Quand on fait une fac de médecine, on devient, normalement, médecin. Quand on fait une école de coiffure, on devient souvent coiffeur. Et quand on sort d'une école de commerce, on ne devient pas commerçant. Ni même commercial. Non. On devient diplomé d'une école de commerce. Ça n'est pas un métier, mais on peut se dire que cette formation vous change un homme. Et une femme aussi. Voila, en vrac, ce qu'on en retient :
- Il y a au moins 5 meufs dans ta classe qui veulent bosser dans le luxe, de préférence chez L'Oréal.
Et 10 mecs dans la finance, comme c'est original. - Tu travailles deux semaines par an.
Soit une avant chaque partiel. Tu ne vas pas t'avancer sachant qu'une bonne âme va poster sous peu ses fiches de cours, voire, le sujet complet de l'examen sur facebook. - Tu as une choré pour à peu près toutes les chansons qui passent sur NRJ.
Et tu connais par cœur les lacs du Connemara. - Pour entrer, tu as dit que tu adorais le marketing / la finance / Autre chose pour faire original, mais en fait tu n'en avais aucune idée.
Tu as juste entendu dire qu'il y avait plein de débouchés possibles et donc pas cherché plus loin. D'ailleurs à l'époque tu pensais même que le marketing, c'était créatif. - Tu as bien pipeauté pour ton oral d'admission, mais ce que tu ne savais pas, c'est que l'école aussi.
Tu te souviens de cet admisseur qui t'avait dit "Les cours de stratégie, c'est passionnant !" ? Maintenant tu comprends. - Tu as développé des techniques pour que personne ne puisse te voler tes consos d'OB.
Et pour voler celles des autres. Parce que oui d'ailleurs, on dit OB, pas soirée étudiante. (Ou encore pire, tonus, ahah). - Tu as toute une ligne de vêtements sponsorisée par ton école.
Mais payée à raison de 40 boules par article. - Tu as passé une bonne partie de ta première année à livrer de la bouffe et faire la vaisselle des générations au dessus, boire des cul-secs et danser sur commande.
Et, étonnamment, tu en gardes un bon souvenir. - Tu ne dis plus draguer mais chiner.
Et surtout plus niquer, mais valider. - Quand tu es arrivé on t'a offert plein de polys, que tu as ouvert pour la première fois la veille de tes partiels.
Et tu as cru faire une attaque en réalisant qu'il n'y avait que les noms de chapitres d'écrit. - Tu ne connais de la ville où tu habites que les bars partenaires de ton école.
- Avant ton 1er stage, la seule notion de marketing que tu maîtrisais était le mot SWOT.
De compta "Actif-Passif", de droit fiscal SARL et de portugais "Tudo bem". Quant aux autres matières, tu n'arrives pas à retrouver leurs noms.
La seule chose que tu maîtrises vraiment à fond, c'est PowerPoint. - Dans tes CV tu consacres 10 lignes à la soirée que tu as organisée pour ton asso.
En remplaçant le mot soirée par "événement culturel". - Tu t'en branles du classement de Challenges ou L'étudiant, c'est le SIGEM qui compte.
D'ailleurs on s'en fout du classement en général : en dessous ils sont en dessous, au dessus l'ambiance est moins bonne. - Tu as réalisé que tu n'accepterais pas n'importe quel emploi, même très bien payé.
Et tu peux remercier pour cela ton projet market sur le marché des pavés en béton, qui a pour ainsi dire fait figure d’électrochoc. - Quand tu te changes pour aller en soirée, c'est parce que tu étais trop bien sapé.
Et pas le contraire. - On t'a dit que c'était important d'avoir un gros nom sur le CV.
Mais tu as quand même pensé à monter ta propre boîte, pour une année de stage à la cool. - Tu as contracté une dette de la modique somme de 30 000 euros auprès de ta banque.
Du coup, tu te prépares psychologiquement à faire des semaines de 60h pour les dix prochaines années de ta vie. - Quand on te demande ce que tu fais dans la vie, les gens font "Ah ouais..."
Et tu peux lire "vendu", "requin" et "salaud" dans leurs yeux. - Tes cours ont des noms alléchants.
Et, parfois, des contenus en carton. - Avant, tu voulais entrer au BDE.
Puis au JT. Maintenant, tu dis qu'ils ont tous pris le boulard. - Tu connais une insulte pour parler des gens qui ont une vie équilibrée, se cultivent, surveillent leur consommation d'alcool et accordent plus d'importance à leurs études qu'à leur vie sexuelle.
Polard. - Quand tu rentres de stage, tu es convaincu d'avoir trop muri pour apprécier encore les OB.
Deux semaines plus tard, tu as changé d'avis. - La moitié de tes révisions consiste à calculer d'après tes notes de contrôle continu le minimum requis pour valider.
"Ce sera donc impasse sur Logistique et Supply Chain, il faudra donc que je valide
6 matières et que j'en semi-valide une pour passer ! C'est bon !" - Tu as compris la signification se faire un réseau quand une pote t'a dit "eh mais Machin a fait son stage là-bas tu devrais lui demander"
Ce n'était donc pas la peine de telever à 7h un lendemain d'OB pour aller lécher les fesses des RH du forum entreprise, fallait juste pas casser les dents de Machin la veille, quand il a renversé ta conso. - Tu as passé plus de temps à bosser pour ton asso que pour tes cours.
D'ailleurs organiser une soirée, c'était fatigant, en fait. - Tu ne commences jamais un projet marketing sans avoir feuilleté (copié-collé) le travail d'un pote (s'il le faut, d'une chine) de l'année du dessus.
Le réseau, c'est maintenant, on te dit. - Tu as déjà constaté avec dépit en discutant avec un élève d'IUT tech de co qu'il maîtrisait mieux tes cours que toi.
OUAIS MAIS BAC+5, VOILA. Ah merde. - Tu as "Médecin vénal" dans ton répertoire. On n'a jamais trop de certifs.
Numéro régulièrement renouvelé, à mesure que s’agrandit la Black List de l'administration. - Avant, tu pensais que les membres de l'asso en charge d'accueillir les étudiants étrangers étaient motivés par l'envie de découvrir de nouvelles cultures.
Maintenant tu sais que ce n'est qu'un vaste vivier échangiste. - Tu ne fais plus des before, mais des préchauffes.
Elles mêmes précédées de préchauffes de préchauffes. - Le JT t'a déjà rafraîchi la mémoire quant à tes agissements au dernier OB.
Depuis tu vis dans la crainte. - Tu as toujours un ou plusieurs passagers clandestins dans tes projets de groupe.
Dont tu fais les boucs émissaires, tout en faisant gaffe à être super actif sur le groupe facebook dudit projet pour qu'on ne remarque pas que, toi non plus, tu fous rien. - En cours d'anglais le prof vous fait jouer à "on va dire que toi tu es le banquier et toi l'entreprise cliente".
Oui. - Tu as déjà fait une mission pour la JE pour mettre du beurre dans les épinards .
Mission qu'ils ont mis 6 mois à te payer. - Depuis ton passage dans les navettes d'OB tu regardes les transports en commun d'un oeil différent
Le mec qui joue de l'accordéon, tant qu'il ne fait pas de limousin, c'est peu de choses au final.
Voilà, si tu avais été un tant soit peu honnête à ton dernier entretien d'embauche, le recruteur n'aurait pas eu à écouter l'horripilant "je suis pro-actif" et son pote "je suis force de proposition" et vous auriez pu tout simplement vous fendre la poire tous les deux en évoquant ce qui, ne nous voilons pas la face, fait aussi partie intégrante de ses souvenirs. Tu y penseras la prochaine fois.