Quand tu manques d’avoir un accident dans un rond-point parce qu’un trou de cul n’a pas mis son clignotant ou quand une personne te double dans la file d’attente en faisant comme si de rien n’était, tu maudis toute leur famille pour avoir osé provoquer ta colère. Mais parfois, on ferait bien d’éviter parce qu’on n’est jamais trop sûr de ce que ça va donner. On serait bien incapable de vous dire si c’est la malédiction des Templiers qui a impacté l’histoire ou si c’est du pur hasard, mais en tout cas ça fait peur (je dirai même que ça fout la chienne). Alors pensez-y à deux fois avant de provoquer une sentence irrévocable (cc Denis si tu passes par là).
Les Templiers ont été victimes d'un complot
Au tout début du XIVe siècle, le roi Philippe IV, ou Philippe Le Bel pour les intimes, est en conflit avec le Pape Boniface VIII quant à la puissance du pouvoir de chacun. Or, à l’époque, les Templiers qui font partie d’un ordre religieux et militaire de la chevalerie chrétienne, viennent de perdre la Terre Sainte et reviennent en France pour occuper leurs commanderies. Et comme ils sont plutôt riches et forment une grande puissance militaire, ils se révèlent être assez gênants pour le roi qui veut asseoir son autorité. Par des biais pas très très éthiques et parce qu’il manque de preuves pour agir, le roi paye un dénommé Esquieu de Floyran pour propager des rumeurs sur les Templiers que celui-ci aurait entendues en étant emprisonné avec un co-détenu lui-même ancien Templier. Le maître de l’ordre, Jacques de Molay demande l’ouverture d’une enquête mais Philippe Le Bel s’en bat royalement les couilles et fait arrêter les Templiers.
Beaucoup y voient un lien avec le vendredi 13
C’est en effet un vendredi 13 que Philippe Le Bel fait arrêter les membres de l’ordre des Templiers avant de les torturer. L’association de cet événement avec la date du vendredi 13 en fait un jour de malheur qui a été popularisé par l’oeuvre de Maurice Druon Les Rois Maudits, repris par la suite dans diverses œuvres cinématographiques comme Da Vinci Code.
Les Templiers ont été accusés de reniement du Christ et de "baiser immonde"
Les rumeurs lancées par Esquieu de Floyran touchaient surtout aux pratiques des Templiers qui furent accusés d’hérésie et de comportements immoraux. On leur reprochait entre autres de cracher sur la croix, d’idolâtrer une autre personne que Jésus, de pratiquer la sodomie, notamment entre frères du même ordre, et d’avoir recours à un rite d’entrée dans l’ordre surnommé le « baiser immonde » qui consistait pour le nouveau templier à embrasser « le bas de l’épine dorsal » de l’officiant.
Le procès des Templiers n'était pas hyper équitable
Le nouveau pape Clément V fait stopper les arrestations des Templiers car elles s’opposent au droit canonique qui rendait les Templiers indépendants du pouvoir puisqu’ils faisaient partie d’un ordre religieux. Il demande au roi l’ouverture d’un procès. S’ensuivent des interrogatoires sur près de 138 templiers. Sous la torture, beaucoup d’entre eux confessent les péchés qui leur sont reprochés (hérésie, pratiques obscènes etc). Une partie des Templiers arrêtés sont brûlés suite à ces aveux. Il n’a pourtant jamais été prouvé ni réfuté que les rumeurs propagées par Philippe Le Bel sur les Templiers étaient fondées.
On n'est pas très sûr de la date de la mort de Jacques de Molay
Jacques de Molay, le grand maître de l’ordre des Templiers de l’époque, lui aussi arrêté, avoue durant son procès certains des crimes dont on accusait les Templiers. Mais le Pape Clément V qui doute de la véracité de ses dires fait demander un second interrogatoire dans lequel Jacques de Molay clame finalement son innocence et avoue que ses aveux lui ont été extorqués… Avant de revenir sur son ancienne version, puis de re-clamer son innocence des mois plus tard. Les juges le condamnent donc au bûcher ainsi que Geoffroy de Charney, dernier commandeur de l’ordre des Templiers, pour leurs changements de versions. Il subsiste encore un mystère quant à la date de son exécution car les deux dates du 11 mars 1314 et le 18 mars 1314 sont avancées.
