L’art de l’escroquerie est vieux comme le monde et repose sur des combines grossièrement similaires. Avec différentes variantes, on retrouve des modes opératoires classiques qu’il faut réussir à connaître pour ne pas se faire avoir comme un bleu. Alors on va voir les plus célèbres de ces arnaques ensemble, comme ça vous pourrez envoyer décemment chier un malandrin qui tente de vous faire une entourloupe.
La prisonnière espagnole
Le principe : La prisonnière espagnole tient son nom d’une vieille arnaque au cours de laquelle on envoyait à un seigneur une lettre l’avertissant qu’une princesse était prisonnière et que s’il versait une rançon pour la libérer elle l’épouserait.
L’analyse : L’idée de cette arnaque est forcément d’amener le pigeon à passer à la caisse en lui promettant une récompense bien plus importante que sa somme d’argent. On ajoute en plus une forme affective pour baisser la garde afin de jouer sur la sympathie de sa cible, rendre une personne amoureuse pour lui faire accepter de payer.
Les exemples : Très utilisé sur les chats gratuits cette technique est aujourd’hui déformée : la « jeune femme » vient parler à la cible puis tente de soutirer une somme d’argent une fois qu’elle a obtenu sa confiance. La promesse d’un mariage, ou d’une relation amoureuse future reste la contrepartie et généralement une histoire de réseau mafieux auquel on doit payer une rançon pour « délivrer » la jeune femme est au coeur de l’arnaque.
La pyramide de Ponzi (et les systèmes pyramidaux)
Le principe : Le principe de la pyramide de Ponzi (du nom de son inventeur Charles Ponzi) repose sur système financier totalement tronqué. En gros les investissements du système se font uniquement sur l’argent déboursé par les nouveaux entrants. Vous entrez dans « l’entreprise » en déposant 100€ et on vous promet de récupérer le double sur les « recettes » des entrants arrivés après vous. Peu de temps après vous récupérez donc 200€ et le système tient jusqu’à ce que plus personne n’entre dedans où il finit par exploser.
L’analyse : L’argent continue de remonter la pyramide jusqu’a sa tête et lorsque le système explose celui qui l’a démarré garde évidemment la majeure partie du magot. Le tout repose sur un retour sur investissement important et quasi instantané et les plus lésés sont évidemment les derniers entrés dans la boucle.
Les exemples : Celui de la bourse avec Bernie Madoff (qui fait partie des escrocs les plus doués) est probablement le plus célèbre mais de nombreuses petites « entreprises » frauduleuses réalisent le truc en faisant entrer le maximum de gens dans la combine.
L'arnaque à la Nigériane
Le principe : L’arnaque à la Nigériane est très présente sur internet et est connue sous des noms divers. L’idée est de faire payer la cible en lui promettant un retour financier beaucoup plus important que sa mise de départ.
L’analyse : Probablement le meilleur exemple de variante de la prisonnière espagnole, l’idée est encore une fois de promettre un retour important (cette fois ci financier et non sentimental) après avoir donné une somme à l’arnaqueur. Très utilisée au Nigéria et en Côte d’Ivoire, on appelle également ces escrocs des « brouteurs ». Et ne vous méprenez pas, l’arnaque marche très très bien même si elle nous semble complètement stupide.
Les exemples : Vous recevez un mail d’un fameux riche prince héritier ou d’un milliardaire en difficulté qui vous demande une petite contribution pécuniaire pour débloquer une situation handicapante, suite à quoi il récupèrera ses millions et ne manquera pas de vous couvrir d’or. C’est con comme la pluie mais ça marche.
La cavalerie
Le principe : Utilisé principalement dans le milieu bancaire, la cavalerie consiste à ouvrir différents comptes et obtenir des prêts pour en rembourser d’autres. En gros imaginez que vous ouvriez un compte dans une banque 1 en empruntant 100 euros. Vous vous rendez dans une banque 2 pour ouvrir un second compte et emprunter 200€ en remboursant une partie de ce nouveau prêt avec les 100€ du premier. Vous retournez à la banque 1 et remboursez votre premier prêt pour en contracter un de 300€ etc etc etc…
L’analyse : L’idée est de faire grossir les prêts des deux banques pour arriver à une somme importante avant de disparaître. Aucune mise de départ, aucun argent perdu. L’arnaque peut durer assez longtemps et l’escroc multiplier les banques et les emprunts, utilisant comme gage de confiance l’argent déjà emprunté.
