Dans un festival de Cannes qui a honoré des joyeux drilles comme Mickael Haneke et Ken Loach, la section Un Certain Regard présidée par Tim Roth était attendu pour apporter une touche rock'n'roll à la quinzaine. Et pour cela, on pouvait compter sur le dernier film de Kervern et Delépine, "Le Grand Soir" dont le casting faisait déjà frémir les talk-shows avides de bons clients. Est-ce suffisant pour aller voir ce film? Certainement pas. Mais les bonnes raisons de faire la révolution dans une zone commerciale ne manquent pas, en voici une petite dizaine.
- C'est le nouveau film du duo Delépine-Kervern
Les deux visages de l'info grolandaise s'associent pour la 5e fois et jusqu'ici ne se sont pas plantés. De Aaltra à Mammuth, le duo utilise les moyens dont il dispose pour faire du vrai cinéma et n'essaie pas de refaire "Michael Kael contre la World News Company" en surfant sur le succès de Groland. - Un casting hallucinant
Benoît Poelvoorde, Albert Dupontel, la très dispensable présence de Brigitte Fontaine et l'apparition en guest de Gérard Depardieu... Difficile d'imaginer que de tels acteurs puissent se faire de la place. Ils y parviennent néanmoins en évitant de tomber dans leurs propres clichés. Poelvoorde ne fait pas de Mr Manatane, Dupontel ne nous raconte pas Rambo, et c'est tant mieux. - Un road-movie dans une zone commerciale
Delépine et Kervern ont eu le talent pour saisir le caractère sordide des zones commerciales qui pullulent en périphérie de nos villes. Magasins de meubles, franchises de restaurants et ronds-points bricolés à la va-vite, le film a le mérite de nous interroger sur cette aberration : Comment a-t-on pu laisser se développer des endroits aussi merdiques à quelques kilomètres de chez nous? - La contestation à deux pas de chez vous
Véritable parabole sur la mondialisation vue dans un rayon de 500 mètres, "Le Grand Soir" se veut un acte de résistance en filmant un punk à chien sur un parking de supermarché. Penser global, agir local. - Ça fait plaisir de réentendre Bertrand Cantat
Mais également un classique des garçons Bouchers et une apparition des Wampas sur scène. Quand on fait tenir sa crête en l'humidifiant de 8.6, on n'écoute pas les Black Eyed Peas. - La lenteur élevé au rang d'art
Avec des scènes tout en longueur, en plan fixe, sans autre musique que le bruit de l'autoroute voisine, Kervern et Delépine imposent un peu plus leur style et assument totalement leur admiration pour le finlandais Aki Kaurismäki. Et Kaurismäki, c'est génial. - Le seul film français récompensé à Cannes
Nanni Moretti semble avoir décidé de distribuer des récompenses aux réalisateurs avec qui il boit des Martini tous les ans sur la Croisette, Haneke et Loach en tête, il ne restait que peu de place pour voir des cinéastes français marquer des points cette année. Heureusement que la sélection "Un Certain Regard" donne un peu d'air frais au festival en offrant au Grand Soir un Prix Spécial du Jury. - Un film forcément politique
Entre deux élections, dans un contexte de crise économique, entre les révolutions arabes et l'action des Indignés, sortir un film décrivant le nihilisme punk au cœur de ce que le capitalisme a fait de plus moche, ça a forcément un sens. "Toujours être en mouvement, pour ne jamais gamberger"... - Il y a un petit chien
Et il s'appelle "8.6". Et il a reçu la "Mention Spéciale Palm Dog" 2012 à Cannes. Ça devrait suffire à convaincre les plus résistants. - Sinon, y'a Madagascar 3
Et 21 Jump Street, le Film. Voilà. Comme quoi, les productions françaises (franco-belges, en l'occurrence) n'ont pas à rougir. - (BONUS) La bande-annonce fait envie
Et pour vous, c'est pour quand "Le Grand Soir"?