Les paroles prononcées ont été transformées au fil du temps
Un peu avant de brûler sur le bûcher installé sur l’Île-aux-Juifs, à Paris, Jacques de Molay aurait prononcé ces phrases « Je vois ici mon jugement, où mourir me convient librement. Dieu sait qui a tort et a péché, le malheur s’abattra bientôt sur ceux qui nous condamnent à tort. Dieu vengera notre mort. Seigneur sachez que, en vérité, tous ceux qui nous sont contraires par nous auront à souffrir. En cette foi je veux mourir. Voici ma foi, et je vous prie, que devers la Vierge Marie, dont notre Seigneur le Christ fut né, mon visage vous tournerez ». Mais avec les légendes que cette histoire a engendré et les fictions qui en ont découlé, notamment le livre Les Rois Maudits de Maurice Druon, le monologue du maître de l’ordre est devenu « Pape Clément !… Chevalier Guillaume !… Roi Philippe !… Avant un an, je vous cite à paraître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste jugement ! Maudits ! Maudits ! Maudits ! Tous maudits jusqu’à la treizième génération de vos races ! ».
Les malheurs de Louis XVI seraient liés à cette malédiction
De nombreux événements ont alimenté la rumeur de la réalisation de la malédiction : d’abord la chute de cheval de Philippe Le Bel qui meurt des suite de son accident en avril 1314, puis la paralysie et la mort soudaine de son frère, la mort de maladie du pape Clément V, aussi en avril 1314, les adultères de deux des brus de Philippe Le Bel et la mort subite de ses trois fils, puis de bon nombre de ses descendants. Oui, ça fait beaucoup. Certains attribuent même le sort de Louis XVI à cette malédiction car il serait de la 13e génération après Philippe Le Bel (mais beaucoup d’historiens contestent cette version car la 13e génération serait plutôt celle des enfants de Louis XIV).
Les Templiers auraient laissé un trésor caché
Si les historiens affirment que le trésor des Templiers (religieux et qui serait donc constitué uniquement de reliques et d’archives) aurait disparu à la dissolution de l’ordre, un mythe subsiste quant à l’existence d’un autre trésor. Puisque les Templiers étaient foncièrement riches, possédant notamment beaucoup de commanderies ou encore de fermes, beaucoup ont considéré qu’ils avaient aussi de l’or et de l’argent. Selon la légende, un trésor aurait été évacué de Paris avec trois chariots pour être emmené en Normandie où les Templiers possédaient des navires, en passant par le château de Gisors, mais aurait disparu avant d’atteindre les côtes. Des fouilles ont été entreprises au château en 1964 par le Ministère de la Culture mais aucun trésor n’y a été trouvé.
Les Templiers auraient trouvé le Graal
Ce mythe s’appuie sur le roman courtois Parzival de Wolfram von Eschenbach qui raconte que le Graal, assimilé à une pierre magique, était gardé par des chevaliers templiers. La légende raconte donc que les Templiers auraient trouvé le château du Graal en Terre Sainte, puis l’auraient emmené en Écosse à la chute de l’ordre.
On peut voir la mort de Jacques de Molay dans l'intro du jeu Assassin's Creeds Unity
Le huitième jeu de la série Assassin’s Creed qui se déroule à la révolution française montre la chute des Templiers et l’exécution de Jacques de Molay pour replacer le contexte historique puisque le personnage principal, Arno, est adoptée par le Grand Maître des Templiers de France (même si historiquement, ce n’est pas possible puisque le dernier grand maître des Templiers était Jacques de Molay lui-même).
Ou peut-être que la mif de Philippe Bel avait seulement un très mauvais karma, qui sait ? Enfin, c’est pas le seul à ne pas avoir eu de bol comme le montrent les malédictions les plus carabinées de l’histoire, les séries télé maudites, les malédictions égyptiennes les plus flippantes et les pires malédictions. Si on vous lance une malédiction, dites « bouclier » et tout ira bien.
Sources : Wikipédia, Le Monde, Le Figaro, Point de Vue.