De manière générale le principe de secte est assez flippant. Récemment on vous donnait d’ailleurs les précieux conseils pour créer votre propre secte, et franchement on était pas loin de la vérité. Au sein du classement des sectes les plus flippantes de l’histoire, on pourrait clairement ajouter « La famille », cette secte parisienne qui fout bien les jetons et qu’on vous propose de découvrir en détail ici même.
Un noyau dur de huit familles
« La Famille », le nom qu’on a donné à cette secte qui n’en avait pas, est composée véritablement de huit familles : Havet, Sandoz, Sanglier, Fert, Maitre, Pulin, Déchelette et Thibout. C’est en 1819 que les huit premiers couples de ces familles ont décidé de se lier à jamais en organisant mariages, descendance et vie commune dans un cercle restreint. Deux-cent ans plus tard le noyau est le même, ces membres de la Famille s’appellent « cousin » ou « tante » et cela n’est pas forcément un nom donné au hasard, puisqu’en deux siècles la consanguinité est devenue le socle de la secte.
Une origine religieuse très ancrée
Créée par des Jansénistes (mouvement religieux du 17ème siècle), la religion de la Famille s’émancipe de textes sacrés pour se reposer sur une nouvelle série de règles élaborées par l’un des membres, Auguste Thibout (Oncle Auguste) en 1892. Convaincus que la fin du monde approche, les membres vivent selon leurs textes et se réunissent entre eux pour célébrer diverses fêtes, comme celle de la signature de leur « unification ». Tout le monde est croyant et personne ne doit remettre en cause ce qui est enseigné.
Une sédentarité de deux siècles
Le noyau dur de la famille n’a jamais vraiment déménagé de son nid de l’est parisien présent dans trois arrondissements : le 11ème, le 12ème et le 20ème. Ses membres habitent les mêmes rues, les mêmes immeubles et fréquentent les mêmes établissements scolaires (pour les enfants qui ne sont pas simplement éduqués à domicile). La majeure partie de la famille est installée, ancrée, et ne quitte pas son territoire. Certaines tentatives d’émancipation ont cependant été observées comme le départ dans les années soixante de moins d’une centaine de membres pour l’Héraut.
Près de 3000 membres
Discrets, les membres de La famille ne souhaitent pas se mélanger aux autres aussi bien en terme d’union que de contacts sociaux. Si on compte aujourd’hui près de 3000 descendants et membres de la secte, il reste difficile d’obtenir des chiffres stricts, certaines estimations allant jusqu’à 4000 membres. Aucune entrée extérieure n’est possible : le seul moyen de faire partie de La famille est d’y naitre.
Un isolement social poussé
Considérant le reste de la population comme des gens dans l’erreur et dans la débauche, les membres de la Famille restent loin des « gentils » (population). Cette idée de rester fermer aux personnes extérieures est accompagnée d’une volonté de ne pas influer sur leur vie : les gens de la Famille ne votent pas, n’acceptent pas de postes professionnels qui les obligent à diriger d’autres personnes (responsabilités, direction) et se coupent totalement de la société en évitant la plupart des contacts extérieurs (amitiés, amours…). Ils partent en vacances, en weekend et organisent des évènements uniquement avec les membres de la famille.
Les dérives de la consanguinité
Les nombreuses naissances au sein de la famille comportent assez logiquement un pourcentage élevé d’enfants handicapés parfois lourdement. Mais les membres de la famille n’y voient pas un résultat de la consanguinité pratiquée depuis 200 ans, pour eux cela représente « une épreuve de Dieu » qu’il faut surmonter et dont il ne faut pas se plaindre, la piété étant le pilier de la Famille.
Des destins prédéfinis
Que ce soit sur le plan matrimonial ou professionnel, la vie au sein de la famille est délimitée. On ne travaille pas dans le milieu judiciaire (seule la loi divine est acceptée), et généralement les hommes sont dirigés vers le secteur ouvrier et les femmes vers la couture. Cependant on remarque dernièrement plusieurs membres poursuivant des études plus poussées et obtenant des diplômes. Pour le mariage, les membres sont casés avec des cousins ou cousines aux alentours de la vingtaine en essayant au maximum d’éloigner les branches trop proches (calcul sur la consanguinité). Le divorce n’est pas accepté, on doit attendre la mort de l’époux ou épouse afin de se remarier.
D'innombrables abus
D’anciens membres ayant réussi à s’émanciper de la famille dénoncent de nombreux abus au sein de la famille. Violences conjugales, enfermement psychologique, abus d’enfants, mariages forcés… Tout est gardé secret, placé sous la doctrine indiscutable « ce qui se passe dans la famille, reste dans la famille ». Le problème de cet effet « sous-cloche » des agissements de la famille est qu’il n’est jamais dénoncé par ses membres, lors d’enquêtes on cache tout, et lorsqu’un membre s’éloigne en condamnant la Famille on accuse son imagination ou son aigreur pour diffamer des membres qui n’ont rien à se reprocher.
Une considération archaïque de la femme
Les femmes ne participent pas à certaines réunions et célébrations au cours desquelles les hommes boivent ou discutent (plusieurs témoignages décrivent l’alcoolisme et la consommation d’alcool commencée dès 14 ans encouragés par les textes « religieux »). Elles s’occupent du foyer et des enfants car il ne faut pas les confier à quelqu’un d’extérieur. Interdiction d’avoir les cheveux courts, de porter des pantalons, l’avortement et la contraception sont également proscrits. Ces signes témoignent d’une soumission de la femme à son époux archaïque et cela est tout simplement « normal » car « dicté par les règles des textes » au sein de la Famille. Pour ce qui est des femmes qui ne trouvent pas de maris, elles aident à s’occuper des nouveaux-nés des autres comme le font les nourrices.
Une sortie difficile mais possible
Plusieurs personnes ont réussi à s’extirper de la Famille au fil des années, livrant des témoignages glaçants sur la vie au sein de la secte qui se complètent et se rejoignent. Toutes ces personnes ont été dans l’obligation de couper entièrement les ponts avec les membres de leurs familles respectives (parents, frères, soeurs) puisque la secte choisit de tourner le dos à ceux qui la quittent. De quoi renforcer la crainte de partir et de se retrouver seules pour certaines personnes se sentant enfermées mais qui ont, heureusement, plusieurs exemples d’anciens membres qui vivent aujourd’hui normalement.
En espérant que les quelques témoignages récents et articles qui traitent du sujet pousseront certaines personnes apeurées à s’émanciper de ce groupe.
Sources : La Presse +, Wikipédia, Konbini, Le Parisien.