La maladie frappe au hasard : elle frappe le pauvre, elle frappe le riche, elle frappe le roi, elle frappe le sujet, elle frappe. Bon, c’est vrai que certaines maladies frappent plutôt les pauvres qui n’ont pas accès à l’eau, faut reconnaître, mais à une époque les rois ne se lavaient pas souvent les mains non plus après être allés aux toilettes. Et dès lors ils chopaient des maladies étranges qui finissaient par les définir et par marquer leur règne.
La gangrène de Fournier d'Hérode Ier le Grand
La gangrène de Fournier est une maladie que tu ne veux vraiment vraiment vraiment pas chope, puisqu’elle consiste en une gangrène des parties génitales. A l’époque, la maladie ne s’appelait pas comme ça, puisque Fournier ne lui donna son nom qu’en 1883, mais les symptômes étaient bien ceux-là : inflammation du scrotum qui gagne la paroi abdominale, gangrène gazeuse, odeur putréfiée, mort. Hérode a fini par en mourir. On pense que l’empereur romain Galère (le bien nommé), ou encore le roi Hunéric des Vandales auraient subi le même sort, chopant cette maladie très très rare (moins de 0,02% des admissions hospitalières) qui touche généralement des hommes diabétiques et obèses.
La lèpre de Baudouin IV de Jérusalem
Quand ton surnom c’est « le Lépreux », c’est qu’il y a une raison. Baudouin IV a régné sur Jérusalem de 1174 à 1185. Dès l’âge de 9 ans, Baudouin perdait de gros morceaux de peau, ce qui ne l’a pas empêché d’accéder au trône à 13 ans et d’être l’un des rois les plus stratèges et belliqueux du royaume, multipliant les batailles contre les Arabes. Il était d’ailleurs surnommé « Le porc » par ceux-ci qui voyaient dans sa maladie un signe malsain.
Bermude II de León, dit "le goutteux"
Roi du León, des Asturies et de Galice de 982 à 999, Bermude II était surnommé « le goutteux » parce qu’il avait la goutte, comme nombre d’ailleurs de rois puisque la goutte était elle-même surnommée la maladie des rois. En gros, de l’acide urique se dépose en quantité dans des régions articulaires, entraînant des gonflements, des problèmes de rein et surtout une incapacité, à terme, à utiliser ces articulations. Aujourd’hui ça se traite sans problème, mais à l’époque, c’était autre chose.
Alfred le Grand, touché par la maladie de Crohn
Vainqueur des Danois et célébré par les Saxons en tant que tel, Alfred le Grand (849-899) est le seul roi anglo-saxon à porter cet épithète. C’est dire s’il était aimé. Pourtant, toute sa vie, Alfred a souffert d’inflammations de ses selles, ce qui a conduit les historiens à penser qu’il était en réalité atteint de la maladie de Crohn, une maladie chronique entraînant des diarrhées, des douleurs abdominales et des lésions proctologiques.
Richard III était atteint d'une scoliose
C’est en étudiant les os de Richard III que les scientifiques ont constaté que le roi célébré par Shakespeare souffrait d’une scoliose. Richard III était à ce point affecté par cette scoliose qu’il était décrit par tous ses contemporains comme un petit homme penché avec une épaule plus haute que l’autre. Cette silhouette était utilisée par ses contempteurs pour dénigrer un personnage aux allures d’escroc.
Taisho Tenno, empereur du Japon
Peu après sa naissance, en 1879, Taisho a été frappé par une méningite foudroyante qui lui a laissé des séquelles assez violentes. Devenu empereur du Japon en 1912, il se montre incapable de diriger le pays, d’autant qu’il est également atteint de saturnisme. En conséquence, le gouvernement a nommé dès 1921 son fils, Hirohito, comme régent du royaume : le document officiel indique que Taisho était retardé psychologiquement et physiquement en raison des conséquences de ses maladies.
La fissure anale de Léon X
Jean de Médicis, devenu pape et donc roi de l’église catholique en 1513, souffrait depuis l’âge de 37 ans de fissures anales récurrentes qui nécessitaient la présence constante d’un médecin à ses côtés. Ses opposants souhaitaient d’ailleurs utiliser cette faiblesse pour le tuer, mettant du poison sur les bandages visant à soigner ses douleurs à l’anus.
La fistule anale de Louis XIV
Victime d’un abcès près de l’anus, Louis XIV est convaincu de se faire opérer par un chirurgien de ses amis. L’opération est un succès. Dès lors, Lully compose une chanson qui sera ensuite reprise par Haendel et deviendra… God save the King, l’hymne national anglais, dérivé, donc, de la fistule anale de l’ennemi français.
Charles VI, un schizophrène sur le trône de France
D’abord, on l’appelait « le bien aimé ». Ensuite, on l’appelait « le fou ». Son premier acte de folie a eu lieu en 1392 : Charles VI a attaqué ses propres troupes, tuant 6 personnes avant d’affirmer qu’il était fabriqué en verre et devait donc voyager dans une calèche aménagée afin qu’il ne se casse pas. Schizophrène ou bipolaire, les scientifiques ne sont pas tout à fait d’accord sur la maladie mentale qui a touché Charles VI.
Charles II d'Espagne, touché par le syndrome de Klinefelter
Le retard de développement de Charles II est liée à la suite sans fin de mariages consanguins ayant marqué la dynastie des Habsbourg. Charles ne savait pas parler avant 4 ans, pas marcher avant 8 ans, pas lire avant 10 ans. En réalité, Charles II était atteint d’une maladie chromosomique, le syndrome de Klinefelter, mais comme Klinefelter n’existait pas, à l’époque, on ne le savait pas. Les Espagnols l’ont surnommé « l’Ensorcelé ». Il faut dire qu’il bavait en raison de la taille de sa langue et qu’il faisait tout le temps des crises d’épilepsie, en plus de souffrir d’hallucinations. Une horreur.
Et encore, on n’a pas évoqué le rhume de Charles X.
Sources : Ranker, Wikipédia, France Inter