Il n’est pire expérience (sauf des trucs survenus pendant la Seconde guerre mondiale ou l’Inquisition ou la colonisation belge au Rwanda, Ok, je reconnais, c’est pire) que celle de faire un long trajet coincé entre deux personnes sur la place du milieu à l’arrière d’une petite voiture de jeune conducteur. Crampe à la fesse gauche, crampe à la fesse droite, incapacité à se déplacer d’un chouïa, tête des autres occupants s’affalant sur ton épaule, mal de dos, envie de mourir. Vous avez les problèmes, nous avons les solutions et vous offrons deux stratégies.
La stratégie : "soulager mon malheur autant que faire se peut"
Porter le moins de fringues possibles
Si vous deviez rester 6 heures coincé dans un placard, est-ce que vous vous y installeriez avec une doudoune ? La réponse est non. Dès lors, avant de vous installer à la place la pire du monde, départissez-vous de tout le superflu : chaussures un peu trop serrées, manteau et pull. Parce qu’une fois coincé entre vos ennemis et néanmoins compagnons d’infortune, vous aurez le plus grand mal à vous mouvoir et donc à pouvoir retirer toutes ces couches, ce qui pourrait occasionner à terme une crise de claustrophobie et donc un sentiment de peur dévorante.
Etendre ses jambes de part et d'autre de l'espace du milieu
Cette stratégie a un double objectif : permettre l’afflux sanguin dans les jambes ET empiéter un peu sur l’espace vital des voisins afin de leur faire partager la sensation d’étroitesse qui te hante depuis le début du voyage. On n’est jamais trop solidaire en matière d’inconfort.
Défendre son espace vital coûte que coûte
Alors comme ça les autres essaient de s’affaler sur vous ? Ils déplacent leurs grosses fesses vers le centre pour essayer à leur tour d’améliorer leur confort ? Alors comme ça ils n’hésitent pas à s’étaler ? Que nenni : sabre au clair et verbe haut, défendez votre lebensraum contre les envahisseurs barbares et profitez de la contre-offensive pour grignoter un peu de terrain. Exemple de phrase permettant d’y arriver : « hey oh déjà que je suis au milieu t’es pas obligé de t’allonger sur moi ».
Garder le dos bien droit
Les premières douleurs viendront des fesses ; ensuite, c’est le dos qui va commencer à faire mal. En soulageant vos fesses, vous allez vous affaisser vers l’avant, mettant votre dos à rude épreuve et, peu à peu, la douleur va s’immiscer comme une petite pointe coupante et aiguë à moins que ça ce ne soit une punaise oubliée sur la banquette arrière. Quoiqu’il en soit, essayez de rester le plus droit possible contre la banquette parce qu’une fois qu’on commence à avoir mal au dos, c’est foutu de chez foutu.
S'allonger sur les autres si besoin
Une transition idéale : faites semblant de dormir et allongez-vous contre les autres en leur bavant dessus. Selon toute vraisemblance ils seront prêts à tout pour que ce calvaire cesse, demanderont un arrêt sur la prochaine station d’autoroute et il vous sera dès lors loisible de proposer un changement de place honnête. Si jamais ça ne marche pas, dîtes-vous que vous n’étiez pas si mal, allongé sur les autres, et passez à l’étape suivante.
La stratégie "convaincre les autres que je dois changer de place"
S'allumer une clope dès la deuxième minute de voyage
L’éloignement de la place du milieu et de la fenêtre devrait suffire à convaincre vos voisins de fesses que vous n’avez pas été placé à l’endroit idoine. Non seulement les voilà enfumés par votre clope mais en plus vous êtes obligé de passer par-dessus leurs jambes pour rejoindre la fenêtre et jeter vos cendres tandis que le vent s’engouffre à toute berzingue dans leurs cheveux saveur nicotine. Ils devraient craquer assez vite.
Geindre en continu
Qu’est-ce qui est plus pénible qu’un enfant qui demande toutes les 5 secondes en voiture quand est-ce qu’on arrive ? Un adulte qui fait la même chose. Espérant vous faire taire, les autres devraient, après quelques minutes de voyage, vous proposer de prendre la place du mort qui, malgré son nom, est bien plus agréable à occuper que cet espèce de tabouret mobile qu’on vous a affublé.
Donner des coups dans les fauteuils de devant chaque fois que vous pliez et dépliez les jambes
En prétextant bien sûr ne pas l’avoir fait exprès mais chercher simplement à se dégourdir un peu les guibolles. Au bout de vingt minutes de secousses incessantes, le conducteur et le copilote devraient se concerter pour vous proposer une place devant parce qu’au prochain coup ils se verraient dans l’obligation de vous assassiner et de perdre la moitié de la journée à cacher votre corps, ce qui les mettrait en retard sur le planning assez serré de ce voyage en voiture.
Simuler une crise d'angoisse
Tout en insistant sur le fait que c’est rien, que ça va passer, qu’il faut faire comme si tout allait bien alors que vous pleurez en hurlant et en respirant fort et en devenant tout rouge. Soit les autres devraient vous proposer une solution, soit vous n’êtes pas parti en road trip avec des amis mais avez été kidnappé par des terroristes (auquel cas, cette place du milieu est bien le cadet de vos soucis).
Dire que vous êtes malade en voiture
Même stratégie qu’avec la cigarette mais autrement plus retorse. Parce qu’autant un peu de nicotine qui pue, ça va, mais le risque de se retrouver les jambes recouvertes de vomi pendant un long trajet en voiture est pire.
Mauvaise route à tous.
Et sinon, on vous propose aussi les règles pour mettre de la musique en voiture ici. Tu peux aussi trouver un jeu à faire en voiture.