Après avoir étudié le cas du film Roar nous allons nous pencher aujourd’hui sur un autre film dont la production a été catastrophique (et qui est resté beaucoup plus célèbre) j’ai nommé le cultissime L’exorciste. S’il est resté dans les mémoires ce n’est pas seulement à cause de ses scènes choquantes (pour l’époque) mais également parce qu’il a été entouré de ce qu’on a appelé par la suite « la malédiction de l’exorciste ».
En 1972, soit deux ans après la sortie du roman « L’exorciste » de William Peter Blatty qui raconte l’histoire « vraie » de l’exorcisme d’une enfant nommée Regan McNeil, le réalisateur William Friedkin décide de le mettre en scène dans un film sombre qui rentrera autant dans la catégorie thriller que film d’horreur. Difficile de dire s’il savait à l’époque que son film allait faire un véritable carton au cinéma (plus de 2 millions de dollars de recette) et gagner deux oscars. Il ignorait probablement aussi que ça allait un peu puer de la gueule sur son tournage.
Pour pour la faire courte, Friedkin était prêt à tout pour obtenir ce qu’il voulait de ses acteurs.
Par exemple il n’a pas hésité à gifler William O’Malley (un vrai révérend qui n’était pas du tout acteur) pour le faire chialer et obtenir l’intensité souhaitée. En effet, il considérait que le prêtre jouait comme un cul sur une des scènes tristes (pas étonnant vu que le prêtre n’était pas acteur) et faire chialer un homme d’église juste pour qu’il joue bien c’est pas le meilleur moyen d’aller au paradis.
D’autre part, il ne parvenait pas à faire jouer la peur chez l’actrice Ellen Burstyn. Il n’a donc pas hésité à tirer au revolver avec de vraies balles histoire de la faire flipper. Est-ce qu’il avait un comportement de réalisateur tyrannique ? Assurément.
En plus de l’ami Friedkin qui se la jouait un peu extrême, de nombreux incidents se sont déroulés sur le plateau. Et pas des moindres…
Le plus tragique fut sans doute l’incendie survenu sur le décor qui heureusement n’a fait aucun blessé mais a tout de même retardé le tournage de six semaines, le temps de nettoyer et réparer tout le bordel. Problème : on n’a jamais vraiment su comment avait démarré ce foutu incendie. Un mystère qui a participé amplement au mythe de grosse poisse autour du film. Sans compter que le tournage a été repoussé une seconde fois lorsque le fils de l’acteur Jason Miller eut un accident de moto assez grave. L’acteur s’est même nourri de cette peine en interprétant cette scène où il se bourre la gueule et parle de sa mère décédée, ses larmes étaient réelles car il pensait à son fils hospitalisé. Ouin ouin.
Toutefois, si on parle de malédiction autour du film c’est surtout parce que plusieurs personnes en lien avec le film sont décédées peu de temps après le tournage… BOUUUHHOUUU VOUS LES SENTEZ LES FRISSONS DE LA MALÉDICTION ?
Bon. En réalité, restez stable c’était pas si ouf. On vous explique.
Certes, on compte neuf personnes en rapport avec le film qui sont décédées (j’insiste sur le « en rapport ») mais aucune mort n’a été à imputer directement sur le tournage. Alors oui.. l’acteur Jack McGoiwran est décédé au moment de la sortie du film. Un technicien des effets spéciaux et un veilleur de nuit du studio sont également décédés peu de temps après… Ok. Mais laissez-moi vous dire qu’on en a un tout petit peu rajouté. Genre le grand père de l’actrice Linda Blair qui est mort à cette même période mais qui n’a jamais foutu un pied dans les studios.
Tous les moyens étaient bons pour faire croire que ce tournage avait porté une malédiction sur ses participants alors qu’en fait, pas vraiment.
Le vrai problème du film c’était avant tout les conditions de tournage pour les acteurs qui ont été traumatisés par cette expérience peu sympathique. D’ailleurs, l’actrice qui jouait la « voix » de la gamine lorsqu’elle était possédée a pris cher, vachement. Eh oui car les producteurs n’étaient pas chauds patate pour faire éructer de telles insanités de la bouche d’une enfant, ils ont donc engagé l’actrice Mercedes McCambridge pour jouer la voix possédée…
Ancienne alcoolique qui avait réussi à raccrocher, elle a décidé de se remettre à boire et à fumer (ainsi que d’être attachée à une chaise pendant l’enregistrement de ses répliques parce que pourquoi pas) pour habiter le personnage au mieux. Autant vous dire qu’elle a foutu en l’air des années de travail personnel pour obtenir ce résultat, c’est plutôt triste.
Néanmoins, un élément vraiment flippant persiste dans cette histoire : le cas de Paul Bateson. Ce radiologue apparait dans le film en tant que médecin et fait passer des tests médicaux à la jeune fille possédée. Plusieurs années après le tournage, Bateson a été arrêté pour le meurtre d’une journaliste et on a même pensé durant cette longue enquête qu’il avait également assassiné plusieurs hommes. Donc techniquement, un tueur en série a joué dans ce film et ça c’est pas du tout bon pour le karma.
Au final on peut dire que oui, il y a eu pas mal de merdes sur le tournage : des gens se sont blessés, le réalisateur était parfois tyrannique, il y a eu un incendie, des accidents, des hospitalisations et un potentiel tueur en série (et vrai tueur en tout cas) a participé au tournage.
Autant d’éléments qui ont pu nourrir le fantasme de la malédiction (pas totalement éloignée du sujet du film). Bien pratique pour filer un coup de pub au film, ce que l’auteur du livre avait lui-même condamné à l’époque.
Sources : Wikipedia, La liste, The Sun, ScreenRant.