Les exemples : Ce système est aussi utilisé en contractant des crédits à la consommation mais peut-être plus risqué car les intérêts sont plus grands. Plus complexe à utiliser dans la vie de tous les jours, vous ne risquez pas de tomber dans la combine, sauf si un de vos potes vous taxe une clope en vous en rendant deux une heure plus tard alors qu’il n’a toujours pas de paquet.
Le Rip Deal
Le principe : L’idée du Rip Deal est de viser quelqu’un qui veut vendre quelque chose et de lui proposer de le racheter de manière particulière. D’abord on lui propose de payer une partie de la somme en cash et généralement dans une devise étrangère (pour blanchir l’argent) et le vendeur doit après la vente faire l’échange avec la devise de son pays. Puisque ce n’est pas très arrangeant, l’acheteur propose de payer plus que la somme de base et promet en plus des taux de changes vraiment avantageux, le vendeur a donc tout à y gagner. C’est lors du second rendez-vous que les choses se corsent : la deuxième partie du paiement est soit volée à la victime après la vente s’il s’agit de vrais billets, soit il s’agit tout simplement de fausses coupures.
L’analyse : Là où le Rip Deal est assez délicat c’est que la plupart des victimes n’osent pas porter plainte car elles ont accepté de ne pas déclarer la première somme perçue en liquide. Le fait d’inclure la victime dans un deal illégal « protège » en partie l’arnaqueur. La mise en scène de l’arnaque joue également un rôle important, généralement l’escroc organise ses rencontres dans des lieux luxueux (hôtels, restaurants) et semble toujours sympathique, arrangeant et élégant. Le vendeur est en confiance et accepte un deal qui, bien qu’illégal, semble vraiment avantageux.
Les exemples : Plusieurs exemples immobiliers sont connus, généralement la victime réalise que les billets sont faux après le départ de l’escroc. Il faut donc se méfier de tout type de vente frauduleuse, de paiements en devise étrangère, de deal qui semble trop arrangeant et de l’absence de négociation de la part de l’acheteur. Si ça semble trop beau, on tente de vous plumer.
L'arnaque à l'irlandaise
Le principe : Aussi connue sous le nom d’arnaque des autoroutes (à ne pas confondre avec le prix de la bouffe dans les stations services qui compte comme l’une des arnaques acceptées par tout le monde), cette escroquerie consiste à rester sur une aire d’autoroute et demander de l’argent pour rentrer chez soi en prétextant la dégradation de son véhicule ou le vol de ce dernier. Les arnaqueurs fonctionnent par couple et attirent la sympathie en promettant un remboursement (avec intérêts) une fois rentrés chez eux.
L’analyse : Ici tout repose sur la sympathie de la victime. En voyant des personnes en détresse bloquées sur une aire d’autoroute avec une voiture défoncée et en se disant qu’ils sont bien loin de chez eux, la victime est facilement capable de dépanner plusieurs centaines d’euros puisqu’en plus elle obtient généralement une adresse et un numéro de téléphone (faux évidemment) de l’escroc qui tente de prouver sa bonne foi et promet un remboursement intégral et un bonus.
Les exemples : En dehors de la dégradation de véhicule, les escrocs peuvent également se faire passer pour des victimes d’un vol de papier et de carte bancaires et demandent une aide financière pour se payer l’essence. Le truc à faire reste de leur proposer d’appeler la police pour les aider, vous verrez rapidement de quel côté ils sont.
Le One Shot
Le principe : On appelle en français cette technique la vente en cycle court. Généralement elle intervient entre deux entreprises et se passe très rapidement. En gros l’entreprise « victime » rencontre un prestataire qui va lui vendre un produit et l’inviter à signer le contrat très rapidement (le jour même dans la plupart des cas) en prétextant une offre avantageuse qui va arriver à expiration ou un bonus significatif si la signature est réalisée sur le champ. Évidemment le client n’a pas le temps de lire le contrat et s’expose à des pièges bien préparés.
L’analyse : Le fait de faire signer rapidement le contrat empêche le client d’aller prospecter des offres concurrentes (et plus sérieuses) mais également de le lire intégralement ou le faire vérifier par des gens compétents. Dans le contrat peuvent se cacher des mentions assez graves : un engagement sur une durée anormalement longue dans le cadre d’un abonnement, un prix exorbitant à régler en cas de rupture de contrat, une reconduction de contrat non présentée oralement… Bref tout un tas de petites techniques de fils de pute histoire de bien arnaquer la personne qui, ne voulant pas rater une bonne affaire se précipite pour signer le contrat.
