Si vous avez passé un joyeux week-end dans les bouchons, c’est que vous êtes un vacancier militant : soit vous êtes un juilletiste qui aime les reprises en douceur, dans la chaleur moite du mois d’août, soit vous êtes un aoûtien qui a tenu la boutique jusqu’au bout avant de lâcher prise dignement. Car vous le savez, c’est à cette période que se dessine le seul vrai clivage de notre pays, il n’y a plus de jeunes, plus de vieux, plus de gauche, plus de droite, plus de citadins, plus de campagnards, il n’y a que des vacanciers qui se croisent sur l’autoroute. Et on les reconnait tout de suite :
L'aoûtien veut du soleil
Alors que le juilletiste veut juste se casser du boulot le plus vite possible, et s’il flotte un peu au début des vacances, ça ne le tuera pas. Un vrai juilletiste tire une fierté d’être le premier de son lotissement à faire un barbecue, l’aoûtien veut avant tout que ses gamins fassent une rentrée scolaire bien bronzés.
Le juilletiste est un sportif
Il peut ainsi profiter de ses congés pour aller encourager les grimpeurs dans les étapes de montagne du Tour et rentrer à la maison pour profiter de son abonnement à BeIn Sports. L’aoûtien va préférer écumer les festivals d’été les plus pointus, du Jazz à Marciac au début du mois, du théatre à Noirmoutier, un passage à la Route du Rock à la mi-août et un retour à Paris pour Rock-en-Seine.
Le juilletiste est un subalterne
Car le cadre dirigeant est en général un aoûtien. Quand il prend des vacances, c’est vraiment parce qu’il en est obligé. Le juilletiste a posé ses vacances bien en avance, pour avoir un bon prix sur sa location, le sort de sa boîte en juillet, ce n’est pas son problème.
L'aoûtien est un lèche-cul
Conséquence du point précédent, soit l’aoûtien est le patron, soit il veut être là quand son patron est dans les parages. Le juillettiste pour sa part est un tire-au-flanc, il est syndiqué, et ses congés ont partie de ses acquis sociaux. Il adore se barrer début juillet en criant « salut les connards! À dans 3 semaines! »
Le juilletiste est un mauvais citoyen
Il n’attend pas que son gouvernement soit en vacances pour partir, et quand il reprend le boulot, il est le premier à faire tourner des photos de Jean-Marc Ayrault en bermudas dans le Morbihan en disant « et ben… y’en a qui s’emmerdent pas ». L’aoûtien prend une pause bien méritée avant d’affronter les dossiers politiques de la rentrée.
L'aoûtien est blanc comme une fesse
Toute l’année, ça ne se voit pas, mais quand les juilletistes sont revenus, l’aoûtien a l’air d’un cachet d’aspirine. Et comme les premières chaleurs se sont produites, l’aoûtien a un bronzage de cycliste, barré par sa chemisette, tandis que le juilletiste a, au pire, la trace de la ficelle du string.
L'aoûtien est riche
En tout cas, suffisamment pour ne pas se mêler aux juilletistes qui profitent des tarifs plus modérés en début de saison. Par conséquent, les aoûtiens sont moins nombreux chaque année, crise oblige.
Le juilletiste sait qu'il a raison
Et il pense que les aoûtiens voudraient être comme lui, c’est juste qu’ils n’ont pas le choix. Du coup, l’aoûtien, selon le juilletiste, se retrouve sur des plages surpeuplées et dans des chambres d’hôtel à plein tarif.
L'aoûtien est condescendant
Et il estime que le juilletiste est un Anglais en bermuda, qui se fout du temps merdique tant qu’il peut glander toute la journée en sandales plastiques sur les galets. L’aoûtien part en vacances quand il a le sentiment du travail accompli. Le juilletiste part en vacances dès qu’il fait plus de 15 degrés.
Le juilletiste et l'aoûtien sont d'accord su un truc : les "hors-saisonnistes" sont vraiment des sales cons
Et s’il y a une trève entre les deux clans, c’est pour dire du mal de Berthier qui s’est barré en Thaïlande en plein mois de janvier ou Le Guennec qui est revenu des Canaries en mars. Ça fait en tout cas un sujet de discussion dans les bouchons pendant le chassé-croisé du début août.
Et vous, vous êtes dans quel camp ?