Certains personnages historiques ont tellement marqué l’Histoire qu’ils alimentent, des siècles après leur mort, de nombreuses œuvres de fictions, discussions et théories. Gengis Khan est indéniablement l’un d’eux et lorsque l’on dit qu’il a laissé sa trace dans notre monde ce n’est pas exagéré puisqu’on estime qu’un homme sur deux-cent est son descendant direct (0,5% de la population). Ceci étant dit, Khan était une figure particulière, un chef de guerre implacable, un conquérant hors-pair et aussi un bien cruel personnage. Et vous allez voir que sur ce dernier point il se montrait assez inventif.

Un empire pour un messager

Alors que Gengis et le Sultan Ala al-Din Muhammad ont passé un accord en 1218 qui ferait du premier le maître de l’Orient et du second le maître de l’Occident, Muhammad fait massacrer une caravane de marchands arrivée de Mongolie. Face à ce massacre de près de 450 hommes, Genghis envoie trois ambassadeurs afin de demander réparation. Sauf que Muhammad n’est pas très conciliant : l’un des messagers est exécuté et les deux autres sont renvoyés à leur chef avec le crâne tondu. Bon alors comment vous dire, si y’a bien une personne qu’il ne faut pas trop chatouiller c’est bien Gengis. Il a levé une armée et est tout simplement parti conquérir l’empire Perse de Khwarezm, prenant les villes une à une, massacrant la population sur son passage et poussant le Sultan à fuir (ce qu’il a fait).

Crédits photo (Domaine Public) : Sayf al-Vâhidî. Hérât. Afghanistan

Le massacre des Tatars, une vengeance personnelle

Alors qu’il est âgé de neuf ans, Gengis apprend la mort de son père, empoisonné par le peuple Tatar alors que celui-ci était invité à partager un festin avec eux. Encore trop jeune pour se venger, c’est à vingt ans qu’il décide d’agir. À l’aide de son armée, il balaie celle des Tatars et ordonne qu’on exécute tous les hommes qui mesurent plus de 90 centimètres (la taille d’un pivot ou d’une roue de chariot selon les versions de l’histoire). Ainsi, il s’assure qu’aucune vengeance ne sera possible puisque concrètement c’est toute l’armée qui y passe et il disperse le reste du peuple pour être tranquille.

Le refus des Tangoutes d'envoyer des renforts

Les Tangoutes (ou Tangouts) constituaient un peuple d’Asie qui vivait sur ce qu’on appelle aujourd’hui le plateau tibétain. Leur royaume était dirigé par la dynastie Xia et fut le premier pays conquis par le Khan à la suite d’une longue guerre. Ce dernier leur avait d’ailleurs assuré la paix à condition qu’ils acceptent de lui envoyer des troupes quand il en aurait besoin. Évidemment, les Tangoutes ne l’entendaient pas de cette oreille et lorsque Gengis demanda finalement leur aide ils n’envoyèrent personne.

Vous commencez à connaitre le bonhomme, non seulement c’est pas le genre à se laisser impressionner, mais en plus il punit rarement en donnant une petite tape sur la main. En gros il a complètement décimé le royaume et les Mongols ont même continué de le détruire après la mort de Gengis, en profitant également pour réduire à néant le cimetière royal et effacer de nombreuses traces de la dynastie.

Crédits photo (Domaine Public) : Ma Lin

La destruction de la ville de Merv et "les montagnes d'os"

Celle qu’on décrivait comme « la reine des villes » ou « le siège du paradis sur Terre » était une ville prospère située sur la route de la soie. Du moins jusqu’au 25 février 1221, date à laquelle Gengis Khan arrive à ses portes avec son armée. Ils ont littéralement rasé la ville (dont les vestiges sont aujourd’hui classés au patrimoine mondial de l’Unesco). Toute la population a été sauvagement tuée, les armées exécutées et on estime a plus d’un million de personnes le nombre de victimes. Atâ-Malek Juyvani, historien à la cour du Khan aurait alors écrit : « les victimes étaient si nombreuses que leurs os formaient des montagnes et que le désert devint rouge ». Flippant.

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L'histoire de "Djebé", le général du Khan

En 1201, le Khan est en guerre contre la tribu Tayitchi’out (centre et sud de la Mongolie). En arrivant sur le champ de bataille, une flèche arrive à toute vitesse en sa direction et se loge dans le cou de son cheval, précipitant Gengis au sol et tuant son destrier. Le Khan aurait pu mourir de cette chute, ou l’avoir vraiment mauvaise que sa monture soit tuée, mais l’histoire s’est déroulée autrement.

