Oui on vous l’accorde, sur le papier, la position de serial killer fait rêver : un job, qui est aussi une passion, sans patron dans les pattes, pouvant donner lieu à une vraie reconnaissance médiatique (et dans lequel on peut massacrer des gens à tour de bras), ça a de quoi séduire. Oui mais non. Outre le fait qu’on ne pense pas qu’il y ait de bonnes ou mauvaises situations, que la vie c’est d’abord des rencontres, des gens qui nous tendent la main à des moments où on ne peut pas, où on est seul chez soi, voici une petite liste des galères d’un serial killer, au quotidien, qui devrait quand même vous dissuader de vous réorienter.
Vous devez être rigoureux et méthodique dans tout ce que vous faites
Un peu comme Nadal avant un service. Ou Zidane, dans la pub Volvic. La moindre tâche devient ainsi un enfer pur, et simple à cause de ce que votre psy appelle votre « mode opératoire ». Merci du cadeau.
Vous détestez les films ou les séries sur votre profession
A part Dexter, cela va sans dire. Pour le reste, en revanche, vous en avez marre que ce soit toujours le tueur qui tienne le mauvais rôle, et qui perde systématiquement à la fin. Le manichéisme, ça marche dans les 2 sens hein…
Vous devez porter des gants (de cuir noir) le plus clair de votre temps
Ça vous parait pas bien méchant, c’est ça ? On en reparle au mois d’août, ou lorsque vous voudrez vous fouiller dans le nez ?
Vous subissez des blagues de merde sur votre job...
En soirée, quand vous annoncez votre profession :
– Un quoi ?
– Un serial killer.
– Un quoi ??
– Un serial killer.
– Ah, un serial killer…!
Si vous mettiez la main sur ce con d’Alain Chabat, vous lui feriez passer le goût du pain.
...avant un moment de gêne palpable, quand les gens comprennent que vous ne plaisantez pas
– Non mais ton vrai job ?
Et là, affublé de votre sourire le plus inquiétant, c’est à vous de rire.
Les gens ne vous cuisinent que des abats
Le plus souvent du foie et des fèves au beurre, servis avec un excellent Chianti. Ils ne pensent pas à mal en faisant ça. M’enfin à un moment donné, vous commencez à saturer.
Vos hobbies sont souvent mal perçus
La taxidermie « classique », ça passe déjà assez mal auprès du grand public. Mais quand vous évoquez la vieille dame que vous avez tuée, dépecée et naturalisée dans la position du lotus, à côté de votre cheminée, cela laisse les gens encore plus « perplexes ».
Les frais de teinturiers
Ça peut vite représenter une somme rondelette, car comme dit le proverbe bien connu dans votre profession, « on ne massacre pas des putes sans tacher les draps ». Et pas la peine d’essayer de « mettre du sel dessus, je t’assure, ça marche à tous les coups, c’est magique », ça n’y changera rien. Sans compter qu’il faudrait envisager de braquer les salines de Guérande vu les quantités d’hémoglobine dont il est question.
La réputation déplorable dont souffre votre profession
Pas autant qu’agent SNCF, ou que Policier Municipal, certes, mais vous sentez de réelles réticences sur votre activité professionnelle. Les préjugés ont la vie dure, et vous en payez le prix chaque jour. Ça suffit les amalgames : aux dernières nouvelles ça n’est pas vous qui avez envoyé la tête de la femme de Brad Pitt par colis postal.
Vous restez en situation relativement précaire
Pas la peine d’espérer des tickets restos ou une mutuelle payée par votre employeur. Quant aux RTT vous pouvez les tailler en pointe et vous les mettre où vous savez. Chienne de vie.
Et n’oubliez pas : Un petit quidam, ça ne fait pas de vague… Tu tues une baleine, t’auras les écolos, t’auras Greenpeace, t’auras le commandant Cousteau sur le dos !