C’était le sujet de notre podcast qui sort chaque dimanche à 17h (clique pour t’abonner !).Même si la série a versé dans le sensationnalisme lors des dernières saisons, GOT a longtemps été une série politique – et peut-être l’une des meilleures séries politiques. Entre le dialogue devenu culte entre Littlefingers et Varys (qui avait bien un niveau première année d’études politiques) et les mécanismes d’alliances et de mésalliances, de trahisons en remaniements gouvernementaux, la série a mis aux prises plusieurs visions opposées de la société occupées à s’affronter les unes les autres pour s’imposer et s’asseoir sur le trône. Mais dans la vraie vie, ça donnerait quoi ?

Tyrion

On ne va pas faire semblant : Tyrion est clairement le personnage le plus politiquement intelligent de tous et il n’est qui plus est pas guidé par l’ambition – trop nihiliste pour ça. Non, son truc, c’est le bien commun, mais Tyrion sait très bien que pour y parvenir il faut composer avec les réactions illogiques et délétères de tout le monde. Il sait donc particulièrement bien établir des alliances, avoir recours à la force quand c’est nécessaire, créer une aura de respectabilité, différencier ses sentiments personnels des intérêts généraux et surtout il picole, donc autant dire qu’il serait particulièrement performant dans une campagne électorale.

Résultat : réélu à 72% des voix.

Bran

Il faut reconnaître que pour gouverner, avoir une vision permanente du passé et une capacité à voir le futur, c’est pas mal. Surtout que sous la présidence de Bran, le secrétariat d’Etat chargé des personnes handicapées aurait droit à des crédits de ouf et ils installeraient des ascenseurs partout – autant dire que tout le monde serait de meilleure humeur. Quoi qu’il en soit, malgré son jeune âge, Bran, parce qu’il a toutes ces qualités et qu’il est lisse comme une peau de bébé ne saurait s’attirer trop d’animosité et pourrait donc nous gouverner tranquillou pilou pilou.

Résultat : réélu à 65% des voix.

Sir Davos

Avec Tyrion, c’est probablement le seul personnage à avoir une vraie idée du bien commun. Si on ajoute à ça une fidélité sans faille et une vraie expérience de toutes les sphères de la société, on obtient un candidat très solide qui oeuvrerait à la grandeur de la France tout en prenant en compte la détresse sociale d’une partie de la population. Seul hic : Davos est chiant comme la mort et donne autant envie de voter pour lui qu’une pierre tombale. Sans compter que son honnêteté légendaire en ferait une proie de choix pour tout intrigant de puissance étrangère.

Résultat : réélu à 53% des voix.

Jorah Mormont

S’il aime la France comme il aime Daenerys, Jorah Mormont devrait nous guider vers un futur des plus radieux. Mais il a un côté exalté, le Jorah, presque Dupont-Aignanesque : on le voit volontiers citer de Gaulle à tout va pour tout légitimer et insister pour que la France continue d’occuper sur la scène internationale une place importante – au détriment des questions intérieures et de la réalité de la démographie française dans un monde dominé par les Chinois et les Américains. En tous les cas, Jorah ne ferait pas pire que Chirac. De la gestion amourachée.

Résultat : en tête au premier tour avec 37% des voix.

Ce contenu n'existe plus

Il est parti à la ferme des liens cassés pour prendre des petites vacances, il est avec tous ses copains, ne t'inquiète pas.

Littlefingers

Littlefingers est un intrigant de première, une véritable petite fouine qui se croit tellement intelligente qu’elle peut arnaquer tout le monde et mentir en permanence. Le truc, c’est qu’à l’heure du fact checking et de Mediapart, sa présidence serait forcément entachée par des scandales en tout genre qui viendraient fatalement amoindrir sa crédibilité – et sa capacité à gouverner. M’enfin, à l’international, il aurait quand même une vraie stature et une capacité de négociation pied à pied avec les géants américains, chinois ou russes avec lesquelles personne ne pourrait rivaliser.

Résultat : en tête au premier tour avec 29% des voix.

Le Night King

Taiseux, grognon, bougon, le Night King n’en est pas moins un excellent leader pour son peuple qu’il a réussi à faire passer du statut de morts vivants qui se les pèlent à celui, plus enviable, de véritable peuple uni visant à conquérir le monde. Le Night King ne cherche pas à être populaire et ne fait pas même régner la terreur dans ses rangs – il se content simplement d’agir conformément à son mandat. Une preuve d’efficacité et d’honnêteté que bon nombre d’hommes et de femmes politiques pourraient lui envier. Le seul truc, c’est que niveau com’ c’est pas terrible terrible et vu sa propension à bosser tout seul, on se voit mal lui adjoindre des types d’Havas pour changer son image.

Résultat : en ballottage à 22% au premier tour.

Lord Varys

Extrêmement bien informé, capable de rester calme dans toutes les situations et de s’éclipser quand il le faut, Varys aussi a une certaine idée du bien commun – mais son idée est conservatrice et autoritaire. S’il devait se lancer dans une aventure personnelle, on imagine volontiers que ce serait pour sauver sa peau – Varys n’a pas le courage nécessaire pour occuper les premières places du jeu politique. Un peu Talleyrand, un peu Kissinger, un peu Foccart, on l’imagine torpiller sa propre campagne en développant des arguments trop compliqués pour être compris.

Résultat : en ballottage à 18% au premier tour.

Olenna Tyrell

La mort n’est pas bonne conseillère. Olenna pourrait, par sa capacité d’intrigue, accéder au pouvoir suprême, mais on la voit mal réussir à rassembler au-delà de son camp. C’est une vieille, une conservatrice, qui joue pour les siens et ne s’ouvre pas fatalement aux exigences du grand rassemblement que suppose une élection. Dès lors comment réussir à crever le plafond de verre ? Trop vieille pour faire rêver et trop peu charismatique pour convaincre les indécis, elle serait probablement battue à sa propre réélection après un quinquennat marqué par les défaites aux élections intermédiaires et les cadeaux faits aux Tyrell.

Résultat : éliminée au premier tout avec 13% des voix.

Lyana Mormont

Courageuse, fidèle, charismatique, nouvelle, détachée des partis traditionnels… Emmanuel Macron ? Non, Lyana Mormont, grande guerrière de 9 ans capable de soumettre des soldats aguerris qui ont 6 fois son âge. Tout ça, c’est bien joli, mais elle a pas le droit de vote. Dont acte.

Résultat : candidature refusée par le Conseil constitutionnel.

Mance Ryder

Il y a du meneur d’hommes chez Mance, c’est incontestable. Mais regardez un peu où il a mené son peuple : tenus d’errer des années durant entre la neige et les campements de fortune, incapables de mener des alliances fructueuses avec les pays frontaliers, aucun développement économique, aucune vision de société si ce n’est celle de lutter pour battre les autres et occuper leurs installations… Si l’on veut que la France revienne à l’âge de pierre, c’est Mance qu’il vous faut.

Résultat : battu en amont lors des primaires écolo.

Tyrion président ! Tyrion président !