Au départ, vous ne vous êtes pas méfié(e), il était cordial, souriant, discret. Mais quand il est venu vous apporter un café à votre bureau en vous souriant d’un air louche, et que le lendemain, vous aviez choppé un rhume, vous avez eu un déclic. Cet homme veut votre peau, à tous, et il n’ira pas par quatre chemins.
Il passe 10 minutes à se laver les mains aux toilettes
Applique deux fois du savon et les sèche consciencieusement, avec un torchon à son nom. Grimace quand il voit l’état de votre bureau. Nettoie l’écran de son ordinateur tous les jours avec un petit chiffon approprié. Et fait la vaisselle de ses collègues. Un grand maniaque.
Il ne mange jamais de viande rouge, par pitié pour les animaux
Et qui dit pitié dit amour incommensurable pour les animaux. Qui lui-même, peut s’expliquer par le fait que votre collègue a eu une enfance très difficile, et que son chien Pilou a su être son seul réconfort face à des parents absents et des camarades cruels. Moquez-vous de lui pour voir, il reviendra lundi matin avec une kalachnikov se venger une bonne fois pour toute.
Le vendredi, il n'apporte pas sa mallette habituelle, mais une valise.
Vous avez vérifié, il n’y a pas de raison qu’il ramène autre chose que des pochettes cartonnées et un stylo 4 couleurs. Il parle de weekend en amoureux mais vous n’en croyez pas un mot. Vous aimeriez la soupeser, histoire de savoir si elle contient sa maison, parce qu’il s’expatrie ce soir au Brésil sans rien dire à personne. Ou si elle est vide, pour y fourrer votre cadavre.
Sur son badge, il y a écrit Patrice, pourtant, tout le monde l’appelle Jacques.
Il vous a dit que c’était une erreur des RH, mais vous sentez bien qu’il essaye de vous embrouiller, pour quand la police le recherchera pour avoir foutu le feu à votre bureau.
Il est super sympa avec tout le monde.
Il porte évidemment ce que les professionnels nomment « un masque » de santé mentale, agréable et plaisant. Il vous demande des nouvelles de votre chat, fait semblant de s’intéresser à la réponse, vous file un coup de main sur votre dossier en cours et prend même votre défense quand votre boss vous passe un savon. Aucun doute, il vous caresse dans le sens du poil afin d’endormir votre méfiance, avant de venir vous tuer dans votre sommeil.
En pause, vous l’avez surpris à lire "Contrôler ses émotions, et celle des autres"
Qu’il essaye de contrôler les siennes, ça vous rassure. S’il y a crime, au moins ce sera un truc bien ficelé, qui vous donnera le temps de trouver un autre boulot avant qu’il passe à l’acte. Qu’il essaye de contrôler les vôtres, ça vous fait beaucoup, beaucoup moins marrer. C’est vrai que quand il vous demande un café en plantant son regard dans le vôtre, vous n’osez jamais dire non. Il vous manipule.
D'ailleurs, il boit six tasses de café par jour
Vous me direz où est le rapport. Merci de votre confiance, il est là. D’après des chercheurs de l’université d’Innsbruck -des gars bien- en Autriche, les personnes qui aiment les aliments amers ont de lourdes tendances à torturer leurs petits potes pour se détendre en sortant du travail.
Il a vomi à votre pendaison de crémaillère.
Qui plus est dans votre chambre. On peut savoir ce qu’il faisait là ? Personne, pas même lui. Vous ne dormiez pas encore mais vous n’êtes pas loin de penser qu’il venait vous étouffer dans votre sommeil. Avec son vomi.
Depuis qu’il est arrivé, on n’a jamais revu Sophie la petite stagiaire.
Bon okay, elle était arrivée à la fin de son contrat, et on n’en voulait pas en CDI. Mais depuis, plus aucune nouvelle, elle répond plus sur Facebook et ne passe jamais en afterwork faire un petit coucou. Ce n’est pas qu’elle ne vous appréciait pas, pas du tout, c’est lui qui l’a tué. Ou au moins qui lui a fait peur.
Il vous a déjà demandé où vous habitiez, et avec qui.
Comme ça, l’air de rien, au détour d’une pause clope. Vous avez failli tomber dans le panneau de la conversation cordiale et mettre, en plus de la vôtre, la vie de vos colocs et de votre lapin en danger. Dieu merci, vous vous êtes repris juste à temps, mais il a senti l’arnaque quand il vous a vu prendre le métro dans l’autre sens.
Il vous a dit "Il fait beau aujourd'hui, hein ?" et "Faut en profiter, ce sera bientôt fini"
Votre sang n’a fait qu’un tour. Il est clair que ce malade mental a l’intention de vous zigouiller avant même la fin de l’automne.
Il a offert un cadeau à votre collègue pour son anniversaire.
Histoire de se la mettre dans la poche et qu’elle témoigne contre vous à son procès, quand vous l’aurez accusé d’être responsable de la mort de Sophie. Vous l’aimiez bien, Sophie.
Vous avez désormais plus que les preuves nécessaires. Faites-le virer. Fissa.