour Arsène Wenger), la France ne compte que de rares exemples de belles longévités, 5 ans semble déjà une éternité. Et souvent, la stabilité a payé, coïncidence. Top des entraîneurs français qui ont la peau dure.
- Guy Roux (AJ Auxerre) - 40 saisons : plus celle d'entraîneur-joueur. Oublions la fin de carrière en eau de boudin du côté de Lens et la réputation de pingre à bonnet que le bonhomme s'est forgée. De ses débuts en 1961 à son dernier match sur le banc auxerrois en 2005, Guy Roux a apporté plus que sa part au football français. Pour les joueurs qu'il a sorti, pour l'ascension de son club et pour quelques belles soirées européennes, Guy Roux est un monument. Une statue (à bonnet) dans le centre d'Auxerre semblerait une sortie digne.
- Christian Gourcuff (FC Lorient) - 18 saisons : série en cours. Le voilà le nouveau Guy Roux : Christian Gourcuff. Ok il a bien été tenter sa chance ailleurs, à une heure de TGV à Rennes ou au Qatar, Lorient a bien essayé de lui trouver un successeur, Angel Marcos ou Yvon Pouliquen, le couple est toujours réuni par la force des choses. Les Merlus ne savent pas jouer sans Christian, et Christian perd tous ses super-pouvoirs orange loin de ses Merlus.
- Jean Snella (AS Saint-Etienne) - 15 saisons : en deux fois, certes. Un des illustres prédécesseurs de Gourcuff à Lorient qui est l'un des grands artisans de la réussite de Saint-Etienne dans les années 1950 et 1960. 3 titres de champion de France, un intérim de 4 matchs comme sélectionneur des Bleus et une tribune à son nom dans le chaudron pour 15 saisons de bons et loyaux services. Un bilan que lui envieraient pas mal de verts qui voient rouge en ce moment.
- Albert Batteux (Stade de Reims) - 13 saisons : le grand Reims, c'est lui. 13 ans sur le banc de la première sensation française à l'échelle européenne, 5 titres de champion de France, « Bébert la science» enchaînera avec la troisième place des Bleus à la Coupe du Monde 1958 avant de prendre la place de Snella à la tête des Verts et de leur offrir 3 titres de champion. Alors, effectivement, il n'a pas gagné le festival espoirs de Toulon, mais on lui pardonne.
- Jean-Claude Suaudeau (FC Nantes) - 12 saisons : 2 périodes de 6 ans à la tête des canaris avec un titre de champion à chaque fois. Un jour, Coco Suaudeau, un scientifique du foot, un ovni légendaire, a dit "Platini disait que la chose la plus difficile dans le football, c'est le contrôle. Alors je dis ok, on joue sans contrôle.". Va faire comprendre ça à Cyril Rool, toi.
- Aimé Jacquet (Girondins de Bordeaux) - 9 saisons : et des titres à la pelle. Avant de muscler le jeu de l'équipe de France et de Robert Pirès en particulier, il fit les beaux jours des girondins. Si Bordeaux est l'un des clubs phare de l'hexagone dans les années 1980, c'est aussi grâce au dieu Aimé.
- Pablo Correa (AS Nancy Lorraine) - 9 saisons : il annonce son départ, et on y croirait presque pas. 9 ans à faire le spectacle dans un "je t'aime moi non plus" avec la fédération et les arbitres. L'Uruguayen a quand même réussi à se faire élire à deux reprises Entraîneur Français de l'Année par France Football et à gagner une Coupe de la Ligue. Sous sa direction, l'ASNL est revenue dans l'élite, s'est maintenue, et a eu quelques moments glorieux. La pelouse synthétique l'aura tué, lui aussi.
- Michel Mézy (Montpellier HSC) - 9 saisons-à-peu-près-mais-personne-n'est-sûr : un entraîneur old-school, avec des sous-pulls à col roulé, éternel lieutenant du président Nicollin. Il est viré, il revient, il repart, il revient... rien que pour ça il mérite de figurer dans ce top, surtout avec Loulou à côté. Si au moins sa place dans ce top pouvait encourager les supporters de Montpellier à remplir la famélique page wikipedia qui lui est dédiée. Un mec qui a coaché Laurent Blanc, Eric Cantona (époque "Henri Michel, mon ami"), Roger Milla ou Carlos Valderama mérite bien ça.
- Arsène Wenger (AS Monaco) - 7 saisons : Arsène n'aime pas les déménagements. Avant de s'installer (très) durablement à Londres depuis 15 ans, Arsène avait pris ses habitudes sur le banc de Monaco. Pression inexistante, soleil, casino et petites pépées, y'a pire pour un entraîneur.
- Raymond Domenech (équipe de France) - 6 ans : le sélectionneur-highlander. Au terme de chaque compétition, Raymond voit la France entière le supplier de rester, des gens menacent de s'immoler par le feu si un autre sélectionneur lui prend sa place, personne d'ailleurs n'ose se poser en candidat à sa succession face à son insolente réussite et son étonnante capacité à garder pendant 6 ans une équipe en chantier (après avoir croisé la plupart d'entre eux en espoirs pendant 10 ans, autre exemple de longévité à saluer). Mais toutes les bonnes choses ont une fin.
- (Bonus) Claude Puel (Olympique Lyonnais) : 3 saisons à la tête de l'OL, mais qui semblent une éternité. Gerland, privé de titre depuis l'entrée en fonction de Puel, attend toujours de "passer un palier" et n'a certainement jamais trouvé la durée d'un contrat aussi longue qu'en ce moment. Le temps passe toujours moins vite quand on traverse le désert.
Et vous, vous en voyez d'autres des entraîneurs "increvables" ?