Les Mongols prennent rapidement l’avantage sur la tribu et beaucoup de leurs opposants prennent la fuite à l’exception d’un seul homme qui s’avance vers le Khan en clamant être à l’origine du tir et en acceptant son exécution future. Son acte de bravoure a clairement étonné Gengis qui a décidé de faire de lui l’un de ses généraux (les quatre chiens féroces). Il l’a baptisé « Jebe » (Djebé) qui veut dire pointe de flèche (ouais il était rigolo le Khan des fois) et l’homme s’est d’ailleurs avéré être un allié de poids.

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Il n'a pas souffert, promis

Le festin sur ses ennemis (littéralement)

Dans le livre de George Lane « The Daily life in the Mongol Empire », on apprend que suite à la bataille de Kalka (que les joueurs d’Age Of Empire 2 connaissent), le Khan aurait fait poser une grosse plateforme en bois sur les corps des généraux russes vaincus dont certains étaient encore en vie. Ensuite il se serait installé sur la plateforme avec ses soldats afin de festoyer pendant que ses opposants agonisaient sous leurs pieds. Ouais, vraiment parfois l’inventivité fait peur.

Crédits photo (Domaine Public) : Sayf al-Vâhidî. Hérât. Afghanistan

Le meurtre de son gendre

De tous les gendres à qui il avait marié ses filles (principalement par alliances et interêts) il y en avait un qu’il aimait plus particulièrement, c’était son petit préféré. On raconte que c’est suite à la mort de ce gendre tué par un archer de la ville Perse de Nichapour que sa fille aurait ordonné de mettre ladite ville à sac.

Et autant vous dire que la population de la Nichapour a été littéralement massacrée en avril 1221 par les troupes du Khan. Certaines estimations du nombre de morts (hommes, femmes et enfants) grimpent jusqu’à 1,7 million mais il est probable que celles-ci soient exagérées. Si les raisons du massacre et le nombre de victimes sont troubles celui-ci a bien eu lieu. La fille aurait demandé par la suite qu’on décapite tous les corps afin de s’assurer que personne ne survive. Ouais c’était pas sa fille pour rien franchement.

Tuer un membre de sa famille pour du poisson

L’enfance difficile de Gengis (dont le vrai prénom est Temujin) a été marquée par plusieurs évènements comme l’assassinat de son père et la longue période de famine lorsque sa famille s’est retrouvée expulsée de ses terres. Alors qu’il chassait (ou pêchait), son demi-frère Bether aurait refusé de partager un poisson (supposément) avec le reste de la famille. On pense que Bether aurait volé le poisson à Temujin afin de le garder pour soi, mais c’était sans compter sur la nature déjà bien froide du futur Khan. Il aurait alors (potentiellement à l’aide d’un autre de ses frères) attendu que Bether soit seul pour l’assassiner d’une flèche et se serait fait engueuler par sa mère. Parce que c’est vrai merde, on ne bute pas son demi-frère pour de la bouffe.

Crédits photo (Domaine Public) : Auteur inconnuUnknown author

Il avait l'art de la punchline

Suite au massacre d’une caravane de marchands itinérants, Gengis est vraiment très remonté contre la ville de Boukhara qu’il jure d’envahir. Il se lance alors dans une longue série de massacres et de conquêtes, passant de villes en villes jusqu’à atteindre sa cible. On raconte que le massacre de Boukhara était si sanglant que le désert est devenu rouge. Après sa prise de la ville, le Khan aurait alors déclaré avec un certain sens de la punchline et beaucoup de modestie : « Je suis le châtiment de Dieu, si vous n’aviez pas commis de grands pêchés, Dieu ne m’aurait pas envoyé pour vous punir. » Ouais, quand on se réfère à soi même en s’appelant le « châtiment de Dieu » c’est qu’on a confiance en soi déjà.

Crédits photo (Domaine Public) : Sayf al-Vâhidî. Hérât. Afghanistan

Des funérailles tristes, genre vraiment très tristes

On pense que Gengis Khan se tue lors d’une partie de chasse en tombant à cheval, c’est con mais c’est comme ça. Mais comme il était assez prévenant, il avait quand même « préparé » ses funérailles. L’escorte qui a transporté son corps jusqu’au lieu de sa future sépulture a tué tous les témoins qu’elle croisait sur le chemin. Ensuite c’est toute l’escorte qui a été tuée ainsi que (d’après la légende) toutes les personnes ayant assisté aux funérailles. L’idée était que personne ne connaisse son lieu de repos éternel et ne vienne l’y déranger et ça n’a pas loupé, on ne connaît pas avec certitude le lieu de sa sépulture mais on pense que cela pourrait être dans les montagnes de Burkhan Khaldun.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Fanghong

Vous pouvez aller voir les clichés pas faux sur la Mongolie et les trucs à voir absolument en Mongolie, parce que c’est cool d’y aller maintenant qu’il y a 900 ans.

Sources : Ranker, Wikipédia, Discover.