Les exemples : Pas forcément d’exemple mais plutôt un avertissement. Sachez que cette « arnaque » n’est pas toujours illégale (tout dépend des cas), à partir du moment où vous signez, eh bien vous signez et vous engagez donc, même si le contrat s’avère être une saloperie sans nom. Plusieurs procès ont eu lieu et en général l’État rappelle à juste titre de bien lire un contrat, d’aller voir les offres concurrentes et de ne pas précipiter les choses.
Le vol au rendez-moi
Le principe : Assez simple et généralement effectué pour de petites sommes, le « vol au rendez-moi » consiste à acheter un produit en magasin avec un billet, récupérer la monnaie puis revenir quelques instants après (préférablement sans quitter le magasin) pour finalement demander un remboursement en se rétractant. Généralement l’employé de magasin va rendre le même billet et évidemment l’arnaqueur profite de la transaction pour ne pas rendre la monnaie.
L’analyse : L’idée est d’installer une confusion chez le vendeur, en semblant sympathique, embêté et en parlant continuellement afin de ne pas lui faire réaliser qu’il est en train d’oublier la monnaie sur l’achat. En profitant également du fait qu’il y a plusieurs clients qui attendent (ou un complice qui fait mine de s’impatienter) l’arnaque a des chances de réussir facilement.
Les exemples : On peut voir un exemple de cette escroquerie dans l’introduction de l’excellent film « Les neuf reines » où le personnage principal tente à deux reprises l’arnaque lorsqu’il voit qu’une seconde caissière remplace celle qu’il vient d’arnaquer.
L'escroquerie à la charité
Le principe : Très présent dans les rues, l’arnaqueur se fait passer pour l’employé d’une ONG célèbre ou banale et vous demande de faire un don. Certains possèdent même des vêtements de la véritable organisation, ce qui peut duper les gens facilement.
L’analyse : En semblant sympathique et en jouant sur la corde sensible des gens, les arnaqueurs arrivent à faire payer les victimes avec des sommes généralement peu élevées (10 ou 20 euros). C’est la multiplication des arnaques qui la rend lucrative. De manière générale, une ONG ne vous demandera jamais un paiement en liquide direct mais vous proposera de souscrire à un forfait d’abonnement ou un paiement ponctuel en ligne. Si on vous demande un billet, c’est une arnaque.
Les exemples : Soit l’arnaqueur utilise une vitrine connue (handicap international, greenpeace…) soit il mise sur un projet à petite échelle (maison de quartier, petite organisation municipale…) mais la finalité est toujours la même : vous faire payer en liquide sur le champ.
Les arnaques sur internet
Le phishing : L’une des plus célèbres arnaques sur internet, elle consiste à « hameçonner » quelqu’un avec un mail frauduleux. Vous pensez suivre le lien vers un administration ou un site sécurisé mais en réalité vous êtes dans le piège de pirates qui veulent récupérer vos données (souvent bancaires). Faux mails de banque, loterie gagnée (à laquelle vous n’avez pas participé), SMS qui demande une réponse surfacturée… Méfiez-vous de ce genre de systèmes.
Les malwares : Les « worms » et le principe du cheval de Troie sont les malwares les plus répandus. Vous installez (généralement à votre insu) un logiciel malveillant en cliquant sur un lien foireux ou en téléchargeant un programme que vous pensez légal (ou non d’ailleurs) et celui-ci récupère vos données ou fout en l’air votre système. Du classique et généralement on y voit que du feu.
Le pharming : Cette technique consiste à vous rediriger (sans que vous en soyez conscient) sur un site frauduleux alors que vous pensez naviguer sur un site sécurisé. Vous allez alors entrer vos données bancaires pour effectuer un achat mais en réalité vous êtes déjà dans l’arnaque. Un bon moyen de vous assurer que votre achat est sécurisé est de toujours vérifier que le site est en « HTTPS » dans l’url. Eh oui, les achats sur les sites web font partie des possibles arnaques sur internet.
Bon il en reste pas mal à couvrir mais on a les principales dont découlent la plupart des autres. Vous pouvez aller voir les plus grosses arnaques de 2020, c’est pas mal aussi.
Sources : Wikipédia (1, 2, 3, 4), RTL, Cabinet ACI, Meilleure Banque.