« It’s a man’s world » comme disait James Brown (un homme, donc). Et il avait pas tout à fait tort. Caroline Criado Perez, une journaliste britannique, a même fait un livre entier là-dessus, où elle relève plein de choses qui ont été conçues pour les hommes et qui, du coup, ne conviennent pas du tout aux femmes. Les anti-féministes vont protester, comme d’habitude, mais le fait est que ce point de vue est hyper intéressant. Le monde a bien été fait sur-mesure pour les hommes. Voyez.
Les crash-test de voitures
La plupart des crash-test sont faits avec un mannequin représentant un homme de taille et de corpulence moyennes. Un homme moyen. Pas une femme. Avec son 1m77 et ses 75 kilos en moyenne, il ne représente pas du tout une conductrice qui fait en moyenne moins d’1m70. En plus, la répartition de la masse est différente chez les hommes et les femmes. Résultat, une femme a 47% de risques de plus d’être blessée lors d’un accident, et 17% de risques de plus de mourir. Ça fait froid dans le dos, quand même.
Les tenues de travail
Dans son livre, Caroline Criado Perez explique que beaucoup d’accidents de travail des femmes sont dus à leurs équipements fournis par l’employeur. Ces équipements sont conçus pour des hommes, et ne prennent pas du tout en compte la morphologie des femmes (les seins, une répartition différente de la masse graisseuse, des muscles, etc.) Quand les employeurs doivent fournir des équipements aux femmes, ils se contentent de commander des tailles plus petites. L’auteure donne deux exemples d’accidents qui ont eu lieu dans la police britannique : une policière a été poignardée parce qu’elle pénétrait dans un appart sans son gilet par balles. Elle avait dû le retirer pour pouvoir utiliser le bélier qui ouvrait la porte parce qu’il n’était pas conçu pour une femme. Une deuxième femme policier a, elle, dû subir de la chirurgie au niveau des seins à cause de problèmes créés par son gilet par balle. Il aurait pourtant suffi de faire des gilets adaptés. Et ce n’est qu’un petit échantillon.
Des logiciels de reconnaissance vocale
Il y a plusieurs cas de femmes qui ont signalé que leur voix était beaucoup moins reconnue par les logiciels de reconnaissance vocale que celles des hommes. C’était par exemple le cas d’une femme qui devait crier pour parler à son GPS alors que son mari n’avait qu’à parler tranquillement. En 2016, un article avait aussi révélé que l’assistant vocal de Google était réglé sur une fréquence correspondant plutôt à une voix masculine. Le papier concluait qu’un homme avait 70% de chances de plus d’être entendu qu’une femme. Ça peut prêter à sourire, mais en fait c’est surtout une inégalité de plus.
L'appli santé Apple (à ses débuts)
En 2014, Apple avait lancé une appli santé qui se vantait d’être ultra complète. En effet, on pouvait y renseigner sa pression artérielle, son taux d’alcool dans le sang, ou encore son taux de molybdène ou de cuivre. Des trucs assez poussés. Mais il n’y avait aucun endroit pour renseigner ses périodes de menstruation. Un truc pourtant assez évident, pour une femme.
Les études sur les risques liés aux produits chimiques au travail
La plupart des études sur ce genre de risques ont été faites sur des hommes. Pourtant, les hommes et les femmes sont totalement différents : pas le même poids, pas la même épaisseur de peau, pas le même taux de graisse (ce qui peut changer la manière dont on stocke les particules chimiques en nous), pas le même type d’exposition… Quand les hommes sont souvent exposés brièvement à des produits chimiques, les femmes le sont plutôt de manière continue dans leurs boulots (bien qu’il n’y ait pas fondamentalement de boulots d’hommes ou de femmes). Bref, tout ça pour dire qu’on connaît beaucoup mieux les risques liés aux produits chimiques au travail sur les hommes que sur les femmes, et même si on essayait de réparer cette différence aujourd’hui, il faudrait des dizaines d’années pour avoir le recul nécessaire qu’exige ce genre d’étude.
Les outils, dans le bâtiment notamment
Vous commencez à comprendre le fonctionnement : pour les outils aussi, il y a une inégalité flagrante. Ils ont été conçus pour des mains d’hommes. Certains diront : « ben oui, mais c’est des métiers d’homme en même temps, on n’y trouve presque pas de femmes. » Mais peut-être que si les outils et les charges étaient adaptées aux femmes, on trouverait plus de femmes dans ce genre de professions.
Les toilettes publiques
Imaginons qu’on est au cinéma. Les toilettes vont être séparées entre hommes et femmes. Il y aura la même surface de chaque côté, ce qui semble a priori égalitaire. Sauf que pour une même surface au sol, on peut mettre beaucoup plus d’hommes qui pissent simultanément que de femmes, grâce aux urinoirs. En plus de ça, les femmes mettent deux à trois fois plus de temps que les hommes aux toilettes. Pour plus d’égalité, et pour que les queues soient plus réduites dans les toilettes des femmes, on devrait leur réserver plus d’espace.
Les téléphones dernière génération
Ils sont de plus en plus grands et ils s’adaptent à la main de l’homme dans leurs tests, mais jamais à la main de la femme, qui est quand même généralement plus petite. Heureusement, il y a toujours quelques marques et quelques gammes qui font des appareils de taille adaptée, mais pour le très haut de gamme, c’est souvent des grandes tailles, donc inadaptées aux femmes.
Le calcul de la température idéale dans les bureaux
En 1960, il y a eu une étude qui déterminait la température idéale pour des salariés travaillant dans des bureaux. Sauf que ça avait été calculé sur le métabolisme d’un homme moyen au repos. Et devinez quoi, c’est pas le même que celui d’une femme. Les bureaux seraient donc souvent quelques degrés trop froids pour une femme, raison pour laquelle elles se couvrent plus que les hommes.
On fait quoi alors ?
Source : The Guardian