Le Pen s’apprête à sortir ses mémoires. 500 pages dans lesquelles il racontera sa vie, ce qui devrait être intéressant pour comprendre tout un pan de l’histoire de la Ve République et particulièrement malaisant ET croustillant quand on connaît le personnage. On n’a pas eu le bouquin en mains, mais ce n’est pas forcément utile pour savoir ce qui en ressortira. Bonnes feuilles.
"Le bandeau sur l’œil, c'était juste pour faire style"
« A l’époque, la mode était aux cheveux mi-longs et aux costumes cintrés – un attirail de dandy ! Or, moi j’étais un pirate, un vrai pirate. Je l’ai toujours été. Contre les corsaires du dandysme, j’ai donc décidé de m’affubler d’un bandeau et j’ai raconté toute une histoire sur la manière dont j’avais perdu l’usage de mon œil. Mais en réalité, c’était pure artifice. Et je l’avais mis sur l’œil gauche pour être sûr de voir la vie à droite – une facétie, encore une fois. »
"J'adore le rap"
« On me connaît davantage sur un registre traditionnel franchouillard, mais je dois dire que j’adore un certain rap. Pas le rap conscient qui se fait adouber par les gauchos de France Inter, mais le rap violent, celui du clash et de la bagarre, celui du culte de l’argent et des femmes asservies. Pour moi, c’est une forme de retour aux valeurs morales qui sont les miennes – et cela ne manque pas d’humour. J’ai d’ailleurs demandé à mes filles de m’obtenir un autographe de Kalash Criminel. »
"La torture en Algérie, c'était un kiff, bien sûr, mais c'était aussi pour former les futurs soldats de l'Algérie indépendante"
« On me renvoie souvent à cette époque où j’étais parachutiste en Algérie. On me renvoie à la torture. Oui, je reconnais qu’il y avait évidemment de la torture – et j’irai jusqu’à dire que nous y prenions beaucoup de plaisir. Mais ce qu’on dit moins, c’est que la torture, comme les routes, les écoles, l’enseignement et plus globalement la civilisation, ce sont des choses que nous avons apportées au peuple algérien et qui ont permis ensuite à l’Algérie indépendante de s’organiser en Etat souverain. Pour moi, c’est de l’ordre du crédit formation ce qu’on a fait là ; et cela personne ne le dit. »
"J'ai failli être chanteur"
« C’est d’ailleurs ça qui nous rapproche, au fond, avec Tapie. C’est comme ça qu’on a pu mettre en place notre plan de com’ haine en public/amitié en privé, au moment des européennes de 1994. On est des artistes. J’ai fait une très jolie compilation de chants de Noël, et je crois que j’ai su renouveler le genre. Les vocations, parfois, c’est comme les avions : on les rate, et on prend la suivante. »
"Si je me présentais h24 à la présidentielle, c'était pour bien bouffer pendant la campagne"
« Mes femmes faisaient une cuisine épouvantable et il n’était pas question que je me mette aux fourneaux moi-même – dans la vie, chacun sa place. De ce fait, les campagnes électorales étaient des sortes de bouffées d’air frais au cours desquelles toutes mes passions pouvaient se réunir : la castagne, la haine de Chirac, et surtout la bouffe. On se faisait des rondelles de saucisson pas halal pour deux sous sur des marchés un peu partout en France, on buvait du pineau des Charentes : on vivait. De retour à Montretout, je ne montrais rien de ma peine, mais elle était bien présente. »
"Bruno Gollnish est un con"
« En privé, je l’appelais chienchien. Jamais vu quelqu’un d’aussi fidèle. Un temps, j’ai même cru qu’il était inverti et qu’il s’intéressait davantage à ma personne qu’à mes idées. Avec Mègret, avant la trahison, on s’amusait à l’appeler en pleine nuit pour lui faire croire qu’il devait nous aider à enterrer un cadavre ; ce con rappliquait dare-dare, abandonnant femme et enfant par pure dévotion à mon égard. Pour son cinquantième anniversaire, je lui ai offert une niche à son nom. Il m’a remercié. »
"Pour les chambres à gaz, je déconnais en fait"
« J’ai toujours aimé la déconne. Déjà, en Algérie, je n’étais pas avare en la matière : lits en portefeuille, simulacres d’exécutions et tout ce qui peut, un peu, divertir le soldat envoyé loin de chez lui. Ensuite, ça m’est resté. Quand je parle du détail de l’histoire, c’est uniquement pour faire un bon mot, pour marquer le coup. Ensuite, ça a été monté en épingle. Comme quoi le diable est dans les détails. »
"On m'a un temps proposé d'écrire des spectacles pour Chevallier et Laspalès"
« C’est par le truchement de Guy Montagné qui m’avait envoyé des jolis mots après certains de mes calembours heureux que nous nous étions rencontrés. Chevallier et Laspalès cherchaient une inspiration pour faire des bons mots et nous nous étions mis d’accord sur un prix – il allait de soi que mon nom n’apparaîtrait pas. J’ai renvoyé un projet de sketch, intitulé C’était le bon taon où je comparais justement l’invasion maghrébine à une invasion de taons. Malheureusement, ça n’a jamais abouti. »
"La quenelle, ça vient d'un truc qu'on a fait à table avec Dieudo"
« On était à Lyon avec Dieudo et ma filleule. On se faisait un resto un peu arrosé et on avait commandé des quenelles lyonnaises qui n’arrivaient jamais. À ce moment-là, soûlé dans tous les sens du terme, je me lève et je commence à chanter un petit C’est nous les Africains pour mettre l’ambiance. Dieudonné est pris d’un coup de honte et il me retient par le bras. Je pose ma main sur la sienne et le tire pour qu’il chante avec moi. La quenelle était née… »
"J'adore me travestir"
« Là j’ai pris un coup de vieux, mais il y a quelques années, dès que je mettais du fard et une jupe, on aurait dit Marine. C’était à hurler de rire ! Souvent, on se finissait chez Michou et on faisait la nouba toute la nuit. Ensuite, c’était parti pour une petite ratonnade entre copains dans le quartier Pigalle. Qu’est-ce qu’on se marrait ! »
On a hâte de la sortie.