La musique est avant tout un moyen de différenciation. Comme le disait Nick Hornby dans High Fidelity, l'important, ce n'est pas ce que tu es, mais ce que tu aimes. L'industrie du disque l'a bien compris et cherche constamment à lancer des vagues plus ou moins cohérentes, autant de styles qu'il est parfois difficiles à décrire objectivement en langage musical. Parfois ça marche et le grunge, l'indus ou le rockabilly, et parfois ça fait un flop. Il existe donc dans nos souvenirs de mélomanes quelques noms de genres musicaux amenés à s'installer durablement et qui n'ont pas dépassé la poignée de représentants crédibles. Et parfois, on se dit que c'est dommage, mais le darwinisme du disque est sans pitié.

  1. Le New Beat (1988)
    Alors que la house-music vit une enfance créative, on nous apprend que "La House, c'est fini, maintenant, c'est le New-Beat". Et on voit un belge de 2 mètres débarquer sur les plateaux, habillé en flic, chantant "The Sound of C". C'est la chanteur de Confetti's, seul représentant connu de ce genre de musique avalé par la dance du début des 90's.
  2. Le G-Funk (début 90's)
    Le Gangsta Funk nous est présenté comme une facette importante du rap, alternative au hardcore car puisant ses samples dans des "grooves mélodieux". Ok. Mais quand on cherche les représentants de ce courant, on trouve Dr Dre, et à peu près tous les gens qui l'ont côtoyé : les anciens de NWA, Easy-E, Ice Cube, et tous les gens qui ont bossé avec eux, Above the Law, Snoop Dogg, et Warren G, demi-frère de Dre. Bref, que du bon, mais c'est la famille. C'est un peu comme si on appelait M-Pop l'ensemble des gens qui ont joué ou bossé avec Matthieu Chedid, son frère Sélim, Vanessa paradis, Sinclair... etc.
  3. La Dream House (1995-1997)
    Pour les plus anciens, la dream-house, c'est le nom générique qu'on donnait aux morceaux de Robert Miles : des boucles de piano avec beaucoup de reverb, des roulements de batterie synthétique qui montaient, et de la grosse eurodance moisie pendant 4 longues minutes. Personne n'a vraiment suivi le mouvement, à l'exception de quelques DJs italiens, toujours dans les bons coups, comme DJ Dado ou les Allemands de Zhi-Vago qui samplaient du Rondo Venezziano.
  4. La Goa (deuxième moitié des 1990's)
    A l'époque bénie des raves, quand on dansait comme des possédés jusqu'au petit matin dans des champs maculés de sacs-poubelles, on savait qu'on était bien tombé quand démarrait le set de Goa-trance, cette techno "organique" aux basses ininterrompus et aux beats de 150bpm. La techno devenait mystique et on se considérait comme des nouveaux hippies. C'était super. Et puis on a finit nos études, et on a trouvé du boulot. Finies les conneries.
  5. la Zeuhl (milieu des 1970's)
    Un style initié par le groupe Magma et dont le nom est issu du langage inventé par le fondateur de ce groupe et signifiant "mémoire cosmique des sons des profondeurs de nos esprit". Selon Wikipedia, "Plusieurs groupes de musique, fortement influencés par Magma, sont assimilés ou se réclament du mouvement zeuhl", cette phrase est suivie du correctif "références souhaitées" parce que ces groupes, on les cherche encore.
  6. l'Americana (2000's)
    Étrange étiquette : de la musique typiquement américaine qui sent bon les grands espaces, l'essence pas chère et les routes droites comme des coups de fusils au milieu du désert. Bref, l'Amérique de ceux qui ne sont pas américains. Un peu de folk, quelques sons latino, tout ce qui passe bien dans un pick-up, ça fait un genre digne de ce nom, constitué de fans de Johnny Cash et de Neil Young (qui est canadien, mais bon, ne chipotons pas). Calexico et Cake ont en tout cas justifié la création de bacs spécialisés chez nos disquaires les plus compétents.
  7. Le Trip Hop (fin 1990's)
    Les styles à jeux de mot, ça ne dure jamais bien longtemps. Ce n'est pas (du tout) du hip-hop et ça se veut "trippant", donc ce terme devient bien pratique pour permettre aux rockeurs de découvrir enfin que l'électro, en fait, c'est pas mal. Massive Attack, Tricky, Portishead, tous reliés directement ou indirectement, voient quelques inclassables se réfugier sous la même bannière. Hoover, Morcheeba, Kid Loco ou Zero 7 font les belles heures des compilations de bars lounge. Quelques années dorées et des albums magiques, le Trip-hop restera comme la musique qui nous a préparés au bug de l'an 2000. Une clôture de siècle en douceur.
  8. L'acid-rock
    Le principe est simple : vous prenez du LSD, vous laisser improviser un groupe aussi arraché que vous, vous trouvez ça super, c'est de l'acid-rock. Sauf que lorsque Tom Wolfe évoque ça dans Acid Test, l'auteur (qu'on aime bien mais qui n'est pas réputé pour être un spécialise de la musique) met dans le même sac Pink Floyd, Hendrix, Jefferson Airplane ou les Doors. Du coup, les premiers groupes de hard qui débarqueront auront droit à la même étiquette. L'Histoire fera oublier ces classifications douteuses, reconnaitra le génie des groupes fondateurs du rock des 60's au delà de cet aspect "psychédélique" et devra bien admettre que la seule et unique véritable musique de drogué, c'est le reggae.
  9. Le Post-grunge (fin 1990's-début 2000's)
    Le grunge, c'était super. Mais quand Kurt Cobain est mort, on s'est rendu compte qu'aucun autre groupe (même les très bons Soundgarden ou Alice in Chains) ne pouvait reprendre le flambeau. Du coup, il faut lancer les petits nouveaux. Tiens, par exemple, nos amis de Stiltskin, on va les mettre dans une pub Levi's, Nickelback commence a bien vendre, et on peut toujours compter sur les Foo Fighters. On ne va pas laisser l'Amérique se faire marcher sur la gueule par la Brit-pop, allez hop, on créé un genre aussi, le Post-Grunge.
  10. L'Easy-Listening
    Quand la blague Mike Flowers Pops a commencé à passer sur les ondes, on a trouvé ça sympa, on avait l'impression d'âtre dans avec Austin Powers ou dans un générique de Drôle de Dames. Et puis, on a vite compris que ce con là allait flinguer la pop anglaise, tout simplement. Chez nous, Bertrand Burgalat a débarqué, encourageant Michel Houellbecq à chanter sur les plages, et c'était fait : le musique est devenue une vaste déconnade. Il faudra attendre 2002 pour que la Grande Bretagne nous envoie du sang frais et des groupes de rock sérieux. Mais on gardera un bon souvenir de Tricatel.
  11. (bonus) Le frunkp
    C'est con, c'était une bonne idée. Le G-funk made in Normandie.

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    Il est parti à la ferme des liens cassés pour prendre des petites vacances, il est avec tous ses copains, ne t'inquiète pas.

Mais aussi la Witch House, le Moombahton ou le Noise français... Et vous, vous avez vu passé quelques étiquettes qui n'ont aucun sens?